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DEMOCRATIE


Immorlale Dei, du 1 er novembre 1885, sur la constitution chrétienne des États, § Sed perniciosa illa et § Ejusmodi ne regenda civitate.

C’est donc une bienveillante neutralité de l’Eglise, que Léon XIII affirme entre les diverses formes du pouvoir civil : neutralité, parce que l'Église a reçu de .lésus-Clirist, par révélation, les principes de son propre gouvernement, mais non ceux des gouvernements civils : neutralité bienveillante, parce que l'Église reconnaît là des manifestations naturelles de la vie sociale, et donc des lois providentielles, dans l'établissement pouvoirs politiques.

2° A l’exposé des principes, s’ajoutent, chez Léon XIII, certaines visées d’application, puisque, aussi bien, c’est le mouvement démocratique moderne qui lui suggère en fait son enseignement explicite sur l’accession du peuple au pouvoir ou à son partage.

Dans l’encyclique Immorlale Dei, une brève remarque établit que, « dans certaines époques et sous certaines lois, la participation plus ou moins grande du peuple au pouvoir n’est pas seulement chose utile : elle devient un devoir. » S Hxc quidem sunt quæ de constiluendis. Un peu plus tard, le 10 janvier 1890, l’encyclique Sapientiae christiame définit les principaux devoirs civiques des chrétiens. Adressée à l’univers catholique, sans distinction de républiques ou de monarchies, elle atteste par son objet même que, partout, la valeur individuelle et morale de l’homme, l’action privée et publique du citoyen devient par ellemême un facteur de la prospérité et du bien commun. Tandis que Grégoire XVI s’adressait encore aux princes comme aux « pasteurs et tuteurs des peuples » (encyclique M/rari vos), Léon XIII s’adresse aux citoyens qui, dans les monarchies comme dans les républiques, représentent presque partout maintenant l’accession du peuple au pouvoir dans une mesure ou dans une autre. lie tels enseignements sont venus à leur heure, dans le temps où le suffrage universel s'établit ou se conquiert par degrés, et oi’i l’Eglise elle-même réclame l’action publique de ses fidèles pour la défense de ses droits qui sont les leurs. Des devoirs civiques plus grands, plus compliqués et plus généraux s’imposent, n l II. -t. dans toute société, que ne gouvernent plus île rares privilégiés, nobles de naissance, capacités légales ou censitaires.

in Mil eui enfin i résoudre, dans le concret, le nre national île la démocratie politique eu l i il le dit lui-même dans sa Lettre à

M Mathieu, archevêque de Toulouse (28 mais 1897), il voulut approprier les maximes traditionnelles des lu saint-siège, à l'étal de la France, 'n matière d’ol au* pouvoirs établis. L’ency clique -ni i lu 16 févi ier 1892, ensei gnait l.i reconnaissance du régime établi, la République,

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lendemain d’une effroyable et sanglante anarchie ; ainsi furent acceptés les autres pouvoirs, soit monarchiques, soit républicains, qui se succédèrent de nos jours. » On sait, d’ailleurs, avec quelle délicatesse Léon XIII reconnut la pleine liberté des préférences théoriques ou personnelles en matière politique ; avec quelle fermeté il indiqua les changements à obtenir dans la législation de la République en matière de questions religieuses ou de questions mixtes ; l’une et l’autre réserve dégagent d’autant mieux la reconnaissance du fait démocratique, là où il s’incarne dans un régime établi, et la validité des droits issus de cet établissement.

X. Léon XIII : l'éducation morale de la démocratie ; problèmes connexes. — L’encyclique Longinqua Oceani, du 6 janvier 1895. aux évoques d’Amérique, rappelle fortement le besoin spécial qu’une démocratie a de citoyens honnêtes, et, par suite, la nécessité qu’elle éprouve d’une éducation morale pénétrée de religion. « S’il s’agit de l’ordre civil, c’est un fait acquis et reconnu, que, spécialement dans un État populaire comme le vôtre, il est d’une grande importance que les citoyens soient probes et de bonnes mœurs. Dans une nation libre, si la justice n’est pas universellement en honneur, si le peuple n’est pas souvent el soigneusement rappelé à l’observation des préceptes de l'Évangile, la liberté elle-même peut lui être funeste. Aussi, que tous les membres du clergé qui travaillent à l’instruction du peuple traitent avec netteté les devoirs des citoyens, de façon à persuader les esprits et à les pénétrer de cette vérité, qu’il faut, dans toutes les fonctions de la vie civile, loyauté, désintéressement, intégrité. En effet, ce qui n’est pas permis dans la vie privée ne l’est pas non plus dans la vie publique. 9 g De reruni génère civili.

Dans ces conseils, les allusions sont claires aux pratiques immorales des politiciens et des partis en Amérique. Lllesne le sont pas moins dans le Discours du 8 octobre 1898 aux pèlerins ouvriers français ; mais relie fois elles visent les périls moraux de la démocratie sous leur forme spécialement française : « Puisque vous venez de faire allusion à la démocratie, voici ce qu'à ce sujet nous devons vous inculquer… Si la démocratie veut être chrétienne, elle donnera à voire patrie un avenir de paix, de prospérité et de bonheur. Si. au contraire, elle s’abandonne à la révolution et au socialisme ; si, trompée par de folles illusions, elle se livre à des revendications destructives des lois fondamentales sur lesquelles repose tout ordre civil, l’effet immédiat sera, pour la classe ouvrière elle-même, la servitude, la misère, la ruine. »

(les enseignements pontificaux laissent apercevoir, en France comme en Amérique, une véritable crise morale de la démocratie dans l’ordre politique : doctrines subversives et personnel corrompu. C’est une

constatée par des observateurs de tout pays et de tout bord. Kii dehors des milieux catholiques elle inspire de nos jours une copieuse littérature - Barni, L" morale dans la démocratie, Paris, 1885 ; .Iules Payot, alion 'ic lu démocratie, Paris, 1897 ; Léon Bour/ éducation de la démoa itie, Discours, IS'.iT ; Solidai ité, 1898. Voir aussi.les ou ragei di jâ cités de i, i République américaine, el de Prins, Ds rnement démocratique. Di catholiques français poursuivent l'éducation

morale de la démocratie coi nécessaire à son i i

nisation politique et sociale, lis ont le vif sentiment

propn BU catholicisme pour celle

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