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DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE ;


sensibles, de même par les sens spirituels nous pouvons avoir l’expérience des choses spirituelles. » Pierre d’Ailly, Spéculum considerationis, part. III, De spirilualibus scnsibus, c. ni. Ces sens, sous une action spéciale du Saint-Esprit, qui n’est ni nécessaire au salut ni donnée à tous les fidèles, goûtent, aiment Dieu, présent dans l'âme ; et, remarque Gerson, comme il n’y a pas d’all’ection sans quelque connaissance expérimentale, on dit quedans cet état l'âme connaît expérimentalement les choses divines. Sur ces points l’accord existe entre les mystiques orthodoxes.

Le débat commence, lorsqu’on se demande : Dans la contemplation affective dont nous parlons, la connaissance intellectuelle précède-t-elle l’amour ou le suit-elle '? Tous conviennent — il s’agit toujours des orthodoxes — qu’ordinairement une connaissance intellectuelle, au moins confuse, de Dieu précède le mouvement affectif d’où résulte la connaissance dite expérimentale, suivant l’adage : nihilvoliiuni nisi prsecognilum. Mais Gerson, quelques franciscains, Alvarez de Paz, Oviedo et quelques autres soutiennent, contre les thomistes, Suarez, Vazquez, Lossada et la plupart des auteurs, qu’il peut y avoir une contemplation affective, surnaturelle et en somme miraculeuse, sans connaissance réfléchie ou même directe, antécédente ou concomitante. Dans ce cas, la connaissance est donc subséquente à l'état all’ectif.

Gerson lui-même a fort bien vu les dangers de l’opinion qu’il soulient et en particulier celui de l’agnosticisme : nec i <lalis cognitio fit per solam abnegationem, car la voie de négation doit inclure celle d’excellence et de causalité ; propterea damnât us est arliculus parisiensis dicens quod m.u cognoscimus de Dec hacin vita nisi quod non est. Alphabetum i.xxxvi, o, et passim ; De elucidatione scholaslica mysticee théologies, consid. xi. Cf. de Munnynck, Prxlecliones de foi existentia, Louvain, 1904, p. 25-31. Cette erreur et d’autres écartées, il reste que quelques mystiques orthodoxes ont admis la possibilité et même le l’ail, non pas seulement d’une aperception, nouvelle au moins quant à ses modalités, par voie de réllexion, de souvenir le raisonnement, à la suite d’un état affectif — ce que tout le monde accorde — mais bien d’une fonction de représentation issue d’une fonction du vouloir. l’riminn tangitur supremus apex affectus, ndum quem movetur Deuni, el ex ixio eontactu relinquitur in mente verissima cognitio intellectus ; namgue illudsolum quod sentit, de divinis verUtime apprehendil intellectus. Pseudo-Bonaventure, Opéra, édit. Vaticane, q. unie, t. vii, p. 729, Vue Sion lugent, à la fin des solutions.

Si l’on définit la connaissance fidéiste, subjectiviste .i ri lativiste, celle qui : I. consiste en un sentiment meun jugement préalable, nulle prævertente menculiarem quemdam commovet sensuni, ilii l’encycliqui Pascendi, HU tamen agnosticismus ; J. qui tire -"ii origine du sujet, sans que l’objet lui oit intellectuellement représenté avant qu’il réagisse sentimentalement ; 3. qui n’exprime son objet qu’en fonction de l’opération par lequel elle le constitue

eu t objet, la connaissance expérimentale de Dieu

équente, dont Gerson admet la possibiliti

unie ni lld u^si.

h. parlant d’elle, ne trouve aucun argument de ii pour montrer qu’elle n « il pat purement i de la difficulté en recourant à I

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de l’inclusion des choses dans les monades, on ne voie pas comment on pourrait parvenir à dépasser le stade où Dieu est désigné uniquement par des dénominations extrinsèques, et à porter des jugements déterminés sur la nature intrinsèque de Dieu.

