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DEMOCRATIE


aurait ainsi, dans tout peuple, une sorte de démocratie naturelle, préexistant à tout autre régime.

Cette manière de voir n’accuse pas seulement une vigoureuse offensive contre la dialectique du roi d’Angleterre ; elle achève d’accentuer l’entière liberté d’esprit des théologiens en présence des trois formes possibles de la souveraineté politique. Suarez ou Bellarmin continuent bien là saint Thomas et ses commentateurs. Et c’est un fait significatif : le fait que, du xiii c au xvir siècle, toute l'École enseigne l'égal droit naturel des peuples à se constituer en monarchies, aristocraties ou démocraties. C’est un enseignement commun des théologiens. Il est reçu dans l'Église sans la moindre protestation de la hiérarchie ; et, de la sorte, il anticipe la neutralité de l'Église dans la question moderne des régimes politiques à choisir ou à modifier. V. Maumus, L'Église et la France moderne, p. 209.

VI. Le mouvement démocratique aux temps moderm s.

Pour bien saisir l’opportunité et la valeur des enseignements pontificaux, soit de Pie IX, soit de Léon XIII, sur la démocratie, on doit reconnaître la situation qui les provoqua. Elle comporte un ensemble de faits économiques et de faits politiques dont les répercussions morales et religieuses déterminèrent d’abord l’attention de publicistes catholiques et puis l’intervention motivée des papes. Il est ainsi nécessaire de connaître d’abord quelles sortes de faits politiques et de faits économiques donnèrent sujet à cet enseignement des pontifes et aux initiatives des publicistes, qui en apparaissent comme les précurseurs.

I)ans le cours du xviiie siècle, l’application de la force hydraulique à l’industrie ; dans le cours du xix surtout, l’application de la vapeur, voilà le fait de technique et de métier, qui opéra une révolution sans précédent jusque-là dans la fabrication. Avec des forces motrices considérables, de très puissantes machines s'établirent. On vit finir l’universel emploi des outils à la main et des machines-outils à petit moteur. Sans doute, celles-ci et ceux-là ne disparurent pas entièrement, el leur us ; i ; ie partiel continue encore : il y a toujours des moulins à vent, des rabots ou des scies à m. lin. des noriahs qu’un mulet fait tourner. Mais ces antiques outillages cédèrent la primauté à la machinevapeur, bien autrement puissante et productive. Ce changement peut bien s’appeler une révolution, à cause de bb rapidité ; en moins d’un siècle, il bouleversait un outillage plusieurs fois millénaire, dont les fn quesde h. ptiens attestent le monopole

i imorial. La machine à vapeur devint par cette

révolution l’agent caractéristique de la fabrication

moderne. Ch. Benoist, La crise de l'État moderne,

ionisation du irai ail, Paris, 1906, t. i, p. 30. Pour

i nouveau industrii I, Le Plaj disait

la houille. parce que 1 1 puis ance des

machines s’alimente aux r< ervei de forces conden

dans les di pots énormes de ce combustible. Le Play,

I. » i i otutitulion an ntielle de l’humanité, Toui 1881,

p 66, 7 ' 7H. 77.

I cette révolution de l’outillage correspondit une ii tnsformation sociale du personnel fabricant, soit du

oit ilu côté patronal. Du côté ouvrier, un phénomène de concentrait produit, d’abord.< l’atelier, jadis un petit local ou le

n i ' i et i p i non Ira aillai* al ensemble,

m. uni' ii. mi agrandi et devenu l’usine. La tnachini à ii ntralne uni d< pi n 'i ai g< ni etdi forces molient i" rdni i i Ui n ai tionnail di noml i ies fabrii inti 1 1 uni ta te pi odui

i ii p< i onnel < proportion i di i"i ni autour de 1 1 mai hini II m multiplie dan - une mesure que ne souffraient jadis ni les petits capitaux ai li i" lit m ti ami ut di malin ai ti an

II i plus, De cette concentration des atelii i. résulte

une concentration des foyers, du voisinage, des intérêts ouvriers. « Concentrés dans l’usine pour le travail, les ouvriers ont été conduits à se concentrer autour de l’usine après le travail. Et, de la sorte, ce ne sont pas seulement les conditions et les circonstances du travail que l’on a vues brusquement modifiées du tout au tout, mais les conditions et les circonstances de la vie de l’ouvrier, dans l’usine et hors de l’usine ; de sa vie tout entière, je veux dire de sa vie matérielle et de sa vie intellectuelle et morale. Ce n’est pas seulement le travail qui d’individuel est devenu collectif ; c’est en quelque manière la vie même de l’ouvrier, à qui un intérêt collectif évident et permanent a créé, comme le besoin appelle la fonction et comme la fonction crée l’organe, une espèce de conscience ou d'âme collective. Par cette conscience ou cette âme, chacun de ces ouvriers, réunis pour une même fin, dans une même profession, en un même lieu, a senti bien plus vivement tout ce qui le touchait personnellement et tout ce qui touchait son groupe. Le groupe a senti bien plus vivement tout ce qui, louchant chacun de ses membres, le touchait lui-même et, avec lui et en lui, toute la corporation. » Ch. Benoist, loc. cit., p. 4, 5. Cf. p. 30, 43. « Les ouvriers sont devenus la classe ouvrière, économiquement, socialement et psychologiquement très différente. » Benoist, p. 5.

Ce fait de classement social n'était pas moins nouveau et considérable que la révolution technique opérée par la houille et le machinisme. Jamais au moyen âge, la classe des compagnons et des apprentis ne s'était opposée à celle des maîtres artisans, avec autant de différences et de séparations que celle des ouvriers d’usine et des patrons. De maître à compagnon, la différence existait bien comme de celui qui achète le travail d’un homme et qui le commande, à celui qui le vend et qui obéit ; mais cette opposition des intérêts, des conditions, des points de vue, s’atténuait par la communauté du travail avec les mêmes outils et dans le même atelier, par l’espérance de passer maître un jour. Dans le régime du machinisme, au contraire, l’opposition s’accentue par le fait que le patron cesse d'être ouvrier. La direction d’une usine exige un ensemble éminent de qualités prudentielles et de connaissances spéciales pour le choix des matières ouvrables, la surveillance et le renouvellement de l’outillage, la recherche des débouchés, l’organisation de la vente, l’acquisition du crédil nécessaire pour les fonds de roulement. C’est pourquoi la machinisme sélectionne

d’entre lei vriers ou bien leur superpose une aris tocratie naturelle du travail formant une aulre classe distincte, et qui possède elle-même sa mentalité el ses intérêts. Voir CORPORATIONS, t. III, col. ISIi'.l.

In troisièl llément complique la situation : sou vent, de tels capitaux sont nécessaires à une entreprise que son fondateur ou son patron technique fait appel à de nombreux capitalistes. Une société anonyme par actions devient ainsi propriétaire de l’entreprise et concentre de la Borte, aux mains de es administrateurs, les fonctions et la puissance du patronal. C’est le type commun des grandes entrepri u - de transports, chemina de fer ou paquebot. des mines de houille, di hauts fourneaux et aciérie tionnaire,

bailleur de fond. et l’administrateur apparais ent i l’ouï in i plu éloigm l ncoi i di a le et di i - inté|ui le patron individuel, propriétaire de son u ne l Demolins, Let population* mini

, i, ii, iii, lie, dan / 1889, t. vii,

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