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DÉCRÈTALES (LES FAUSSES ;


être une supercherie ; 2. Otgar en faveur de qui, suivant les protagonistes de la thèse, la compilation aurait été faite, était mort avant l’apparition des Fausses Décrétâtes ; 3. on ne voit pas qu’il fût spécialement question, à Mayence, de luttes contre les chorévéques ; 4. Rhaban Maur, successeur d’Otgar sur le siège de Mayence, ne cite jamais les Fausses Décrélales même après que Hincmar s’en fut servi ; 5. les larges extraits de la correspondance de saint Boniface ne sont pas dans les manuscrits du type primitif de la compilation.

Province de Reims.

La province de Reims a, de son coté, de nombreux partisans. Quelques-uns ont poussé leurs déductions assez profondément pour croire qu’ils pouvaient indiquer jusqu'à l’auteur probable de la collection ; les uns, le clerc Vulfade, adversaire d’Hincmar, les autres, Ebbon, l’ancien archevêque et compétiteur du nouveau titulaire. C’est l’opinion de maîtres comme Weizsâcker, Roth, Dove, von Noorden, llinschius, Friedberg, Lurz, A. Tardif, Ph, Schneider, F. Lot, E. Lesne. Voici leurs principaux arguments : 1. il y eut à Reims une question des chorévéques, et Hincmar (845-882) se montra peu favorable à leur institution ; 2. il s’occupa tout particulièrement de rentrer en possession des biens enlevés à son église pendant la vacance qui suivit la déposition d’Ebbon ; 3. c’est là que s'était produit, durant la première moitié du IXe siècle, l’un des plus violents parmi les conflits auxquels prétendait remédier la nouvelle compilation : le procès d’Ebbon, archevêque de Reims, déposé, puis replacé sur son siège, puis déposé de nouveau, toujours sous la pression de mouvements politiques, -.mqu’on lui laissât parfois la liberté de se défendre, et que l’on avait réduit quelque temps à la communion laïque : i. c’est à Reims que l’on rencontre les premières citations dûment constr tées des Fausses Récrétales.

On a répondu à ces divers arguments : 1. l’eu importe qu’il eût à lieims une question des chorévéques et que Hincmar leur fût opposé : ce n’est certainement pas Hincmar qui avait besoin des Fausses Décrétâtes dans sa défense contre Ebbon et ce n’est ni par lui ni par ses ordres que l'œuvre fut compilée ; 2. ce n’est pas seulement à Reims, c’est partout dans l’empire, qu'à la suite des guerres de Louis le Pieux contre ses enfants, les églises furent pillées ou dépouillées ; 3. il y eut, en effet, < lieims. des luttes particulièrement vives ' 1 occasion d’Ebbon, surtout en 835 et 840. M. us. à partir île l'élection d’Hincmar, une accalmie complète, pendant la période 847-ST>l ; est-il vraisemblable que Vulfade et ses.unis aient consacré leurs loisir-.i - munir de documents pour une

ion, surtout au moment où leur ancien évéque, Ebbon, atteignait la vieilt se rapppochail.i grands pas de la tombe — Ebbon mourut en 851 - el eux-mêmes, les clercs ordonnai h i bbon, n’avaient plus d’autre ressource que la clémence d’Hincmar ? i. Enfin, si l’on voit, à l’occasion du procès soulevé entre Hincmar et ces clercs, m< ttre au jour divers* - pièces apocryphes apparentées aux l ausses Décrétâtes, soi) dans la Narratio clericorum Remensium, soit dans VApologeticum Ebbenit, ce fait n’a pas toute la signification que d aucuns lui atti Ibuent, itationt sont indubi tablement postérieures à celles faites par Hincmar, ei l’on ne comprendrait absolument pas que. Un, soupçonneux et pénétrant, toujours très informé de ce qui

