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DIOSCORE — DISCERNEMENT DES ESPRITS


ses violences non moins que par ses compromissions avec l’hérésie eutychienne.

Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, l’aris, 1700-1710, t. xv, passim ; Ceillier, Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastupies, Paris, 1831, t. x, p. 669-690 ; Hefele, Conciliengeschichte, Fribourg-cn-Brisgau, 1856, t. H, p. 392-545 ; trad. Leclercq, t. ii, p. 669 sq. ; Largent, Études d’histoire ecclésiastique, Paris, 4892, p. 141217 ; Dictionary of Christian biography, de Smitli et Wacc, Lundres, 1877, art. Dioscorus ; Kirchenlexikon, 2- édit., Fribourg-en-Brisgau ; Realencijklopàdie fur protest. Théologie und Kirche, 3’édit., Leipzig, 1896 ; F. Nau, Histoire de Dioscore et de son disciple Théophiste dans le Journal asiatique, 1903.

G. BAREILLE.


DIOTALLEVI François, né à Rimini en 1579, étudia la philosophie et la théologie à Home. Sous Clément VIII, il prit une part active aux discussions sur la fameuse question De auxiliis, et il écrivit un Opusculum de concursu Dei ad avius liberos voluntatis créâtes, Lyon, 1611, pour soutenir la doctrine des jésuites. Sacré évéque de San-Angelo de’Lombardi, dans le royaume de Naples, il fut envoyé comme nonce en l’ologne ; il y remplit cette charge pendant sept ans. Peu après son retour à Rome, il mourut en 1620, à l’âge de il ans. Il a laissé un traité manuscrit De usuris qui n’a pas été édité.

Moreri, Le grand dictionnaire, Paris, 1759, t. IV, p. 483.

E. Mangenot.


DIROYS François, né en 1620, docteur de Sorbonne, mort en 16 l J0 ou 1691 chanoine d’Avranches. D’abord lié avec Port-Royal, il s’en sépara à l’occasion du Formulaire dont il se rendit l’apologiste. Son mémoire pour justifier la condamnation des cinq propositions de Jansénius fut traduit en latin et imprimé à la suite de YElucidalio augustiniana de divina gratia, Cologne, 1705. Nicole composa l’Examen d’un écrit de M. Dirois (sur la soumission due aux jugements de l’r.glise concernant les livres), qui a été imprimé en 1706 à la fin d’un recueil sur le Formulaire. Son ouvrage le plus important est intitulé ; Preuves et préjugez, pour la religion chrétienne et caUiolique contre les fausses religions et l’athéisme, in-4o, Paris, 1683. Il avait accompagné à Rome le cardinal d’Estrées en 1612. Il s’y trouvait, lorsque la reine de France lit demander au pape un décret sur l’immaculée conception de Marie, et il écrivit une dissertation pour montrer qu’il était sage de ne rien prononcer à ce sujet.

Michaud, Biographie universelle, t. xi, p. 104 ; Féret, La faculté de théoloaie de Paris, Époque moderne, Paris, 1906, t. iv, p. 204-208.

A. Ingold.


DISCERNEMENT DES ESPRITS. -
I. Dans l’Ancien Testament.
II. Dans le Nouveau Testament.
III. Chez les Pères.
IV. Selon saint Thomas d’Aquin.
V. Selon V Imitation de Jésus-Christ.
VI. D’après Pierre d’Ailly.
VII. D’après Gerson.
VIII. D’après saint Ignace de Loyola.
IX. Selon les Arabes.
X. rdude psychologique.
XI. L’art du discernement. Sa nécessité. Les moyens de l’acquérir.
XII. L’exercice du discernement entre l’homme et les causes extérieures.
XIII. L’exercice du discernement entre Dieu et le démon. Les fruits de l’action divine ou diabolique.
XIV. Les modes ouverts de l’action divine ou diabolique.
XV. Les modes cachés de l’action diabolique.
XVI. Étude théologique. Le don du discernement.