Voir Gerson, Opcra. 1488, outre les passages cités dans le texte, Magnificat, tr. V, alphabetum i.xxxiv, n. I, o ; alphabetum i.xvi, consid. xil ; tr. VII, alphabetum i.xxxvi, j ; Alvarez de l’az, De inquisitione pacis. l. IV, part. III, c. viii, Opéra. Paris, 1876, t. vi, p. 299 sq. ; Oviedo, Integer cursus philosophicus, t. II, De anima, cont. viii, p. nr. En sens contraire, Suarez, De religioue. tr. IV, de oratione, l. II, c. xiii, Opéra, édit. Vives, t. xiv, p. 176 ; Disput. metaphys., disp. XXI II, sect. vii ; Vasquez, In Sum. theol., " II", q. IX, a. 1, disp. XXXV ; Lossada, Cursus philosophicus. Animastica, disp. VII. c. IV, n. 74, Barcelone, 1883, t. IX, p. 127 ; Gravina, Lapis lydius, l. II, e. xiir, Naples, 1638, p. 150.

C’est sur le modèle de la connaissance subséquente des mystiques que Luther calqua sa théorie de la foi fiduciale qu’il appelle expressément agnitio experimentalis. Cf. Calvin, Institution chrétienne, l. III, c. ii, 14, Genève, 1562, p. 335. On sait que les anciens protestants distinguaient la foi des histoires ou des dogmes et la foi justifiante. Cf. Harent, Expérience et foi, dans les Éludes, 20 octobre 1907 et avril 19(18. La foi justifiante considérée précisément, c’est-à-dire comme distincte de la foi des dogmes, dont Luther ne l’avait pas complètement purgée comme font les protestants libéraux, est une expérience intérieure. L'Évangile proposait la promesse générale de la rémission des péchés ; comment passer à la certitude de la justification personnelle 1 ? Par le sentiment, répondit Luther, par l’expérience intérieure. Tamisée par le sentiment, la promesse générale se réalisait en certitude du salut personnel. Cette certitude, on le voit, est nettement fidéiste, puisqu’elle ne se légitime pas par un motif qui puisse intellectuellement se formuler par un jugement qui la précède, niais seulement par le goût intérieur, par la certitude immédiate du contact ou de l’action divine, parle témoignage de l’Esprit, etc. Voir Crédibilité, t. tu, col. 2299, et Foi. Les théologiens protestants ont fait subir à la doctrine primitive bien des retouches. Mais, pour tous ceux qui ne sont pis de purs rationalistes, comme Wegscheider, la foi justifiante est restée fidéiste. On y croit, comme les mystiques de Gerson aiment, sans raisons intellectuelles. La foi fiduciale est de même subjectiviste. En effet, l’objet précis de cette foi se réduit au contenu des états i iprésentatifs issus de l’expérience. Les protestants ne s’accordent pas sur cet objet ni sur la genèse de ces états : les opinions vont de l’orthodoxie à l’Inconnaissable, du mysticisme le plus outré au voisinage du rationalisme. Mais tons s’accordent à dire que l’objet de cette foi est déterminé par l’expérience intérieure et qu’il se réduit à ce qui est expérimenté, senti, goùlé. Seule la connaissance expérimentale il' 1 cel objel est pour eux un véritable connaissance religieuse, de même que l'état de celui qui est justifié par la foi. est ni i religieux ». Cel exclusivisme suit, soit de la thèse fondamentale de l’impuissance de la raison naturelle de l’homme déchu en matière religieuse ; soit qu’avant la foi et même avec la loi. tout ce qui n’est pas la foi est péché, suivant le sen-. donné par le libre examen an texte de saint l’aul. Onuic iiiilem

quod mm est ex flde, peccatum est, Rom., xiv, 23 ; soit enfin « le ce qu’il n’j a de vraie connaissance religieuse

Celle qui lerl BU MIuI et qui' sans la fol on ne

saurait plaire., lion. 1 n pa B( 1 de Kanl indique bien leur pensée. Parlant « le la croyance en Dieu. Kant

o ! pal que DOUS disions : « Il Bel moralement certain que Dieu existe, I liens seul, ne ni !

moralement certain, i lanl M se défie de la certitude

rationnelle, il tanl il donne de prix.1 la 1 onnai