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peuvent permettre de passer outre ; 'i ce privilège, et qu’en droit il n’est pas absolument indispensable, puisque la plupart des papes, dans l’histoire de l'Église, ont régné sans la moindre intervention d’empereurs, même chrétiens, dans leur élection. Son idéal, c’est l’existence parallèle des deux pouvoirs, du sacerdoce et de l’empire, chacun dans sa sphère, mais étroitement unis dans une réciprocité de services mutuels, dans une entente harmonieuse et parfaite, l’un réglant les affaires temporelles, l’autre les affaires spirituelles, l'État protégeant matériellement l’Eglise, l'Église protégeant spirituellement l'État. Mais, dans cette union nécessaire, c’est à l’Eglise, qui tient la place de Dieu, qu’appartient la prééminence : elle est la mère des empereurs et des rois comme celle des simples fidèles. Dans sa lettre à l'évêque de Eermo, Epist., l. IV, epist. ix, P. L., t. cxliv, col. 315, où il refuse de reconnaître aux ecclésiastiques le droit de venger eux-mêmes, et de leurs propres mains, les injures faites à leurs biens, à moins qu’ils ne soient seigneurs temporels, et encore alors doivent-ils le faire par des moyens justes et raisonnables, il écrit : lntra regnum et saccrdotium propria cujusquc dislinguuntur officia, ut et rex armis utatitr sœculi et sacerdos accingatur gladio spiritus, qui est verbum Dei. Il conclut ainsi sa Disputalio synodalis : Ut summum sacerdotium et romanum simul confa-de> etur imperium, qualenus et humanum genus, quod per hos duos apices in ulraque substantia regitur, nullis, quod abs’tt, partibus rescindatur ; sicque mundi verlices in I h 'ipctuse caritatis unionem concurrant… et qualenus ab uno medialore Dei et liominum, hxc duo, regnum scilicel et sacerdotium, divino sunt confia ta mysterio, ita sublimes islse duae personæ tanta sibimct invicem unanimitate jungantur, ut, quodam mutusc caritatis glulino, et rex in Romano ponli/ice et Romanus pontifex inveniatur in rege. P. L., t. cxi.v, col. 86. La double dignité de roi et de prêtre est unie en.lésus-Christ, elle doit l'être de même dans le peuple chrétien ; le sacerdoce a besoin d'être protégé par In royauté, la royauté a besoin du sacerdoce pour être appuyée par sa sainteté' ; le roi porte le glaive pour frapper les ennemis de l'Église, le prêtre prie pour rendre Dieu favorable au roi et au peuple. K)iisl., I. VII, epist. m. /'. /, ., t. cxi. iv, col. 440. Entin, dans Sertn., i.xi. ibid., col. 897-902, il range le sacre des rois au nombre des sacrements : « Heureux, dit-il, si le roi joint le glaive du roi à celui du sacerdoce, pour « pie le glaive du roi aiguise le glaive du prêtre. Alors le royaume prospère, le sacerdoce se dilate, l’un et l’autre sont honorés, quand ils sont ainsi unis par le neur, prætaxala felici confœderatione. » Cet idéal de l’alliance du sacerdoce et de l’empire, avec subordination harmonieuse de l’Etat a l'Église, nettement entrevu et fixé par Pierre Damien, fut celui du moyen h ré tien. A peine réalisé, il fut battu en brèche par les légistes et le césarisme, le gallicanisme parlementaire et la révolution ; il n’est plus qu’un souvenir glorieux.

III. Œuvres. — Longtemps restées manuscrites et épai de Pierre Damien commencèrent

ur l’ordre de Clément VIII, parle bénédictin Constantin Cajetan, qui les publia en partie en IWi. KKiS et 1615 el ajouta un dernier volume en 1640. Une édition plus complète en parut, à Venise, en 1743. Cest celle qu’a reproduite Migne, /'. L., t. cxliv, joutant le, découvertes du cardinal Mai, Les œuvre « d l’en.- Damien sont logiquement distribu non chronologiquement, il a d’abord l. Lettn i, en huit livres, selon qu elles sont adn bux papes, aux cardinaux, aui archevêques, auxévéqui i, aux archiprélres, archidiacres, prêtres et clercs, aux abbés el -"iv moue-, aux princes et aui prino

