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Pierre Damien est un témoin de la foi traditionnelle de l’Eglise en faveur du purgatoire. L sacrifice, la , i aumône profitent, <lit il. aux défunte : telle eat su thèse. Il il l’appuie d’un certain nombre de faits qui prouvent que les prières des vivants délivrent les Ame- ; fin purgatoire. Il noua fait connaître, à cette occ : piuii. I > <j * t ii i t > 1 1 pieuse de quelques personn illustres, d’après laquelle les."unes îles défunts ne souffrent point le dimanche ; aussi, le lundi, célébraiton la messe en l’honneur « les saints anges pour attirer leur protection sur les défunts et sur les mourants. Opuscul., xxxiii, De bono suffragiorum ; Opuscul., xxxiv, lh>. variis miraculorutn narrationibus, de « pparitionibus et miræulis, ibid., col. 567-590. Pour lui, per-onnellement, il tient à ce que les survivants prient pour lui, témoins ces deux derniers vers de son épitaphe :

Sis memor, oro, mei, cineres pius aspice Pétri : Cuin prece, cum geinilu die : Sibi parce, Deus.

Très sensible à la promesse que lui avaient faite les moines de Cluny, en reconnaissance de ses services, de célébrer chaque année un service funèbre au jour anniversaire de sa mort, il prie l’abbé Hugues d’ordonner la même pratique dans tous les monastères de sa congrégation. Epist., l. VI, epist. ii, P. L., t. cxliy, col. 372-373.

2° Relativement à la théologie sacramentaive, constatons d’abord que Pierre Damien prend le mot sacrement au sens de mystère, conformément à la signification étymologique qu’en avait donnée Isidore de Séville, et qui fut si funeste ; il est dès lors dans l’impossibilité de fixer le nombre des sacrements. Il y en a trois principaux, dit-il dans son opuscule Gratissimus, 9, le baptême, le mystère salutaire du corps et du sang du Seigneur et l’ordination des clercs. Ailleurs, Serin., i.xix, P. ].., t. cxiiv, col. 897 sq., il en compte douze, entre autres, la consécration du pontife, l’onction du roi, la dédicace d’une église, le sacrement des chanoines, des moines, des ermites, des religieuses, et il oublie l’eucharistie et l’ordre, tout en énumérant, cette fois, la confirmation, l’onction des infirmes et le mariage avec le baptême, le premier de tous. Sans avoir traité' la question des sacrements, on voit qu’il connaît les sept qui méritent exclusivement ce nom, au sens de signe efficace de la grâce. Il parle en passant du mariage, à propos des degrés de parenté qui s’opposent en droit canonique à sa célébration, et de la pénitence, quand il raconte que l’impératrice Agnès lui fit, à Home, une confession générale des péchés qu’elle avait commis depuis l'âge de cinq ans. Opuscul., i.vi, 5, P. L., t. CXLV, col. 81 i. Il parle un peu plus de l’eucharistie, dans trois passages différents qui ne laissent aucun doute sur sa foi à la présence réelle et à la transsubstantiation. Comme remède de la chasteté, c’est la communion quotidienne qu’il propose à son neveu. Opuscul., xi.vn. 2. De caslitate, ibid., col. 712. g l.e démon, ennemi de la pureté', en voyant vos lèvres teintes du sang de Jésus-Christ, prendra la fuite, lui dit-il, car ce que vous recevez sous l’espèce visible du pain et du viii, il sait, qu’il le veuille ou ne le veuille pas, que c’est en vérité' le corps et lesang du Seigneur. » l » ; nis Se, m., xi. v, t. cxi. iv, col. 713, parlant du corps de Jésus-Christ, engendré, nourri et soigné par la Vierge Marie, il affirme que c’est, sans nul doute possible, ce même corps que l’on reçoit à l’autel que telle est la foi catholique et que c’est la ce qu’enBeigne fidèlement l'Église. Mais c’est surtout dans son Expositio canonis misses, t. cixv, col. 879-893, qu’il e-t d’une netteté et d’une précision remarquable et qu’il trouve d’heureuses formules, comme celle-ci,

col. 882 : Totut in /(//n specte punis, totus sub singulis partibus, totus m magno, tains m parvo, totus in xiitegro, totut in fracto.