Hincmar ait ignoré que Is compilation qu’il citait eût été fabriquée dans son

dÏ0( eux, contre lin. p.ir ses

Inférieui i I

I i n présence des difficultés

que ittributions préi denti —, quelques

critiques ont cherché la patrie du pseudo Isidore dans

la province de Tours. — 1. La situation de cette province, vers le milieu du IXe siècle, fut, en effet, des plus douloureuses. A la suite de la révolte de la Bretagne sous Noménoé, on vit des évêques poursuivis et condamnés par des tribunaux laïcs, sans avoir pu se défendre, chassés de leurs sièges, leurs églises pillées et dépouillées de tous biens ; on vit la province de Tours démembrée contre tout droit, le titre de métropole accordé à une bourgade obscure et sans histoire, les quatre évêques poursuivis par le roi breton, livrés au tribunal séculier, pieds et poings liés, menacés de mort s’ils n’avouaient les crimes qu’on leur imputait, chassés, errants, misérables, sans aucun espoir de remonter sur leurs sièges, car la discipline, contre laquelle le pseudo-Isidore protestait, prétendait leur interdire le bénéfice de toute translation ; c’est dans la Bretagne révoltée que l’on voit le plus fréquemment les évêques consacrés par un seul évêque ; au lieu de la paroisse normale desservie par un curé soumis à l'évêque sans intermédiaire, on y voit, à la tête des paroisses, des moines soumis, non à l'évêque chef du diocèse, mais à l’abbé du monastère d’où ils sortent. Bref, la situation des églises bretonnes est bien celle que le pseudo-Isidore condamne et veut réformer. — 2. L'Église du Mans était particulièrement exposée aux incursions des Bretons : Noménoé occupa même la ville du Mans en 850 ; l'évêque, Aldric, avait donc lieu de craindre le sort qui avait été infligé quelques années auparavant à ses collègues de la Bretagne proprement dite, d’autant plus qu’il avait été chassé déjà une fois de son siège. — 3. Il y a une parenté indéniable entre les Fausses Décrétales et plusieurs textes originaires du pays inanceau : a) par exemple avec la bulle apocryphe par laquelle le pape Grégoire IV est censé faire observer, le 8 janvier 885, que, si Aldric est accusé, il pourra toujours en appeler au saint-siège ; or il parait bien évident que nul, en dehors de la province de Tours, ne s’inquiétait à ce point d’Aldric ; b) les mêmes idées avec les mêmes phrases caractéristiques, qui les expriment dans les Fausses Décrétâtes, reparaissent souvent dans un prétendu Memoriale d’Aldric, inséré dans les G esta Aldrici, et qui n’a aucun intérêt en dehors du diocèse du Mans ; c) non seulement on rencontre les mêmes idées et les mêmes phrases, mais aussi le même souci d’attribuer ses dires à des papes des premiers siècles. Telle est l’hypothèse entrevue par llinschius, développée par Langen (qui pensa pouvoir affirmer que le père de la compilation était Loup, abbé de Ferrières, opinion restée sans écho), enfin par Sinison qui fixa le lieu d’origine au Mans. Simson fut suivi par Mu 1 Duchesne, MM. P. Viollet, , 1. Havet, P. Fournier. Ph. Schneider (art. l’scudo-Isidiir, dans Kirchenlexikon, 2e édit.), Dôllinger. Aujourd’hui on attribuerai) la rédaction au diacre Léotald.

.Nous devons reconnaître que si le débat paraît bien circonscrit entre la province de lieims et celle de Tours, que si chacune a des partisans sérieux et bien informés, que si l’opinion qui tient pour la province de Fours ; ourd’hui plus favorisée, il est pour tant impossible de faire en laveur de lune une démonstration qui exclue toute probabilité pour l’autre.

VI. INFLUENCE 8UF i DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE. —

Une question plus importante pour nous est celli Quelle influence les Fausses Dé ont-elles

exercée sur la discipline ecclésiastique, soit dans le monde frani oil i Rom

l Demi le monde franc. — Elles y ont exercé une influenci considi i ible. <>n a m la collection citée par Hincm ir di - le mois de novembre 85 ' I i textes doriens sont invoqués i ncon a par le même Hincmar de !  ! De divortio Lothorii et

Teutbe gm, l< Hbertalum defetu

i, i. nu, m 1 i.ii.it li -j' Chauvi -m la saisis dis