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DÉMON D’APRÈS LES PÈRES


le diable qui a distribué à chacun de ses satellites son oflice propre, el non pas Dieu. Ils sont libres, en effet, .1 ils nul chacun sa province de vices, comme dans une ville les fonctions diverses sont réparties ; c’est ainsi qu’ils gouvernent ce monde. Ibid., I. III. c. vi, col. 546517. Beaucoup de personnes du peuple prétendent qu’il a des démons de midi. Ps. xc, 6. Ceterum ego dico simplicité?, quoniani dœmon eo tempore potestatem Itabet in nos, guando peccamus. Sive mane peccaverimus, dœmon ingreditur in nobis ; sive vespere, sive nocte, quacumque pece.averimus hora, dœmon ingreditur in nobis. Si autem non peccaverimus meridie, non ingreditur in nobis. Videlis ergo qaod frivolum est qaod vulgo dicilar. Tractalus de ps. XC, dans Anecdota Maredsolana, t. m b, p. 116.

Bien que saint Jérôme ait dit que Lucifer orgueilleux avait entraîné avec lui le tiers des étoiles, bien qu’il ait déclaré que les démons n’ont point de sang, In Isaiam, 1. XVII, c. lxiii, n. 3, P. L., t. xxiv, col. 612, cependant il ne s’est pas prononcé avec netteté au sujet du mariage des anges avec les filles des hommes. S’il ne le rejetait pas, ce n'était pas qu’il s’appuyât sur le témoignage du livre d’Hénoch, qu’il rangeait résolument parmi les apocryphes. De viris, 4, P. L., t. xxiii, col. 615 ; In Episl. ad Tilum, i, 12, P. L., t. xxvi, col. 573. Il n’attache pas d’autorité à cet apocryphe au sujet du mariage des anges avec les filles des hommes. Il reproche, en outre, à Origène, sans le nommer, d’avoir confirmé par ce passage son hérésie des âmes descendant du ciel dans les corps ; Origène imitait en cela les manichéens. Saint Jérôme se borne à signaler ce mauvais argument en commentant le verset 3 du psaume cxxxii. Tractalus de ps. cxxxii, dans Anecdola Maredsolana, t. m b, p. 249-250 ; P. L., t. xxvi, col. 1293. Il donne un peu plus d’attention à ce mariage dans le commentaire d’Isaïe, liv, 10. Il se demande quelles sont ces montagnes troublées durant le déluge : sont-ce les saints ou les démons ? Quelqu’un pourrait les entendre des démons et des puissances adverses, qui viderunt /ilias hominum, quod essent bonæ, et amoris jaculo vulncrali, swnpserunt sibi uxores ex omnibus quas elegerunt et perdiderunt forlitudinem prislinam et nequaquam in hoc diluvio sunt futuri. Hoc ille dixerit, cujus explanationem lectoris arbitrio derelinquo. In Isaiam, 1. XV, c. liv, 10, P. L., t. xxiv, col. 521. Le saint docteur vise exclusivement le c. vi de la Genèse. Il ne rejette donc pas absolument l’interprétation appliquant aux anges cette union avec les filles des hommes ; il la laisse à la libre appréciation de ses lecteurs. En commentant brièvement Gen., vi, 2-4, il indique deux interprétations, puisqu’il voit dans les fils de Dieu, les saints ou les anges, et dans les géants, les anges encore et les fils des saints. Liber liebraicarum quæslionum in Genesim, c. vi, n. 2. 4, P. L., t. xxiii, col. 947-949. Selon sa coutume, le saint docteur signale, sans se prononcer, les deux explications en cours. Toutefois, s’il n’exclut pas l’interprétation des relations charnelles des anges avec les filles des hommes, il entend le verset 3 d’un répit de 120 ans laissé aux hommes coupables pour faire pénitence avant le déluge. Il semble ainsi préférer l’application du texte aux saints et aux fils des saints, c’est-à-dire à la race sainte de Seth, pervertie par des mariages avec la race coupable de Caïn. Saint Jérôme, à la suite d’Origène, avait admis la restauration finale de toutes choses, même des démons, verbi gratia, ut angélus refuga id esse incipiat quod creatus est. Comment, in Epist. ad Eph., 1. II, c. iv, 16, P. L., t. xxvi, col. 503. Rufin le lui reprocha. Apologia, 1. 1, n. 41, P. L., t. xxi, col. 579. Saint Jérôme répliqua qu’il n’avait pas parlé on son propre nom et qu’il s'était borné à résumer l’interprétation d’Origène, sans la faire sienne. Apologia advcrsns

libros Ru fini, 1. I, n. 26, P. L., t. xxiii, col. 418-419. Il enseigne, au contraire, très expressément que le feu éternel est dû an diable et à ses anges pour leurs crimes. Ibid., I. ii, n. 7. col. 428-430.

