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EGLISE

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Connu, in Matlh., xiii, I, P. L., t. i, col. 993. Saint Aml>roise, interprétant Luc, vil, lit, observe que si, parle doigt de Dieu, les démons sont chassés, de même, par le doigt de l’Église, la foi est constamment trouvée : Si enim digilo Dei ejiciuntur dsemonia, /Ides quoque digito Ecclesise reperitur. In Luc, l. V, n. 97, P. L., t. xv, col. IGG2.

A tous ces témoignages très explicites, en faveur de l’existence d’une autorité doctrinale dans l’Église, on doit joindre les nombreux faits précédemment signalés, attestant, pendant toute cette période, l’obligation pour tous les fidèles de se soumettre à l’enseignement de l’Église, sous peine d’être séparés effectivement de l’Église et de perdre tout droit à l’héritage éternel. Ces faits autorisent, en même temps, à conclure que l’autorité doctrinale à laquelle cette soumission est si rigoureusement due, doit être considérée comme infaillible en tout ce qu’elle propose comme enseignement divin, car seule une autorité offrant des garanties absolues de vérité peut revendiquer un pareil droit.

h) Deuxième période, depuis saint Augustin jus. qu’au xiiie siècle. — L’enseignement de saint Augustin sur l’existence et la nature de l’autorité doctrinale de l’Église a un caractère beaucoup plus explicite que celui des auteurs ecclésiastiques des siècles précédents.

C’est l’autorité de l’Église qui est la règle de notre foi : consulat régulant fidei quam de Scripturarum planioribtts locis et Ecclesise auctnritate percepit. De doct. christ., ]. III, c. ii, n. 2, P. L., t. xxxiv, col. 65. C’est même à l’autorité de l’Église que nous sommes redevables de notre foi dans la divine inspiration de l’Évangile : Ego vero Evangelio non crederem, nisi mecatholicæ Ecclesix commoveret auctoritas. Contra epist., manic/i., c. v, n. G, P. L., t. xlii, col. 176. Aussi le saint docteur insiste sur l’obligation imposée par la foi catholique, c’est-à-dire par celle qu’enseigne l’Eglise : ea lamen quærendi dubilalio calltolicx fidei mêlas non débet e.rcedere. El quoniam mulli liœrelici ad suani sententiam, quoe præler (idem est cat/iolicæ disciplinas expositioneni Scripturarum divinctrum Irahere consueverunt, anle traclalionem hujus libri catholica /ides br éviter expliçand a est. De Gen. ad lilt. lib. imper f., c. f, n. 1, ibid., col. 221.

L’infaillibilité de cette autorité doctrinale de l’Eglise est clairement indiquée dans le commentaire allégorique du ps. cm : Fundavit terrant super firmilalem ejus, non inclinabi tur in seculum scculi, où Augustin montre que l’Église, aj puyée sur l’inébranlable fondement dont parle saint Paul, fundamentum nemo potest ponere prseterquam quodpositum est, quod est Christus Jésus, I Cor., ni, 11, restera toujours inébranlable, parce qu’elle est la colonne et le soutien de la vérité : Non inclinabitur in seculum secidi. Jpsa est prxdestinala columna et firmamentum verilalis (I Tim., iii, 15). Enarr. in ps. ciii, n. 17, P. L., t. XXXVII, col. 1350. C’est encore ce que signifient ces assertions de l’évêque d’IIippone que l’Eglise, combattant contre toutes les hérésies, ne peut jamais être vaincue par aucune d’elles, ipsa est Ecclesia sancta, Ecclesia una, Ecclesia ver a, Ecclesia catholica, contra omnes hæreses pugnans ; pugnare potest, expugnari non potest. Hsereses omnes

; le illa e.iicrunt tanquam sarmenta inutilia de vite

prsecisa : pisa autem manct in radice sua, in vile sua, incliaritate sua. Portée in/erinon vincent eam (Matlh., xvi, 18), De sijtnb. serm. ad catech., c. VI, n. 14, P. L., I. xi., col. 6.’).") ; et que quiconque attaque le mur inexpugnable de l’autorité de l’Église, s’j brise fatalement, hoc Italie ! auctoritas rnatris Ecclesiw, hoc fundaïus verilalis obtiuri canon : contra hoc robur, contra hune ine.rpugnabilem murum quisquisarietal, ipseconfringiiur. Serm., ccxciv, c. xviii, P. L., t. xxxviii, col. 1346.

Saint Augustin donne même des indications assez

précises sur l’exercice de cette autorité infaillible, soit dans le souverain pontife, soit dans les conciles, selon les textes précédemment cités. Voir Augustin, I. i, col. 2414 sq. