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DÉMOCRATIE


intéressé à ce que les frais de ces divers services ne le surchargent pas, voyant de ses yeux ce qu’on lui donne pour son argent, il sera un émérite contrôleur de ses mandataires et de son budget, et le plus économique : il les surveille gratuitement pour des motifs de bien propre. E. Guerrin, Les faux remèdes au mal social, dans La science sociale, 1887, t. iii, p. 362. On retrouve ainsi la démocratie directe, assistée de mandataires élus, responsables et contrôlés, dans l’administration des communes rurales comme dans le gouvernement des petits Etats où la vie est simple.

On constate en même temps le développement de la démocratie représentative, avec des mandataires élus, qui gouvernent eux-mêmes, plus ou moins contrôlés, à mesure que les Etats se compliquent par l’accroissement de la population, de la richesse et des groupements ou classes distinctes. En ce dernier cas, l’influence quotidienne des minorités au pouvoir, de l’administration, des partis, peut arriver à supprimer dans la pratique le contrôle du peuple, si les moyens légaux lui sont refusés à cet égard et si sa formation dans la famille, dans la commune, dans les associations professionnelles, ne l’exerce pas au contrôle de soi-même et de ses affaires. C’estdire que l’expression démocratie représentative exigerait encore bien des observations spéciales pour arriver à sa dernière précision.

L’on voit par là qu’il faut prendre l’expression « gouvernement du peuple par le peuple » comme la formule très générale, très inadéquate, d’un ensemble de faits, diversifiés largement par espèces et variétés. Cette formule ne suffit que pour tracer une démarcation sommaire entre aristocratie, monarchie et démocratie. Mais une notion précise, complète, scientifique de ce dernier régime ne peut s’acquérir que par l’analyse des types de sociétés et de gouvernements où, dans le concret, une commune, un canton souverain, un grand Etat se gouverne. Au prix seulement de ces observalions particularisées, on évitera ce que Le Play nommait « l’abus des mots » et « une phraséologie abrulissante. Malheureusement beaucoup de lettrés, de journalistes, de politiciens en donnèrent ou en donnent l’exemple, avec tant d’expressions d’un sens très respectable, mais 'employées ^ms discernement et sans précision ! Démocratie est du nombre, avec liberté, -.esprit moderne, science moderne, civilisation, l.n réforme sociale en France, t. iii, p. 306. Cf. L’organisatiou du travail, g 56-60.

2° Le second sens du terme démocratie dérive du premier. Qu’un peuple vive en république ou en moaarchie, du moment qu’il admet le suffrage universel, le peuple v participe au pouvoir. Dans un royaume ou « fuis mi empire, un élément de démocratie politique s’introduit alors au milieu de la constitution. Son

avéne ni noie en quel, pic sorte la minorité dei

teurs censitaires, capacitaires ou privilégiés dans une masse bien plus considérable d’ouvriers ou de paysans en 1848, le suffrage universel ajouta pn huit millions d'électeurs ouvriers et paysans aux deux cent mille censitaires de Louis-Philippe. Cel a ment politique, d’une part, et, de l’autre, les souffrant i

iquées dans la classe ouvrière par letransformations de l’industrie, popularisèrent l’idée de gowx ou profit du peuple, nier terme employé

dans le sens particulier de la classe ou i m pouvoir par ton droit de suffragi. cette

mullitud pi ! .

lus el la preste. L ancienne législatiot difla Paul Bureau, Le contrai de travail, Paris, 1902, ji. 209, Jll.cii. Benoist, L’organisation du ira

1905, p. ! », lu l’avén< ment politique de la di ratie, un mouvement d’opinion s’ensuit, qui réclame, étudie et provoque d

loi nouvelle sur les lyndl

assurances obligatoires contre les risques professionnels et accidents du travail, inspection des ateliers, lois sur l’hygiène des locaux et des habitations. A raison de l’inspirateur et du bénéficiaire de ce mouvement, qui est le peuple, classe ouvrière, tout ce mouvement social se qualifie démocratique. Dans ce nouveau sens, démocratie représente une fin spéciale de l’initiative privée et de l’action gouvernementale. Au lieu de désigner un régime politique, ainsi que le veulent son étymologie et son sens propre, il s'étend par analogie à un mouvement social en faveur de la classe ouvrière. Ce n’est plus S/jivoy.paT’a, ce serait plutôt £r, (jLo ; pi) ; a. Tel est le sens où nous disons : des mesures démocratiques, des lois démocratiques ; nous voulons dire : amies du peuple-ouvrier. Ce sens nouveau est devenu classique chez tous ceux qui s’intéressent au bien particulier des travailleurs manuels, soit de la campagne soit des villes. Fonsegrive, La crise sociale, p. 438, 440 ; Ch. Antoine, Cours d'économie sociale, p. 248. Nous verrons tout à l’heure comment Léon XIII s’achemina vers ce sens nouveau dans l’encyclique Berum novarum et le consacra définitivement à un usage chrétien dans l’encyclique Graves de communi.

II. La compétenxe des théologiens au sujet de la démocratie. — Les analyses de termes et de faits qui précèdent nous montrent la démocratie, régime politique, et la démocratie, mouvement social, comme deux faits naturels, qui relèvent de causes familiales, professionnelles, économiques, communales, gouvernementales, et qui se subordonnent essentiellement aux fins de la vie présente. C’est pourquoi la démocratie est étrangère de soi à l’objet propre du théologien, qui est le surnaturel et la fin dernière.

Un seul ordre de faits sociaux relève directement par soi de la théologie : les faits constitutifs de l'Église ; et aussi bien, appartiennent-ils au dépôt de la révélation. C’est la Jérusalem nouvelle, dont le plan, même sur terre, est descendu de Dieu, tracé dans ses grandes lignes par Jésus-Christ et par ses apôtres.

En revanche, nous constatons l’absence de tout enseignement révélé sur la démocratie dans l’Ecriture et dans la tradition. Et c’est pourquoi il n’en est pas question au cours du développement dogmatique réalisé

par les l’eres.

Mais, à partir des scolastiques, la démocratie devient, au contraire, un objet d'étude qui retiendra l’attention îles maîtres. Au xixe siècle, des papes. Pie IX et Léon XIII. lui donneront une place croissante dans les enseignements pontificaux. Voilà un double fait doctrinal, un double fait catholique, en face duquel on se demande ; i quel titre les papes et les docteurs croient devoir s’occuper de la démocratie.

Un régime politique, un mouvement social, ne se propage ou ne s’exerce pas, sans engager du droit ou île l.i violence, de la justice ou de l’injustice ; sans -., trouver non plus en sympathie ou en conflit avec les droits sociaux de l'Église. Ainsi, par des répercussi morales ou religieuses, la démocratie intéresse l'Église

i tes théologiens. Telle est du moins la conclusion ie i ili que nous suggère l’observation Bommaire di Faits, tassi, devons-nous aller plus loin. Pour chacun des pontil docteurs qui se sont occupés de la

démocratie, nous aurons < spécifier dans quelle situation sociale, de -a personne, de sa fonction, de SOH milieu civil ou religieux, il dut ou non intervenir à pi opos de démocratie. On ni trou era pas, néanmoins, dans cet article, des

ii eignements techniqui et spéciaux sur les Instilutions et mouvements démocratiques, sinon dans lu mesure où leur intelligence est ne expliquer 1rs doctrines catholiques, Nous ne di nous

i ni dans l 1 ' domaine réseï i é de I poli lique et sociale ; mais cependant n Ii ons sufflsam