O qui mérite une mention particulière c’est l’attitude qu’il prit 'luil.i question de l’efficacité sacrements, et ce n’est point sans mérite < l'époque de désarroi où il vécut. <>uu valaient i nicon communiés ou des ministres indigni Pour les partisans île la réforme, et le-.unis de la papauté, il- étaient jugés invalides ; pouri< di i' réformi an contraire, Us étaient réputés valid Pierre Damien, qui était a n’en point douter un partiBan déterminé de La réforme et un grand serviteur de la papauté, s’en tient a la doctrine de saint Augustin, bien qu’elle fut celle des ennemis de la ré-forme. Il déclare valides les ordinationsimoniaques sur ce principe d’abord que le pouvoir d’ordre est un pouvoir ministériel, que le ministre, qu’il soit bon ou mauvais, transmet la grâce, car c’est Jésus-Christ, source de toute grâce, qui consacre ; mais il a tort d’ajouter que, pour être valide, l’ordination doit être faite dans l’L’glise catholique par un ministre qui professe la foi orthodoxe de la Trinité. A ses yeux, les simoniaques ne sont pas des le rétiques, par suite leurs ordinations sont valides, leurs sacrements sont réels. Il ajoute que, fussent-ils hérétiques, et leurs ordinations fussentelles nulles, on ne saurait les réitérer, vu que la ! lation canonique interdit aussi bien la réordination que la rebaptisation. Pour soutenir sa thèse, il s’appuie encore sur le 68e canon des apôtres, qui interdit, en effet, les rebaptisations et les réordinations ; mais il omet l’incise : itisi forte eum ab hxreticis ordination contprobaverit, qui ne porte l’interdiction que dans le cas où ces sacrements auraient été conférés par des catholiques, et qui, dès lors, contrairement à son but. laisse entendre que la réitération du bap’e et de l’ordre, conférés par des hérétiques, est non seulement permise mais commandée. Il tire un autre argument du fait de la déposition souvent prescrite contre lés simoniaques : s’ils sont déposés, dit-il. c’est qu’ils sont clercs et non laïques ; donc leur ordination est réelle et valide. Et enfin, comme la simonie était alors une plaie générale et invétérée, il conclut que, si les ordinations simoniaques sont nulles, le pouvoir d’ordre a presque disparu de la terre, et que les sacrements, administrés de bonne foi par tant de prêtres et religieusement reçus par les fidèles, n'étaient que de purs simulacres. Telle est la doctrine du Grulissinnts.

Au sujet des réordinations, les meilleurs esprits de l'époque ne pensaient pas tous comme Pierre Damien, et, dans la pratique, on manquait d’uniformité. Léon IX a travaillé, le premier, à supprimer la simonie. Mais quelle conduite tenir'.' Les cas pouvaient différer ; il y avait le cas où le consécrateur était simoniaque, celui où l’on payait pour se faire ordonner, celui aussi où l’on recevait gratuitement l’ordination d’un simoniaque. Pierre Damien nous apprend. Gratissimus, que la question des réordinations simoniaques, agitée dans trois conciles à Home, en loi'.'. 1050 et 1061, était restée sans solution et que Léon 1 n’avait pas de principe arrêté- à ce sujet. Il acceptait bien, par exemple, relativement aux clercs ordonnegratuitement par des simoniaques. la décision de son prédécesseur Clément II. en 1047, d’après laquelle de tels clercs devaient faire une pénitence de quarante jours et être admis ensuite a l’exercice de leurs ordres ; mais ((liant aux ordinations f ; ntes a prix d’argent, il les regardait le plus souvent comme nulles et les a fait

réitérer, comme on le voit dans les Actus Mediolani,

iic privilégie i clesite, /'. /… t. < xi. col. '.><.

Envoyé, en effet, à Milan comme légal par.Nicolas II. au début île 1059, pour reformer le clergé' concubinaire et simoniaque, mais sans instructions pratiques précises, Pierre Damien applique courageusemen propre doctrine. Tous les coupables, l’archevêque en tète, font amende honorable, reconnaissent leur faute