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DÉMON D’APRÈS LES PÈRES

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ri nuit pour faire du mal. Ils tendent aux hommes des pièges de toute sorte, parce qu’ils sont jaloux des hommes qui sont unis à Dieu et qui parviendront au bonheur dont ils sont privés. De pauperibus amandis,

P. G., t. xi.vi, col. 456. Le diable est le malin, dont nous demandons, dans l’oraison dominicale, d’être délivrés. Il est BeelLébub, Mammon, le prince du monde, l’homicide dès le commencement, le père du mensonge, etc. De oratione dominica, orat. v, P. G., t. xliv, col. 1192. La cause de sa chute a été l’envie à l’égard de l’homme, confirmé par la bénédiction divine. Les dons surnaturels, faits par Dieu à Adam, ont été, pour l’adversaire, la source et l’excitation de l’envie ; il a machiné des embûches pour empêcher la force divine d’agir dans l’humanité. Déchu à cause de la beauté de l’homme, il a trompé l’homme par l’attrait de la nourriture. Orat. calechet., c. VI, xxvi, P. G., t. xi.v, col. 25, 68. Cf. De mortuis, P. G., t. xi.vi. col. 522.

Le péché d’envie est encore affirmé dans une homélie, faussement attribuée à saint Basile. Homilia dicta in Lacizis, n. 8, 9, P. G., t. xxxi, col. 1452, 1456. L’envie est un vice propre au diable. Satan n’a pas d’abord été diable ; d’ange qu’il était, il est devenu démon. Infecté d’envie, il s’est éloigné de Dieu. Sa défection provint de ce qu’il vit l’homme, qui lui était inférieur, élevé au-dessus des autres créatures. Créé avant l’homme, il assista à la création ; il vit que l’homme était supérieur au soleil, puisqu’il a été seul fait par les mains divines ; il le vit dans les délices du paradis, assisté par les anges, à qui il était égalé, parlant avec Dieu, et il l’envia. Tant que l’homme fut seul, le diable n’eut pas d’occasion de le prendre ; après la création d’Eve, il s’attaqua à la femme, qui était plus faible. Ennemi de l’homme, il fut aussi ennemi de Dieu, ; j.t<jav6pa)710 ; , êitetSï| xal Oso^tâ’/o ; . Il a haï Dieu d’abord, qui avait ainsi favorisé l’homme ; il se révolta contre lui, le méprisa, s’éloigna de lui. Il vit ensuite l’homme fait à l’image de Dieu, et ne pouvant attaquer Dieu, il s’en prit à son image.

