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DÉCRET l I 208

consultations, le nom de retcril di constitu tions ayanl pour objel des personnes privées ou des cuised’ordre particulier. Les termes butte ou bref indiquent seulement la forme extérieure dans laquelle sont envoyés l< décrétâtes, rescrits, etc.’oir

nuls.

A l’origine, le terme décrétale avait un sens plus étendu : il ne désignait pas seulement les ordonn ai il ss papes, mais encore celles des évéques. Il avait aussi des synonymes, comme conslitutum, auctoritas. Maassen. Geschichle </</ Quellen und der Lileratur des kanonischen Rechts, p. 228.

Le premier document, semble-t-il, où le mot décrétale paraisse avec le sens que nous lui donnons, pour désigner les ordonnances des papes, est la lettn pape Sirice à l’évêque Himerius de Tarragone, où il dit : ad servandos canones et tenenda dscrbtalia constituta magis ac magis incilamus. Maassen, op. cit., p. 230,

Enfin le mot a reçu dans la suite un nouveau sens : il désigne parfois le recueil lui-même des décrétâtes. II. Recueils ou collections.

1° Antérieurs à Gratien. — Provenant du chef suprême de l’Église, les décrétâtes des papes avaient une très grande importance, et les mêmes cas se représentant plus ou moins identiques partout et donnant lieu aux mêmes difficultés, les réponses pontificales étaient souvent communiquées d’église à église. Bientôt on jugea utile d’en faire des collections ou recueils aussi complets que possible.

De ces collections, les unes générales, les autres particulières, quelques-unes sont à peine connues, d’autres ont été célèbres. Voir l’historique dans Maassen, op. cit. Nous citerons seulement celle de Denys le Petit, avec ses formes ou ses modifications postérieures, la collection de Ouesnel, VHispana, celle des Fausses Décrétâtes ; on en trouvera une liste, pour celles qui ont paru avant le milieu du iv siècle par exemple, dans Maassen, op. cit. A partir de cette date, les collections qui étaient plutôt disposées dans l’ordre chronologique, prennent un ordre systématique, par matières, et visent à devenir de plus en plus complètes. On cite parmi elles la Collectio Anselmo dedicata, celle de Réginon de Prûm, le Decrelum de Burchard de Worins et celui d’Yves de Chartres, voir DÉCRETS, col. 206, la Collectio Anselmi, celles du cardinal Deusdedit, de Bonizon, celle de Saragosse, le Polycarpus, etc. Toutes furent dépassées et remplacées par celle de Gralien : Concordia discordantium canonum, plus tard communément nommée le Décret. Voir Gratikn.

Postérieurs à Gratien.

1. Antérieurs à Grégoire

IX. — Le Decretum de Gratien exerça dans le domaine des études canoniques une influence féconde, et ce renouveau eut pour conséquence naturelle des discussions de cas plus juridiques, plus cohérentes. des appels au pape plus nombreux. En même temps, ei pour d’autres causes encore, le pouvoir des papes était appelé à s’exercer davantage ; quand ces papes étaient des hommes et des canoniales comme Alexandre III et Innocent III, leurs décrétales, s’élevant au-dessus du eas terre à terre qu’on leur avait présenté,

avaient une portée plus haute et pour ainsi dire universelle, elles el. lient plus dénia ndéos ; aussi le le.islre d’Alexandre 111, par exemple, ne contient pas moins de 8939 numéros et celui d’Innocent III plus de 5000.

D’autre part, les deux conciles de I.alran de 1179 el de 1215 prirent des décisions 1res importantes et d’une Fréquente utilité pratique. Il faudrait s’étonner si ces textes n’eussent pas été recueillis et ajoutés au Décret. La première collection que l’on adjoignit ainsi au Decretum fui VAppend Lateranensis. Divi en."iii parties (portes] et, "> : î7 chapitres, el mi point grâce è plusieurs recensions successives, elle contient avec les statuts de Latran (1179), d’autres

pi, ces, par exemple des décrétait

canons de conciles. te|~ rj u. celui de Tours de 1 Elle fut imitée par d’autres collections moins connues : la Collectio Bambergensit, la Collectio Lipsiensis, la Collectio Casselana, distribuées touteen division à deux degrés : jiartes, libri ou titutt et ta/nla.

I ne nouvelle collection, plus méthodique, fut faite par un des canonisles les plucélèbres de l’époque, Bernard de l’a - ou simple ment Papiemis). Nommée d’abord, Breviarium extra gantium, ou par son auteur, I IravaganHum

et ailleurs Décrétâtes etextrm Vagantia

crela] extra [Decretum]), elle est d | lus com munément aujourd’hui sous le nom de Compilatic I Le dessein du compilateur était, comme celui de devanciers.de compléter Gratien. Mais ce qui le distingue d’eux tous et lui donne une importance hors de pair, c’est l’ordre dans lequel il distribua sa matière : il la répartit en une division à troi livres, tit

chapitres. Les livres étaient au nombre de cinq dont la Glose exprima l’ordre et l’objet dans l’hexamètre bien connu :

Judex, judicium, clerus, connubia isponsalia). crimen ;

le I « traitant de la personne et des devoirs du juge, le IIe du jugement et de la procédure, le IIP de l’étal clercs et des moines, le IVdu mariage. I crimes et délils. Dans ces cinq livres on avait réuni, sous 152 titres. 932 chapitres. Malgré cette masse de documents, la compilation restait dans des limites convenables : l’auteur, afin d’alléger son œuvre, avait fait des coupures dans les documents très nombreux, patristiques, conciliaires, etc. dont il s’était servi : il n’en insérait que la partie qu’il jugeait nécessaire, en omettant tout le reste ; les omi-- ni indiquées par le renvoi : et infra. La collection parut après 1191, lorsque Bernard avait déjà échangé’la prévôté « le 1’contre l’évêché de Fænza.

Nous nous sommes un peu étendu sur cette compilation, à cause de l’influence prépondérante qu’elle exerça sur les suivantes et en particulier sur celle de re IX. Quoiqu’elle ne fut qu’une œuvre privée et sans caractère officiel. elle servit de texte pour les leçons et fut commentée par les maîtres qui l’entourèrent de gloses. Aussi, de ce jour, les canonisles. jusque-la nommés décrétistes, reeurent parfois le nom de décrétattstesXa citation des textes, quand on y renvoyait, se faisait en indiquant le chapitre, suivi du mot Extra ou simplement X et de l’énoncé du titre.

L’exemple de Bernard fut imité. Ses successeurs continuèrent son œuvre en colligeant les textes qui lui avaient échappé en même temps que les décrétales nouvelles et l’on eut. dans l’ordre chronologique, les Compilationes III. II. IV* et V*, pour ne mentionner que celles-là. Deux d’entre elles eurent un caractère officiel, la Compilatio III*, envoyée par 1 un, cent 1Il lui-même a l’université de Bologne, afin qu’elle servit tatn in judiciis quam in scholis, bulle Devotionis vestrm (28 décembre 1210. et la Compilatio F » , envoyée aussi par llonorius 111 à l’illustre canoniste Tancrède, alors archidiacre de Bologne, avec Tordre quatenus e letnniter publicatis, absque ullo scrupulo dubitationis ut arts, et al> aliis recipi farias, ta » > in judiciis (/iicoji in scholis. Bulle A i sariini, de 1236 ou 1227. routes ces collections étaient faites sur le modèle le de Bernard de Pavie.

L’un des motifs qui axaient pousse Innocent 1Il i donner sa compilation et à l’envoyer à l’université de Bologne, cet. ut d’exclure une compilation faite par Bernard de Compostelle qui contenait dedécrétales rejetées par la curie romaine. Mais toutes les difficultés n’étaient pas exclues de ce fait. Grégoire IX a marqué lui-même en termes concis les défauts de toutes ces