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DIODORE DE TARSE — DIOGNÈTE (ÉPITRE A)


Tarse, on a tiré de la Chaîne de Nicéphore, Leipzig, 1772-1773. des fragments sur la Genèse, P. G., t. xxxiii, col. 1561-1580, sur l’Exode, ibid., col. 1579-1586, sur le Deutéronome, ibid., col. 1585-1586. sur les Juges et sur I Rois, ibid, col. 1587-1588. On a aussi tiré de Mai, Nova Palrum bibliotheca, t. vi b, p. 240-258, et de B. Cordier, Expositio Patrum græcorum in Psalmos, Anvers, 1643, plusieurs fragments sur les psaumes LI, lxxiv, lxxxi-XCV, d’après les Septante, ibid., col. 15871628. Tous ces débris ont besoin d'être passés au crible. Les 23 scolies latines sur l’Exode, publiées par dom Pitra, Spicilegiam Solesmensc, Paris, '1852, t. i, p. 269275, mais non recueillies dans P. G., sont pareillement d’une authenticité douteuse, et, de plus, n’ont aucune importance.

A rencontre de l'école d’Alexandrie, Diodore avait à cœur le triomphe sans partage de la méthode historique et grammaticale. La dissertation qu’il avait annexée en appendice à son commentaire des Proverbes, sans peut-être la faire paraître à part, « Sur la différence de la théorie et de l’allégorie, » n’a malheureusement pas survécu. Diodore, assurément, y mettait en relief ses principes herméneutiques ; à l’interprétation origéniste, àXXïiyopt’a, laquelle lient peu ou point décompte du sens littéral et va endélinitive à substituer la pensée de l’exégète à celle de l’auteur sacré, il opposait sans doute, comme légitime et nécessaire, l’interprétation prophétique et typique, Os&>p : a, sur la base inviolable du sens littéral et de l’histoire. H. Kihn, Ueber Deropîa und à).Lï]yopt’a, nacli den verlorenen hermeneutischen Schriften der Anliochener, dans Tïtb. Quartalschrift, 1880, p. 531-582 ; Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1909, t. ii, p. 13.

2° Indépendamment de ses travaux d’exégèse, Diodore avaitlaissô nombred’ouvragesthéologiques, polémiques, apologétiques. Il paraît bien que le catalogue de Suidas, loc. cit., pour ample qu’il soit, n’est pas complet. Mais ces livres, à de très rares exceptions près, ne nous sont connes que par leurs titres. On retrouve néanmoins dans Photius, Bibliotheca, cod. 223, P. ('<., t. ciii, col. 829-877, la substance, avec de copieux extraits, d’un grand ouvrage en huit livres, Contre le destin, Karà £ipp.apiAÉviriç, ou, selon Suidas, Contre les astronomes, les astrologues et le destin. Photius, ailleurs, op. cit., cod. 85, P. G., t. ciii, col. 288, apprécie un écrit de Diodore contre les manichéens ; et, d’un autre écrit contre les synousiastes ou apollinaristes, nous possédons les extraits qu’en a faits Léonce de Byzance. Adv. Nest. et Eutych., iii, 43, P. G., t. lxx.wi, col. 1385-1388. On projette en Allemagne un Corpus operum Diodori. P. de Lagarde a recueilli dans ses Analecla si/riaca, Leipzig et Londres, 1858, p. 91-100, une version syriaque de quelques fragments dogmatiques.

M. Harnack, Texte und Untersuchungen, 1901, nouv. sér., t. VI, fasc. 4, reprenant une thèse de La Croze au xviiie siècle, Thesaur. epist. Lacroziani, 1736, t. iii, p. 274 sq., attribuait naguère à Diodore de Tarse quatre écrits pseudo-justiniens, tous originaires de la Syrie ou plus exactement, d’Antioche : les Ou*stiones et responsiones ad orthodoxos, les Quæstiones christianse ad gentiles, les Qmvstiones gentiliuin ad christianos, et la Confutalio quorumdam dogmatum Aristolelis. Mais M. Funk, Revue d’histoire ecclésiastique, Louvain, 1902, t. iv, p. 4, au nom des critères internes — doctrine et terminologie trinitaires, peinture de la situation de l’Eglise — abaisse la date de ces écrits pseudo-justiniens jusqu’au milieu du Ve siècle, et en dénie par conséquent la paternité à Diodore.