2. En Occident.

Lactance mêle différentes traditions, et il distingue nettement le diable des démons. Avant la création du monde, Dieu fit d’abord un esprit, qui resta bon, le Logos, puis un autre, in quo indoles divinee stirpis non permansit. C’est par l’envie qu’il devint mauvais, abusant de la liberté qui lui avait été donnée. Mais ce n’est pas l’homme qu’il envia, lnvidit enini Me anlecessori, qui Deo Patri perseverando, cum probatus, lum etiam chorus est. Les Grecs l’appellent 81âêo).ov ; les chrétiens criminatorem, quod crimina, in quæ ipse illicil, ad Deum déférât. Div. instit., l. II, c. ix, P. L., t. vi, col. 294-296. C’est par envie qu’il a trompé l’homme. Criminalor Mc, invidens operibus Dei, omnes faUacias et calliditates suas ad decipiendum honiinem intendit ut ei adimeret immortalilatem, c. xiii, col. 323. Quant à la chute des démons, Lactance la raconte, en combinant la tradition du livre des Jubilés avec celle du livre d’Hénoch et en y ajoutant des traits de son imagination. Cum ergo numcrus hominum cœpisset increscere, providens Deus ne fraudibus suis diabolos, eux ab initio terrée dederat potestatem, vel corrumperet Itomines vel disperderet, quod exordio feceral, misit angelos ad tulclam culiumque generis humant : quibus, quia liberum arbitrium erat dation, præcepit, anle omnia, ne, terrez contagione maculati, subslantise cœlestis amitlerent dignitatem. Il leur défendit de faire ce qu’il prévoyait qu’ils feraient. Itaque illos cum hominibus commorantes dominalor Me terrée fallacissimus consuctudine ipsa paulatim ad vitia pellexit et mulicrum congressibus inquinavil. l’um in cselum ob peccala quibus se immerserant non recepti, cccidcrunt in terram. Siceos diabolus ex ange lis Dei suos fecit satellites ac’ministres. Leurs fils, o’étanl ni anges ni hommes, n’ont pas été refus dans les enfers. Lactance distingue donc deux genres de démons : les uns qui viennent du ciel, les autres de la terre. Ces derniers sont les esprits immondes, auteurs de tous les maux, et dont le diable est le prince. Les grammairiens croient que ce sont les dieux du paganisme. Ils savent beaucoup de choses futures, celles que Dieu leur permet de savoir, mais ils ne les connaissent pas toutes ; aussi leurs réponses, dans les oracles qu’ils rendent, sont-elles ambiguës. On les évoque par la magie. Per omnem terram vagantur et solalium perdilionis suæ perdendis hominibus operantur. Tout le mal, qui se fait dans le monde, vient d’eux. Aillteerent enim singulis hominibus, et omnes ostialim donws occupant, al sibi geniorum nomen assuniunl. On les vénère. Sunt spiritus tenues et incompreliensibiles. Us s’insinuent dans les corps et font du tort, c. xv, col. 330-333. L’astrologie, les aruspices, les arts, en particulier celui de faire des statues, sont de leur invention. Ils rendent des oracles et se font offrir des sacrifices humains, c. xvii, col. 336-341. Per terram volutantur. Ils y causent la mort, des tromperies et y répandent l’erreur, c. xviii, col. 343. Ils exercent leur fureur contre les chrétiens, l. V, c. xxii, col. 623. Ceux qui sont solides dans la foi n’ont rien à craindre d’eux ; ils ne peuvent leur nuire, 1. II. c. xvi, col. 334-336. Dieu est patient à leur égard jusqu’au jugement dernier, après lequel il leur réserve les ténèbres, l’enfer et ses supplices éternels, c. xviii, col. 341-342. Aussi craignent-ils le jugement dernier, après lequel ils seront tourmentés, 1. VIL c. xxi, col. 800-801. Au commencement du règne de mille ans, le prince des démons sera lié par Dieu ; ce règne fini, il sera délié et il sortira de prison pour faire la guerre contre les saints. Mais vaincu par Dieu, il sera condamné au feu éternel avec ses ministres, c. xxvi. col. 813-814. On le voit, Lactance a sur plusieurs points un sentiment particulier, qu’aucun autre écrivain ecclésiastique n’adoptera. Notons qu’il rapporte le déluge aux crimes des hommes, mais pas au péché des anges, l. II, c. xi, xiv, col. 313, 326. C’est un indice qu’il ne se réfère pas au récit de la Genèse.

L’auteur du De singuiaritate clericorum, que Harnack et dom Morin croient être Macrobius, qui écrivait vers 363-375, cite l’exemple des anges pour détourner de l’incontinence : Novimus et angelos cum feminis cecidisse. P. L., t. iv, col. 857.

Aux opinions anciennes qui sont en voie de disparaître, saint Ainbroise joint le sentiment nouveau que nous verrons prédominer. Il se rallie, en effet, à la théorie d’Origène, expliquant la chute de Satan par l’orgueil, mais il maintient la tentation d’Adam et d’Eve par motif de jalousie et le commerce charnel des anges avec les femmes. Le serpent au paradis terrestre était la figure du diable, ainsi que le prince de Tyr. Ezech., xxviii. 13. La plupart prétendent que le diable n’était pas au paradis ; il y était réellement, quoi qu’il soit écrit dans le livre de Job que Satan est au ciel avec les anges. Philon disait, mais à tort, que le serpent était la figure de la volupté. De paradiso, c. u. n. 9, 11, P. L., t. xiv, col. 278, 279. Le serpent fut le véritable ennemi du genre [humain, qu’il perdit par envie. Sap., ii, 24. Le diable ne put supporter le bonheur dont l’homme jouissait au paradis ; il envia le sort de l’homme, qui avait été formé du limon. Lui, qui avait été d’une nature supérieure et qui était tombé sur terre, il jalousait l’homme qui dépassait les choses éternelles ; il voyait avec peine que l’homme avait obtenu ce que lui-même avait perdu, c. xii, n.54, col. 301. Satan avait donc péché avant de tenter l’homme. L’archange n’a pas su s’abstenir du péché.