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DÉISME


et tombe de négation « mi négation, l’our Herbert de Cherburj (1581-1643), la religion naturelle, en tant que noyau doctrinal commun a tons lea systèmes religieux et condition suffisante <lu salut, comprenait cinq propositions de certitude rationnelle : 1 il a un Dieu ; 2 il a droit a noire culte ; 9° La piété et la vertu sont les parties essentielles de ce culte ; 4° chacun doit se repentir de Bes fautes, et à celui qui se repent Dieu pardonne ; 5° il j a, soit dans cette vie, soit dans une ir à venir, îles récompenses pour les bons et des peines réservées aux méchants. Mais bientôt nous voyons les successeurs de Cherbury et les héritiers de ses principes, notamment Collins (1676-1729), Chubb (167$1-$27 47 BoHngbroke (1672-1751), nier ou révoquer en doute et la providence divine et la vie future. « Dieu, écrit Chubb, est un être qui n’a pas à s’occuper du bien ou du mal qui se fait parmi les hommes. La providence ne s’inquiète pas de savoir si quelques individus vivent dans une situation heureuse, d’autres dans la misère ; cela ne la regarde pas. » Il se moque du raisonnement qui de l’inégalité imméritée des conditions humaines conclut à une compensation à venir et à la nécessité d’une existence ultra-terrestre. Il compare le sort des (ils d’Adam à celui des chevaux, dont les destinées et les emplois sont si divers, sans que les moins favorisés puissent attendre un dédommagement quelconque. Bien que ces passages, d’une brutale franchise, semblent contredits par d’autres, il est clair du inoins que l’auteur n’avait sur rien une conviction ferme et arrêtée ; aussi déclarait-il insuffisantes les raisons qui militent en faveur de la survivance de l'âme au corps. Avec Bolingbroke, sceptique, léger, railleur, se défendant du reste d'être athée, le respect de la religion, même naturelle, a disparu : comme.Machiavel, Bolingbroke ne voit en toute religion qu’un instrumentum regni, un expédient politique pour gouverner la multitude naïve et ignorante. Après cela.il ne manquait plus au déisme que de renier ou de battre en brèche l’idée même qui en est le premier fondement, l’idée d’un être suprême. C’est ce qu’il allait réaliser sans tarder, par la plume de Henri Dodwell le jeune, dans Le christianisme dépourvu de preuves, 1743, et surtout par celle de Henri Hume (171 $1-$2776 », qui, sur les ruines du principe de causalité, fonde définitivement le scepticisme religieux, en même temps que le scepticisme philosophique. « Quelle est la fin de l’homme ? Est-il né pour le bonheur ou pour la vertu ? pour cette vie ou pour une vie future ? pour lui-même ou pour son auteur ? Questions tout à fait insolubles, » dit Hume. Et il ajoute que « c’est une succession d’impressions qui seule constitue l’esprit », et « pie notre persuasion de l’existencede Dieu repose uniquement sur « un instinct « ou « préjugé naturel ». Ainsi, d'étape en étape, le déisme d’Herbert de Cherburj finissait par sombrer dans la négation des principes les plus clairs et les plus essentiels, de ces principes qui, comme celui de la relation de la cause et de l’effet, sont le fond même de l’intelligence humaine.

Malgré le nombre, la qualité et l’ardeur de ses champions, le déisme, en Angleh rre, n avait point réussi à pénétrer fortement l’esprit public. Les attaques contre le christianisme et les mystères qu’il impose à la foi, contre l’inspiration de ses livres sacrés, conta miracles et ses prophéties, qu’un déclarait impossibles, recevables seulement c des ail gories, radicalement dénués de valeur probante, n’avaient pas encore atteint profondément les masses croyantes, raine l’a constaté en termes dignes d'être remarqués. En vain, dit-il. Histoire de la littérature anglaise, 1863, t. iii, p. 60-61, au commencement do siècle, les librespenseurs s'élèvent ; quarante ; in> plus tard, ils sont noyés dans l’oubli. Le déisme et l’athéisme ne sont ici qu’une éruption passagère. Les professeurs l. édit. Houssiaux-Didot, t.. p. 560 ; t. . p. 128, l’absence complète de scrupuledans le choix des moyens ; la foule d’adulateurs et de coopérateurs que lui avait attirés s.i renommée, cultivée par lui-n. avec une rare intelligence ; enfin, l’agi avancé jusqu’où