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DEISME


Grande-Bretagne. En 1751, Samuel Reimarus (16941765) mettait au jour, comme un avant-coureur des audaces inouïes qui lui ont valu une triste célébrité posthume, ses Ab/iandlungen von den vornehmsten Wahrheiten der naturlichen Religion. Il y établissait que la vraie religion doit être cherchée et étudiée dans le cœur humain et dans la nature autant que dans le catéchisme. En 1759, Semler (1725-1791) écrivait que « la plus grande partie de la Bible n’est qu’une répétition de la religion naturelle ». On peut se rendre compte de la vogue considérable du déisme à cette époque par la multitude de livres ou de brochures qui paraissent pour l’appuyer et le réfuter, et dont on trouvera l'énumération dans Lechler, Geschichte des englischen Deismus, Stuttgart, 1841, p. 150-151 ; par l’importance que leur accordent les recueils savants, et aussi par les leçons faites dans les universités contre la diffusion de l’incrédulité. Thorschmid, Versnrh einer Freydenker-Bibliolhek, 1765, Vorrede, rapporte que, pendant la guerre de sept ans, les officiers supérieurs lisaient avec avidité les ouvrages de Collins et de Tindal. Il en avait lui-même été témoin. Laukhard, dans son autobiographie, raconte avec enthousiasme le plaisir qu’il eut à dévorer Le christianisme aussi ancien que le monde, de Tindal, et comment il y puisa la conviction absolue, « que les mystères ne peuvent pas être l’objet de la foi ; que ni I' -us ni les apôtres n’ont rien enseigné de pareil, mais seulement la religion naturelle, embellie ça et là par quelques images et métaphores orientales ; que ce sont ces images qui ont été transformées plus tard en mystères. »

L’exemple et les encouragements à peine déguisés de Frédéric II ne contribuèrent pas peu à renforcer le courant rationaliste. Ajoutez à cela le sensualisme de Locke, qui agit en Allemagne comme il avait agi en Angleterre. Les chefs du rationalisme d’outre-Rhin, Baumgarten (1706-1757), Semler (1725-1791), J.-Auguste Ernesti 1707-1781), .1. -David Michælis (1717-1791), ne parlent de Locke qu’avec vénération. Baumgarten en particulier s’appliqua à populariser ses écrits et ceux des autres déistes anglais, el il mitau service de ce dessein la puissante influence qu’il exerçait sur toutes les contrées de langue allemande par ses Nachrichtenvon HaUischen Bibliolhek, Balle, 1748-1751, et ses Nachrichten von merkwùrdigen Bûcher ii, Halle, 1752-1757.

Il n’est pas jusqu’aux réfutations anglaises du déisme, qui, traduites en allemand, n’aient, comme le remarquail déjà Ernesti, aidé à la pénétration des idées qu’elles prétendaient combattre, parce qu’elles faisaient trop « le concessions à l’erreur. Ceci est d’autant ns étonnant que plusieurs des traducteurs, tels Zollikofer, Rôsselt, Spalding, Jérusalem, glissaient euxmêmes sur la pente des idées nouvelles. Tous ces détails expliquent ni cette réflexion de Tholuck, te Schriften, 1839, t. i, p. i' : i Il vaudrait la peine de recueillir les idées des déistes anglais en critique, en i u _ se, sur le dogme, la morale et l’histoire ecclésiastique ; on se convaincrait ainsi bien vite qu’il a très peu d’opinions rationalistes qui appartiennent excluaivemi ni à notre époque.

i mouvement que je viens d’esquisser avait, en Allemagne admirablement préparé les voies à l’imbrutale appuyée sur la négation radicale. Lei

