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DEMOCRATIE


Dans sa bulle Ecclesiam a Jcsu Chris to, 13 septembre 1821, Pie Vil condamne ces sociétés pour leurs doctrines d’indifférence en matière de religion et pour leurs tentatives de renverser les rois et autres gouvernants, comme des tyrans. Le 13 mars 1826, Léon XII renouvelle ces condamnations dans les Lettres apostoliques Quo graviora, parce que, dès le début de son pontilicat, dit-il, l’état, le nombre, la force des sociétés secrètes ont retenu son examen. Absorbée par ces groupes révolutionnaires, l’attention du saint-siège demeure ainsi éloignée de considérer les aspirations du peuple vers une vie plus beureuse. Le problème posé par Saint-Simon ne surgit pas encore dans la conscience des pontifes : l’urgence de couper court à des menées redoutables les préoccupe avant tout.

Dans cet ordre de préoccupations, Léon XII exborte directement les princes de l’Europe catholique à une défense simultanée de la religion et de l’autorité royale. %Summoetiam studio, vestrum flagitamus præsidium. Le pape insiste sur le changement ou même la destruction du régime monarchique, poursuivis par les sociétés secrètes : o Ce n’est pas la haine seule de la religion qui les inspire, mais l’espoir que les peuples soumis à votre empire, en voyant renverser les bornes posées dans les choses saintes par Jésus-Christ et par son Église, seront finalement amenés par cet exemple «  changer ou à détruire l « ferme d « gouvernement. » Qu’ils poursuivissent l’établissement de la république ou des institutions libérales, les meneurs visés dans ce document compromettaient ainsi, au regard du saint-siège, des formes de pouvoir non condamnables en soi, mais qui le devenaient dans la circonstance, à cause des moyens adoptés pour les réaliser.

De Léon XII à (Irégoire XVI, Lamennais, son école et surtout les rédacteurs du journal L’avenir travaillèrent à propager dans les milieux catholiques le souci des intérêts et des libertés populaires. Lamennais, dans un article du 30 juin 1831, annonçait que, « à moins d’un changement total dans le régime industriel, un soulèvement général des pauvres contre les riches deviendrai ! inévitable ; > et le Saint-Siège* était exhorté à lire devant les rois le porte-parole des revendications ouvrières. Mais le programme de Lamennais ni en maximes absolues la liberté de conscience ii celle de la presse ; il allai) même jusqu’à regarder la révolution politique et sociale comme le préliminaire indispensable et providentiel d’un nouvel âge chrétien. L’encyclique de Grégoire XVI, Mirari vos, 15 aoûl 1832, condamna les erreurs tnennaisiennes sur la liberté, Elle rappela le principe de saint Paul : obéissance’i x pouvoirs établis. Elle montra l’application exemplaire de ce principe dansla fidélité des chrétiens antiques â des empereurs qui les persécutaient. Elle la <iiii certains libéraux ou libérateurs des servitude pour le peuple : tervitutem sul> Ubertatu tpecie populis illaturi, F.e pape enfin se tournait vers les princes, les adjuranl comme pères il tu de leur assurer la pai et la

prospérité en protégeant l’Église. Il continuai ! donc de en faveur des peuples, au lieu de

adret ei aux peuples sans les rois, el même contre ainsi que Lamennais I aurait voulu, dan on oppo Ition jfstématique, violente, injuste, aux royauté ! h obji i de on amour.

VIII Pli IS LA 80UVERAIMET1 DO NOMBRE ET DE LA i MATÉRIELLE, I ONDAUNÉE PAR II.Si/ ; i : i

tni i numei I et virium nalu a Syllabut du 8 décembre 1864, prop pi ope m tive déji’censurée en propres

termes dan l’allocution Vaxima guident, du’.' juin

mpielalu < m j reconnaît a m do<

Irine matériali li de i luloritc, la ramenant toute ! la foi ce brutale de t di m ijorité Le mati ria

Usine qui sévissait dans le milieu du xixe siècle passait aussi bien de la spéculation cosmologique à la morale et à la politique. Dieu et sa loi supprimés, que restait-il pour fonder le pouvoir, sinon la multitude omnipotente ou ceux qui parlaient en son nom, avec la force qui s’impose ? C’est ce que Pie IX a condamné.