différentes personnes. Elles offrent le plus vif intérêt pour la vie du saint et l’histoire de son époque. Viennent ensuite soixante quinze sermons, dont dix-neuf au moins sont de Nicolas, moine de Clairvaux et secrétaire de saint Bernard, distribués dan- : l’ordre des mois, t. cxliv, col. 505-924 ; puis la Vie de saint Odilon, ibid., col. 925-944 ; la Vie de saint Maur, évêque de Césène, ibid., col. 945-952 ; la Vie de saint Romuald, ibid., col. 953-1008 ; la Vie de saint Rodolphe et de saint Dominique le Cuirassé, ibid., col. 1009-1024 ; les Actes du martyre des saintes Flore et Lucille, ibid., col. 1025-1032, réputés apocryphes par Baronius et quelques critiques, mais admis, avec quelques restrictions sur le c. iii, par les bollandistes ; les Actes de saint Jacques, diacre, et de saint Marien, lecteur, martyrs en Numidie, ibid., col. 1032. Dans ces divers écrits, Pierre Damien fait souvent preuve de trop de crédulité ; on ne saurait suspecter, du moins, ce qu’il raconte comme témoin oculaire. Au t. cxlv, se trouvent soixante Opuscules, très importants pour la plupart au point de vue historique, canonique et dogmatique ; puis, empruntés au t. vi de la Scriptorum veterum collectio nova, du cardinal Mai, le De gallica profectione Domni Pétri et cjus ultramontano itinere, V Exposilio canonis missx, les Testimonia Novi Testament), qui sont extraits des œuvres de Pierre Damien, et qui font le pendant à une autre collection sur l’Ancien Testament, enfin quelques Lettres ou fragments de lettres. La fin du volume contient un recueil d’Oraisons, d’Hymnes, de Levons, de Messes, de Répons, et de deux-cent vingt-cinq poèmes, parmi lesquels le ccxine est l'épitaphe du saint.

IV. Doctrine.

Signalons, pour mémoire, l’opusc, vin, De parenlelx gradibus, qui intéresse plus particulièrement le droit canonique, sur la question de savoir jusqu'à quel degré de parenté sont interdits les mariages ; son recueil d’oraisons et de poèmes relatifs à la liturgie ; les extraits qu’on a fait, de ces œuvres, au sujet de l’Ancien et du Nouveau Testament, qui se rapportent à l'Écriture sainte. Il avait fait faire pour ses moines de Eonte Avellana, licel cursim a<- per hoc non exacte, une édition corrigée de la Bible latine. Opuscul., xiv, /'. L., t. cxlv, col. 334. Les leçons bibliques qu’on remarque dans ses Œuvres appartiennent à ce que le 1'. Denille appelait la recension romaine de la Vulgate, Die Handschriften >/-, Bibel-Correctorien des13Ja.hr hunderts, dans Archiv finLiteratur-und Kirchengeschichte des Mitlelalters, Eribourg-en-Brisgau, 1888, t. iv, p. 482, mais que Samuel Berger a mieux caractérisé comme étant le texte italien, ou milanais, de la Vulgate, qui tire ses origines du midi de la France, et n’est pas un bon texte. Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen âge, Paris, 1893, p. 141-143. I".1" point de vue dogmatique, Opuscul., i, De fide catholica, P. L., t. cxlv, col. 19-39, traite de ce que l’on doit croire touchant les mystères de la trinité. de l’incarnation, des deux natures et des deux volontés en Jésus-Christ et, notamment contre les Crées, prouve la procession du Saint-Esprit ttb utroque ; ce dernier point, en particulier, f.iil l’objet 'le l’opusc, XXXVIII, Contra Grsecorum errores de processione Spiritus Sancli, ibid., col. 632-642. Contre les Juifs, Pierre Damien démontre que Jésus est vraiment le Fils d< Dien, à l’aide de testes de l’Ancien Testament qu’ils ne pouvaient récuser, Opuscul., ti, Antilogus contra Judseos, ibid., col. 41-68 ; il résout les difficultés qu’ils pouvaient soulever ; celle qu’ils tiraient de l’inol v.mce des rites de la l"i ancienne par le n’est

iini Iblej i 'i' si Notre-Seigneur les > abolis les avoir observés lui-même, c’est qu’ils n'étaient

m I et qu’ils ont été dûment remplacés par

tngélique. Opuscul., ni, Dial iimi. col. 68-61