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DÉMON DANS LA BIBLE ET LA THÉOLOGIE JUIVE


noniqæs. — Le livre de Tobie nomme le démon Asmodée, qui avait tué les sept premiers maris de Sara, fille de Raguel, iii, 8 ; vi, li ; vil, 11 ; viii, 12. Le jeune Tobie, en épousant Sara, échappa au même sort, grâce aux moyens de préservation que lui avait suggérés l’ange Raphaël, son guide, vi, 5, 8, 16-10 ; viii, 2 ; xii, 3, H. Raphaël saisit le démon et le relégua dans le désert de l’Egypte supérieure, viii, 3. Plusieurs critiques ont prétendu qu’Asmodée avait été emprunté par les Juifs au mazdéisme, que son nom et son rôle venaient de la Perse. Asmodée, Esmadai, 'Aa|i.oSa ?oç, ne serait que la transcription de Aêshma-daêva, le démonde la concupiscence, une sorte de Cupidon, nommé plusieurs fois dans l’Avesta comme le plus dangereux de tous les démons. F. Lenormant, Les origines de l’hisloire, 2e édit., Paris, 1880, p. 325-327. En réalité, l’Avesta ne connaît que Aêshma et n’a pas une seule fois la forme complète Aéshnia daèva. Le Bundehesh a bien le nom pehlvi Aêshmshêdâ, qui suppose une forme avestique Aèshma-daêva. Mais l’histoire de Tobie est antérieure de plusieurs siècles à tous les livres pehlvis, et les spécialistes conviennent que l’iranien daèva n’aurait pu devenir dai en hébreu. Ii'.iilleurs, VAcshma avestique n’est pas le démon de la concupiscence ; il est partout le démon de la colère et de la violence. Son attribut principal est une lance sanglante. Lnlin, aucun déva iranien n’eût aimé une femme. Le démon Asmodée du livre de Tobie n’est donc pas un emprunt iranien. C’est un esprit mauvais et malfaisant, dont les maléfices ont été déjoués pur un procédé magique, indiqué à Tobie par l’ange Raphaël. Pour la plupart des commentateurs, la relégation de ce démon dans le désert de l’Egypte supérieure

i lie seulement que l’ange l'éloigna et le mit dans l’impossibilité de nuire à Tobie. Voir Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, t. i, col. 1 103-1 lui. Nous verrons plus loin que pour les Juifs les démons habitaient spécialement dans les déserts. La mention d’Asmodée dans l’histoire de Tobie ne reflète peut-être qu’une tradition populaire, dont il n’y a pas d’autre trace dans la Bible, mais qui a été singulièrement développée par 1rs.luifs talmudistes et 'cabalistes, tandis qui' la tradition chrétienne n’en a tenu à peu près aucun compte.

tan est nommé quatre fois (hins les livres posté

- à la captivité'. Tandis que le récit de II Sam., XXVI, I. attribue à la colère divine contre Israël le projet que David conçut de dénombrer son peuple, le récit parallèle de | Par., sxi, I. le rappoi sèment à Satan,

qui apparaît comme l’instigateur de cette faute du roi

itnme la cuise de la peste, infligée par Dieu â punition. L'épreuve que Dieu avait permise (lins sa colère fut donc considérée plus tard comme i' provoquée par Satan, l’ennemi de Dieu et de son peuple Israël. F. de Hummelauer, Comnientarius Paris, 1905, t. r, p. 307-906. Uniuni' vision, b prophète Zacharie, m. I, 2. vil le granduéou Jésus debout devant l’ange de Jéhovah.

i droite | r s’opposer.i lui ; mais

'h ou Bon ange dit à Satan : a Que Jéhovah te réprime, Satan : oui. qu’il le réprime, lui quia Dxé

hoii sur Jérusalem. Selon la meilleure inter ition de cett< vision, Satan accompagne le gramlint ! tribunal de i ange 'lu Si u ni ur ; il l’accuse, non pas d’une faute i" rsonnelle, mais des incieiu prophètes < aient i eprochi i i a II le i '.n b ni - prévarication pi 1 1|

m luda lis châtiments dh ins l' n tu ulii r ii c ipti it< i Bab] lone Satan, l’ad