Il ne censurait pas l’attribution démocratique du pouvoir à la multitude, mais la souveraineté du nombre et de la force à l’exclusion du droit ; c’est ce qui ressort du texte de l’allocution auquel le Syllabus réfère expressément la proposition 60 e. Pie IX signale, en effet, l’étroite connexion de celle-ci avec une philosophie toute matérialiste, et ses paroles s’appliquent tout droit aux disciples de Feuerbach, Bi’ichner et Moleschott : « Ils font dérision de l’autorité et du droit avec tant de témérité, qu’ils ont l’impudence de dire que l’autorité n’est rien, si ce n’est celle du nombre et de la force matérielle ; que le droit consiste dans le fait, que les devoirs des hommes sont un vain mot et que tous les faits humains ont force de droit. Ajoutant ensuite les mensonges aux mensonges, les délires aux délires, foulant aux pieds toute autorité légitime, tout droit légitime, toute obligation, tout devoir, ils n’hésitent pas à substituer en place du droit véritable et légitime, ce droit faux et menteur de la force, et à subordonner l’ordre moral à l’ordre matériel. Ils ne reconnaissent d’autre force que celle qui réside dans la matière. » Allocution Ma.rima quidem, § Ad vero et S Jawi porro commenta.

Mais si la forme démocratique du pouvoir n’est pas atteinte par ces censures, elles frappent du moins, par voie de conséquence, un certain abus de pouvoir qui est la tentation de la démocratie. Le nombre a son orgueil, ses courtisans qui l’exploitent, politiciens qui lui persuadent sa toute-puissance. Cette persuasion gagne les multitudes et leur devient un excitant à la tyrannie, dans la mesure où les citoyens manquent individuellement d’un sens ferme et profond de la justice et du droit. La foule se regarde alors comme souveraine maltresse de décréter le juste et l’injuste, ou plutôt de faire juste ce qui lui plaît. C’est la démagogie. Contre elle, l’ie IX rappelle la souveraineté de la justice et du droit naturel sur toute loi positive et toute volonté’de la multitude. V. Maumus L’Église et la France moderne, Paris, 1897, p. 286. Bien loin de présenter là quelque doctrine inacceptable à la démocratie, le pontife lui enseigne une vérité libératrice, qui est de tradition dans l’Eglise et d’opportunité au xixe siècle. Goyau, Autour du catholicisme, 2 « série, p. 313. 314.

La tradition de l’Église, c’est que tout pouvoir est établi comme serviteur de Dieu POUR LE BIEN, Nom., XIII, 1.7 ; et, par suite, que provenant de la multitude ou provenant d’un seul, la loi est essentiellement une ordonnance de la raison i vue m bien [commun. Sum. theol., I’Il’. q, XC, a. I. L 2. Le bien commun, c’est la justice pour chacun et la justice entre tous, avec la paix qui en résulte. [" 11", q. <i. a. 3. Ce n’est pas

Beulement des apôtres, c’est encore des prophètes que

il glise hérita cette robuste conviction que le pouvoir e^t le serviteur de tous dans la justice, el que de cette mission découlent tous ses droits. Dépourvue de cette subordination au bien commun, toute loi, qu’elle

émane d’un prince l’un peuple assemblé, n’est plus

qu’un péché des législateurs, une violence tyrannique, privée de toute force morale et obligatoire.

Principe élémentaire, que lei monarques oublièrent au temps il, - leur toute-puissance, el que la démocratie, .Lu i pri mien ivre i du pout oir, oubliait de m< Dan -ou rappel, comme dans bien d’autres proposiii Syllabus, tant injurié, Pie l poursuivait donc l’opportune application il une vérité lilx rat rire. ipplique.iu^ i ti i in nreustmi ni