L’homme subit de nombreuses influences ou plutôt est exposé par sa nature vitale, corporelle ou sensible, à toutes les influences. Son corps reçoit les influences du milieu dans lequel il est plongé et bien qu’il réagisse, cependant il en garde toujours ce quelque chose qui constitue les caractéristiques individuelles, les traite île la famille et même de la race. Pareillement, l’âme, la volonté sont à la merci d’impressions multiples. La vie, la liberté réagissent, mais leurs actes et leurs décisions portent l’empreinte des sollicitations ou déterminations du dehors. La volonté humaine, bien que libre, est, avant qu’elle prononce définitivement, mue, attirée, poussée, retenue, menacée par une foule de motifs qui l’agitent comme les Ilots secouent la barque en mer. Une étude savante de tous les éléments du fail, pourrait déterminer le coefficient de toutes les forces dans la marche de la barque et dire dans quelle proportion elles ont concouru à l’accélérer ou à la retarder, à l’orienter ou à la contrarier. L’étude que nous entreprenons part de la même constatation de forces innombrables agissant sur la marche de la volonté humaine et cherche à fixer les règles d’après lesquelles on peut essayer, autant que la chose est humainement possible, de déterminer la part de ces forces dans les décisions de la liberté ou au moins dans les mouvements qu’elle subit et qui précèdent ou suivent ses décrets.

I. Dans l’Ancien Testament.

Le problème existe depuis les origines mêmes de la race. Entrons au paradis terrestre. Adam et Eve ne sont pas abandonnés à eux-mêmes. Dieu leur apparaît, leur parle, leur donne des ordres ou les lie par des prohibitions ; Satan sous la forme du serpent les pousse à la désobéissance ; les fruits de l’arbre de la science du bien et du mal, et les perspectives mêmes de cette science qui leur fera connaître le mal comme le bien les séduisent et les attirent ; Eve, qui a (’coûté le serpent et contemplé l’arbre fatal, sollicite Adam, et tous deux ballottés un instant entre le souvenir des bienfaits et des prescriptions du Seigneur et les conseils pervers du serpent et de la convoitise, finissent par succomber. Ils ont méconnu les règles du discernement des esprits. Dans les mouvements qui se soulevaient en eux, ils auraient dû discerner ceux qui les portaient vers l’obéissance, qui venaient de la voix de Dieu, de ceux qui les détournaient des devoirs et venaient du démon et de l’orgueil de la raison. Aussi Dieu vient-il leur reprocher leur faute et les châtier. Il leur rappelle à ce sujet une règle fondamentale du discernement des esprits ; ces esprits sont mauvais qui portent à désobéir à des commandements certains de Dieu. « Parce que tu as mangé de l’arbre, dont je t’avais ordonné de ne pas manger, la terre est maudite à cause de toi. » Gen., iii, 17.

Jusque-là Adam et Eve n’avaient eu qu’à discerner l’esprit divin dont ils reconnaissaient la présence et le souille a quand il passait dans le jardin à la brise du jour, » Gen., iii, 8, et l’esprit diabolique quand, caché sous la forme du serpent, il les incitait au mal. A la suite de leur faute, la concupiscence qui était liée en eux par un don préternaturel, fut déchaînée ; la chair commença contre l’esprit, cette lutte cruelle dont saint Paul se plaignait et qui dure encore ; de nouveaux mouvements s’élevèrent en l’homme suscités par la concupiscence et avec ceux qui venaient du Seigneur et du démon, furent pour la conscience un nouvel objet de discernement. A partir de ce jour l’homme eut à discerner au fond de son être les aspirations suscitées par Dieu, celles soufflées par le diable, et celles île li concupiscence ou de la nature corrompue. L’objet total du discernement des esprits est constitué : ces esprits sont, comme nous le verrons plus loin, l’esprit de Dieu, l’esprit du démon, l’esprit de l’homme déchu.

Tendant les longs siècles qui précédèrent la venue du Sauveur, nous voyons ce triple esprit envahir l’homme et celui-ci obligé, pour sa conduite morale, de distinguer entre les mouvements qui en procèdent. Dieu connaît toutes les voies de l’homme et tandis qu’elles paraissent pures aux yeux de celui-ci, « Jéhovah pèse les esprits. » Prov., XVI, 2. Il communique son esprit quand il lui plait, il le retire de ceux qui s’en sont rendus indignes et permet qu’ils soient envahis par l’esprit mauvais. L’histoire de Saûl nous