III. Doctrine.

La théologie de Diodore acquit dans la suite une triste célébrité. Celui en qui Théodose avait salué « le boulevard de l’orthodoxie de Nicée », fut, peu après sa mort, accusé d’hérésie. Nul doute, en

effet, que la doctrine de l'évêque de Tarse ne recelât les germes des erreurs qui s'épanouiront dans les ouvrages de Théodore de Mopsueste, et que l'Église condamnera tour à tour sous les deux formes, étroitement apparentées entre elles, du nestorianisme et du pélagianisme. Dans le naufrage à peu près completdes écrits de Diodore, il est aujourd’hui malaisé de saisir et de pénétrer jusqu’au fond de sa pensée. Mais saintCyrille d’Alexandrie, vers 438, dans un ouvrage en trois livres, dont il ne nous est resté que de courts fragments, Léonce de Byzance au VIe siècle, op. cit., iii, 9, P. G., t. lxxxvi, col. 1364, et Photius au IXe siècle, op. cit., cod. 102, P. G., t. ciii, col. 372, ont unanimement dénoncé Diodore comme l’ancêtre et le précurseur de Nestorius, comme le premier auteur des blasphèmes de Théodore de Mopsueste. Aussi bien, les fragments de Diodore qui ont survécu, leur donnent raison. L’ardeur de la polémique contre les ariens et contre les apollinaristesf pour garantir à la fois la divinité véritable et la parfaite humanité du Christ, a entraîné Diodore dans un excès contraire. Diodore, assurément, aurait pu enseigner deux hypostases en Notre-Seigneur, sans être de ce chef noté d’hérésie, le terme d'/ti/postase ayant été pris souvent chez les anciens dans le sens de nature. Mais il admet expressément, P. G., t. xxxiii, col. 1559, la dualité des personnes en Jésus-Christ ; il reconnaît en lui deux Fils de Dieu, l’un, le Verbe, qui l’est par nature, l’autre, qui ne l’est que par adoption, chacun d’eux avec sa naissance et sa personnalité distincte. A l’union hypostatique se substitue l’union morale. C’en est fait du mystère de l’incarnation ; tout se réduit à l’inhabilation, kvoUrOK, du Verbe dans un homme, qui devient ainsi comme le temple, comme le vêtement du Verbe. C’en est donc fait également du dogme de la maternité divine de Marie. De bonne heure, la doctrine et les œuvres de Diodore furent frappées des censures ecclésiastiques. Elles ont été condamnées, en 499, par un concile de Constantinople, Hefele, « </>. cit., t. ii, p. 947, et par un concile d’Antioche, en 508 ou 509. Id. ibid., t. ii, p. lOOi. Mais, ' dans les actes du Ve concile général, en 553, on ne trouve pas trace d’un anathème contre Diodore de Tarse.

Tillemont, Mémoires, t. VIII, p. 508-568, 802-804 ; Ceiliier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, 7f édit., t. v, c. v ; Fabricius, Bibliotheca græca, édit. Harless, t. ix, p. 277-282 ; Bardenhewer, Les Pères de VÉglise, nouv. édit., Paris, 1905, t. ii, p. 137-141 ; H. Kihn, Ueber iiw/^ und 4Ur, T o ? ; «, næh den verlorenen hermeneutischen Schriften der Antior.hener, dans Tùb. Quartalschrift, 1880, p. 531-582 ; Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1009, t. ii, p. 9, 13, 95 ; L. Ducliesne, Histoire ancienne de VÉglise, 3e édit., Taris, 1908, t. ii, p. 601602.

P. Godet.

    1. DIOGNÈTE (ÉPITRE A)##


DIOGNÈTE (ÉPITRE A).- I. Tradition. II. Objet. III. Intégrité. IV. Auteur, destinataire, date. V. Caractère.

I. Tradition.

La célébrité, pour ne pas dire la popularité, de l'Épitre à Diognète ne remonte point au de la de l'édition princeps qu’Henri Estienne en a donnée, Paris, 1592. Ni l’antiquité chrétienne ni le moyen âge n’ont parlé de l'Épitre à Diognète. On ne l’a retrouvée que dans un seul et unique manuscrit, le Cod. A rgentorat., 9. Manuscrit du xiiie ou du XIVe siècle, qui probablement reproduisait un texte du vu 1 ' et qui, passé des mains de Jean Reuchlin vers 1560 dans l’abbaye de Munster en Alsace, puis, entre 1793 et 1795, dans la bibliothèque de Strasbourg, a péri du fait du bombardement de cette ville, le 24 août 1870. Il nous en reste présentement deux copies, prises sur l’original : l’une, en 1579, par M. Bern. Hausius, et qui se conserve à la bibliothèque de Tubingue, M. b. 17 ; l’autre, par Estienne lui-même, un peu à la hâte, en 1586, et que possède aujourd’hui la bibliothèque de Leyde,