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DÉMOCRATIE


loppements, très généraux, mais substantiels, attestent pour lui, comme pour les autres, la double préoccupation d’être complet et d’être rapide dans un travail avant tout synthétique. Il fallait, en effet, que la pensée des théologiens eût déjà fait comme le tour du monde moral et de la société humaine, pour s’arrêter à tous ces éléments divers de la vie collective. Les Pères, spécialisés r plutôt dans les questions particulières qui se soulevaient tour à tour sur la trinité, l’incarnation, la rédemption ou la grâce, ne pensaient pas encore à ces grandes projections des principes moraux sur les détails de la vie sociale ; ou du moins, s’ils y pensaient pratiquement, comme évêques ou comme homélistes, prêchant sur la propriété, l’esclavage ou le mariage, ils ne vivaient pas encore dans le milieu spéculatif des universités et des Sommes.

/II. COMPARAISON DE LA DÉMOCRATIE AVEC LES

AUTRES RÉGIMES. — C’est en savant que saint Thomas aborde cette délicate comparaison, avec une impartialité tranquille, aussi libre de toute passion, que s’il s’agissait de la matière ou des figures du syllogisme. La supériorité du régime monarchique et de son principe à l’état pur, lui apparaît dans l’unité de direction qu’il impose à la société : elle lui est naturelle, tandis que dans les régimes polyarchiques, elle s’opère laborieusement, et plus laborieusement dans la démocratie que dans l’aristocratie. A ce point de vue de l’unité, saint Thomas regarde donc la démocratie comme le plus imparfait des régimes. De reg. princip., 1. I, c. n. Il est pour le moins un par essence. Cf. l a, q. ciii, a. 3 ; II » II", q. i., a. 1, ad 2° IM ; Conl. gent., 1. I, c. xi.ii.

Mais au point de vue des abus possibles dans chaque forme de gouvernement, « la royauté n’est la meilleure de toutes que si elle n’est point corrompue ; or, en vertu de la grande puissance qui est accordée au roi, aisément la royauté dégénère en tyrannie, à moins que le potentat ne soit doué d’une parfaite vertu… Mais la parfaite vertu se trouve en bien peu d’hommes. » Comment, in libros Elhicorum, 1. X, lect. vin ; Sum. theol., l a II", q. CV, a. 1, ad 2° m. Et c’est pourquoi saint Thomas préfère une monarchie où des pouvoirs appropriés tempèrent celui du roi. De reg. princip., I. I, c. VI. C’est que la tyrannie d’un seul est le pire des mauvais régimes : » Sou-- un régime injuste, plus il y a d’unité dans le pouvoir, plus le pouvoir est malfaisant. La tyrannie est donc plus dangereuse qu’une aristocratie corrompue, ou oligarchie, et celle-ci, plus danger que la démocratie. De tous les mauvais régimi démagogie est le plus supportable, et la tyrannie, le plus nuisible, i Ibid., I. I, c. m. Dana une démagogie, an moins, si la multitude pauvre opprime les riches par la force du nombre, du moins vise-t-elle au bien d’un plus grand nombre, tandis que dans une oligarchie, le bien d’une minorité, el dans une tyrannie, le bien d’un Beul qui prime tout. Ibid. Cf. c. vin.

Malgré leur infériorité à promouvoir l’union, nne aristocratie ou une démocratie intéressent davantage

1rs citoyem au biet mun : Il arrive souvent que

1rs hommes vivant sous la domination d’un -< travaillent peu pour le bien commun, persuadés d’avance qui tout ce qu’ils feraient dans l’intérêt général ne leur

il point rapporté el tournerait i l’honneur de i lui qui a le monopole di ci I inti n i Mais, quand on voit le bien commun ne pas dépendre d’un seul, chacun

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déjà remarqué au temps de la République romaine. » De reg. princip., 1. I, c. ni. Cf. Crahay, La politique de saint Thomas d’Aquin, Louvain, 1896 ; R. P. Montagne, 0. P., La pensée de saint Thomas sur les diverses formes de gouvernement, dans la Revue thomiste, janvier et juillet 1901 ; janvier et juillet 1902. Ce n’est donc pas un partisan Ae tel ou tel régime, que nous rencontrons chez saint Thomas, mais un critique impartial des avantages et des inconvénients inhérents au principe ou à l’abus de chacun. Cette liberté d’esprit explique bien la préférence finale du moraliste pour un régime tempéré, où les trois formes de gouvernement interviendraient chacune dans une certaine mesure : est eliam aliquod regimen ex istis commixlum, quod est optimum. Sum. theol., I a II", q. xcv.a. 4.

IV. LES ÉLÉMENTS DÉMOCRATIQUES HIC LA CONSTITU-TION parfaite. — Sum. theol., I a H » , q. CV, a. 1. « Relativement à la bonne ordonnance des pouvoirs dans une cité ou une nation, deux choses sont à considérer : 1° Que tous aient quelque part dans le gouvernement. Par là se conserve la paix du peuple : tout le monde aime et soutient l’ordre ainsi établi, comme le dit Aristote, Politique, 1. II, c. VI, § 15. — 2° Il faut considérer de quelle espèce est le régime existant, la hiérarchie des pouvoirs. Il s’en rencontre de plusieurs sortes ; mais comme le dit Aristote, Politique, 1. III, c. v, § 2, 4, les principales sont : 1° la royauté, gouvernement d’un seul, conformément à la vertu ; 2° l’aristocratie, gouvernement des meilleurs, confié à un petit nombre pour l’exercer d’après lu vertu. Par suite, la meilleure constitution dans une cité ou dans un royaume existe, là où un seul est promu selon la vertu, pour qu’il préside à tous, en même temps que, sous lui, d’autres gouvernent selon la vertu. Et aussi bien, ce gouvernement appartient à tous, parce que tous peuvent être élus aux charges d’après le suffrage de tous. Telle estla meilleure constitution : bien composée de royauté, en tant qu’un seul préside ; d’aristocratie, en tant que beaucoup gouvernent selon la vertu ; enfin de démocratie, en tant que les gouvernants peuvent être choisis parmi le populaire et qu’au peuple appartient l’élection des gouvernants. »

Ce plan de constitution fait une large part aux éléments démocratiques : 1° par le principe du suffrage universel ; 2° par le principe des charges électives, y compris la suprême. Saint Thomas dissocie donc là le principe monarchique du principe dynastique : le principe monarchique est sauf pour lui, du moment que représenté par un individu qui gouverne vraiment en chef, bien qu’assisté de conseils et contrôlé. Ce n’est plus le monarque absolu, seul détenteur de tous les pouvoirs ; ni le monarque constitutionnel ou le président électif, simples chefs de l’exécutif, avec un parlement souverain. On laisserait la pensée de saint Thomas, en voulant la réduire à l’échelle et au type de nos régimes modernes ; il faut la voir dans sa réalité originale, en dehors de nos classements actuels. S’il regarde un monarque comme l’un des éléments nécessaires di ii parfaite constitution, c’est un monarque électif, entouré de conseillers et d’agents élus, el sorti comme eux tous du suffrage univei sel L’i lite gouvernante et le chef suprême sont d’oi igim i I de facture démocratique.

v. ils RAPPORTS hi CETTE TBÉORU AVBl il : Vlini ISTBl POLITIQUE, lui n.l II m l

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étudié critiquement. Mandonnet, ristoteel le mouvement intellectuel du moyen âge, p 63, 05 aussi, ipn son long et méritoire effort d’abnégation personnelle

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