i Mde luda, renouvelait an inlnin.il divin ni par là B’oppOSM i i la

uration do suprême u i ni'" i Un mplil dont li ur devant bjoj.iv Loin d'é©

accusation, Dieu réprima l’accusateur. Satan cherche donc en vain à provoquer le ressentiment de Jéhovah contre le grand-prêtre. Dieu a pardonnéà.luda et sauvé Jérusalem de l’incendie, et Satan est débouté de sa plainte. J. Knabenbauer, Comnientarius in prophetas minores, Paris, 1886, t. H, p. 248-249. Marti a prétendu que Satan (selon lui, il serait une création de Zacharie) serait la personnification idéale de la voix accusatrice de la conscience qui s'élève contre le retour des faveurs divines. Dodekapropheton, Tubingue, 1904, p. 408. Nowak lui a emprunté cette idée, Die kleinen Propheten, 2e édit., Gœttingue, 1903, p. 352-353. Zacharie n’a pas créé le personnage de Satan, car il lui aurait donné un nom signifiant directement accusateur. Il a trouvé ce nom, déjà employé avant lui ; il l’a adopté et il l’a présenté avec l’article hassdtdn, pour faire jouer dans la scène actuelle, au personnage ainsi nommé, le rôle d’accusateur de Jésus. Il le voit à côté de l’ange de Jéhovah, vraisemblablement l’ange protecteur de Juda, non comme une simple personnification de la conscience accusatrice, mais bien plutôt comme un ange mauvais, subordonné à Dieu, se bornant à accuser, et rejeté par le juge, à qui il a recours. A. Van Hoonacker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. 605-607. Dans l’Ecclésiastique, xxi, 30, on lit : « Lorsque l’impie maudit le diable, x’ov o-sTaviv (le texte original de ce verset n’a pas été retrouvé), il se maudit lui-même, » Il s’agit du diable plutôt que d’un adversaire ordinaire, et le sens semble être que l’impie, en maudissant celui qui l’a tenté et l’a poussé dans son impiété, se maudit lui-même, puisque c’est par sa propre volonlé qu’il s’est laissé séduire et tromper et qu’il est tombé dans l’impiété. J. Knabenbauer, Ecclesiasticus, Paris, 1902, p. 243-244. Enfin, Sap., ii, 24, le diable est celui qui, par envie, a introduit la mort dans le monde. Satan est ainsi nettement identifié avec le serpent, qui a séduit nos premiers parents et attiré sur eux le châtiment de la mort corporelle. Gen., iii, 19. Cf. Smend, Lehrbuch der alltestatncntlichen Religionsgeschichte, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1899, p. 402-403, 454 ; B. Stade, Biblische Théologie des Allen Testaments, Tubingue, 1905, t. i. p. 327-328.

2. Dans la version des Septante.

Les premiers traducteurs grecs qui ont toujours rendu le nom propre Satan par 8Ïa60).o ; , ont, sous l’influence aies idées grecques, vu des anges mauvais en des passages où le texte original n’en parlait pas, et ont traduit par le mot 3a : |iti>v différents noms hébreux dont le sens iioins clairement déterminé. Leur traduction est l’indice des idées courantes de leur temps dans le milieu juif où ils vivaient. Mais ces idées, pour avoir été adoptées par des Juifs hellénistes, ne sont pas entrées par le fait même dans le domaine de la révélation divine, quoiqu’elles aient la prétention d’expliquer les livres Inspirés.

Ces traducteurs avaient rendu brnè ha-èlohim, Gen., vi, 2, utof toû Beoû. Mais quelques manuscrits présen taient la variante : kyysXoi toû Bcov, el cette leçon parait avoir été, BU moins a une Certaine époque, la plus répandue. Cf. Holmes, Velus Testamentum cum vai iù nibtit, Oxford, 1798, i. i. Il en résultait que des

Séduits par la beauté des filles des homme seraient unis i elles et auraient procréa des géants. Comme le ut nommés lils de Dieu, Job, i, 6 ; n. l. Pi, wwii. i. i wi, 7. Dan., iii, 9. beaucoup de critiques en ont conclu que la induction « les angi de Dieu ni littérale, et que les béni ha-êlohtm étaient réellement, dans I des anges déchus, Hais l’incorporéiti des anges n’autorisant pas la possibilité d’un pareil commerce, ils ont penaé que le récit biblique avait con i rvi la trace d*un mythe païen, lan les milieui populaires du judafi I'. Lent. Les originel de VhUtoire, i i p 291-890.