(1729-1781) devait étn dai, à peu pn i nu

Voltaire en i rance, l’initiateur et I ndard de

l’une et de l’autre. Il ouvrit bientôt les hostilités, pai la publication de Fragment » de Wolfenbûttel, 1771177*. On s : nt que les Fragment* d’un Inconnu, don) l’auieiir. fort bien connu de l'éditeur était Samuel Reimarus, poussaient I audace et la folie jusqu'à De voir dans Jésus, le fondateur do christianisme, qu’un

vil imposteur. Et cette énormilé était présentée comme le fruit spontané et naturel de la libre pensée, puisque Reimarus avait donné à son manuscrit le titre d’Apologie pour les adorateurs de Dieu selon la raison. Le torrent des négations à outrance était désormais déchaîné, et rien, en dehors de la foi chrétienne, ne pouvait plus l’arrêter. Vainement, quelques années plus tard, le génie de Kant, dans Die Religion innerhalb der Grenzen der blossen Vernunft, 1793, semble vouloir remonter un peu le courant et revenir à la conception déiste. Le kantisme tout entier servit bientôt de base ou de prétexte aux théories panthéistiques de Fichte, de Schelling, de Hegel ; le déisme germanique était absorbé par le panthéisme.

Aujourd’hui, c’en est fait du déisme comme école doctrinale distincte. Il est vrai que la franc-maçonnerie moderne pourrait partiellement être considérée comme une représentante attardée du principe déiste : elle affirme, du moins dans certains pays, l’existence d’un Dieu qui ne se soucie pas de troubler pour l’homme les jouissances de la vie et à qui il est parfaitement indifférent qu’on l’honore ou qu’on ne l’honore point. Mais, à l’exception peut-être de quelques cénacles fermés ou de rares et singulières individualités, on voit parce qui précède que, partout où il a sévi, le rationalisme déiste a accompli son évolution d’une manière assez uniforme : son point d’aboutissement plus ou moins rapide, mais inévitable, a été ou le panthéisme ou l’athéisme, et souvent celui-ci par celui-là.

VII. Doctrine catholique opposée au déisme. — Après cet exposé, il serait superflu de mettre en relief chacun des points qui, dans les différentes formes du déisme, vont directement à rencontre du dogme catholique. Ils seront repris et envisagés séparément dans d’autres articles de ce Dictionnaire. Voir notamment les mots Inspiration, Miracle, Mystère, Prophétie, Révélation, Surnaturel. Notons seulement ici que plusieurs des erreurs principales du système ont été solennellement condamnées, et les vérités opposées, solennellement affirmées par le concile du Vatican, soit dans les quatre chapitres de la constitution Dci Filins, soit dans les canons qui y sont annexés.

Ainsi, les canons 2e el 3* De revelatione définissent, avec la possibilité et l’utilité de l’ordre surnaturel en i il, la possibilité el l’utilité de la révélation. ('..ni. -2. Si quis dixerit fieri non posse, aul non expedire, ut per revelalionem. divxiiam homo de Deo cultuque ci exhibendo edoceatur, anathema sit. Can. : i. Si quis dixerit hominem ad cognitionem el perfectionem quæ naturalem superet divinitus evehi non posse, sedex seipsoad ornais tandem œri et boni possessionem jugi profectu /e ri in gère posse ac debere, anathema sit. Le 4e définit le caractère inspiré' des Livres saints : Si quis sacrx Scripturee libros integros cv/m omnibus suis partibus, proui illos sancta Tridentina synodus recensait, pro sacns et canonicis non msceperit, aul cos divinitus in wgaverit,

anathema sit.

De même, les quatie pi inons dogmatiques

De jide définissent la dépendance essentielle de la raison humaine à l'égard de Dieu et par conséquent le caract i itoin de la foi ; la notion propre de

ntiment de foi, en tant qu’il se distingue de l’assentiment rationnel ; la nécessité el la valeur des critères extérieurs de la révélation ; la possibilité des mira i leur valeur comn du fail de la révélation.

Can, l. Sx quis dixerit rationenx humanam ita inde pendentem esse, ut ftdes ei a Deo imperrn < non)>os$it, anathema rit ' Si quis dixerit fidemdivinam a nainiiiii de Deo et rébus moralibus icientia non distin* </', . a id (Idem divinam non requtri m

pler ii, , , toi ilatem » < < revelantis