L’Arnbrosiaster (Hilarius Ililai -ianusi attribue aussi à l’orgueil la chute du diable. Il définit l’orgueil : alla sapere, et il ajoute : JJiabolus cum alla sapuit, aposlalavit. In Epist. ad Phil., xii, 16. P. L., t. xvii, col. 160. Avant la loi, le diable ne savait pas que Dieu devait le juger ; il croyait son péché mort : la loi donnée, son péché a revécu. Ibid., vii, 8, col. 109. Les princes mauvais sont dans le firmament, et cependant ils agissent sur terre. In Epist. ad Phil., iii, 20, 21, col. 417. Selon lui, quelques démons pouvaient se sauver, car, suivant saint Paul, la sagesse multiforme de Dieu a été manifestée par l'Église aux principautés et aux puissances célestes, ut agnoscenles per Ecclesiam, quee multifame ad vilam attracta est, in Christo unius Dei ntanere mysterium, desinant ab errore. La prédication ecclésiastique leur sera utile et elles abandonneront assensum tyrannidis diaboli, qua se adversus Dei unius fidem impia præsuniplione armavit. In Epist. ad Eph., iii, 10, col. 382-383.

Saint Augustin a exposé sur le diable et les démons une doctrine très ample et très complète. Tout en unissant les anges déchus au diable, leur chef, tant pour la chute que pour la punition, il en parle souvent séparément, et il sera bon de le suivre dans ses développements, propres à chaque catégorie.

Les manichéens prétendaient que le diable n'était pas une créature de Dieu. De Genesi ad litteram, 1. II, c. xiii, xiv, n.17, 18, P. L., t. xxxiv. col. 436. Ne comprenant pas qu’une bonne nature pût déchoir par orgueil, ils le disaient l'œuvre du mauvais principe, 1. XI, c. xiii, n. 17, col. 436. Avant d'être diable, il était ange et bon. De baptismo contra donatistas, n. 13, P. L., t. xliii, col. 162. Il est donc tombé..Mais est-ce ab initio mundi, ou bien a-t-il été quelque temps avec les anges, pariter justus et beatus ? Quelques-uns disent qu’il est tombé par envie à l'égard de l’homme, qui avait été fait à l’image de Dieu. Mais l’envie a suivi et n’a pas précédé l’orgueil : causa invidendi, superbia. Pourquoi est-il tombé? Quia amavit propriant potestatem. Quand ? L'Écriture ne le dit pas. En tout cas, c’est avant qu’il ait envié l’homme. Peut-être est-ce ab initio temporis, de sorte qu’il n’y eut pas de temps où il fut bon et heureux. Si ab initio homicida fuit, Joa., viii, 44, ce fut à la création de l’homme ; mais a verilate non stelil, et hoc ab initio ex quo creatus fuit. Était-il heureux avant d’avoir péché? S’il a eu la prescience qu’il pécherait, il n’a pas été heureux. En tout cas, il n’a pas été heureux comme les anges demeurés fidèles, non œqttaliler beatus, non ita plane beatus. Ils étaient certains que leur bonheur durerait ; lui, il était incertain de la durée du sien. Quelquesuns ont pensé qu’il n'était pas in sublimi, in supereselesti natura, mais parmi les anges inférieurs, qui pouvaient illicitum delectare. De Genesi ad litteram, c. xiv-xvii, n. 17-22, P. i… t. xxxiv. col. S30-'138. Un peu plus loin, l'évêque d’Ilippone revient sur le même sujet. Selon lui, le diable, ab initio suae conditionis, propria roluntate depravatus, non malus et Deo l> creatus, faclus conlinuo se a lace reritatis avertit, superbia tumidus et proprise potestatis delcctalione corruplus. Il n’a donc pas goûté la béatitude de la vie angélique. Continuo impius, conseqventer et mente csecus, non ex co quod acceperat cecidil, sed ex eoquod acciperel, si subdi voluisset Deo, parce qu’il n’a pas voulu se soumettre. De nouveau, il lui applique les textes d’Isaïe, xiv, 12-14 (au s.ns mystique] et d'Ézécbiel, xxviii, 12-13, c. xxiii. n. 30-32. col. 141-442, attribuant sa chute à l’orgueil. Lui-même résume enfin, c. XXVI. n. 33, col. 443, toute sa pensée en ces deux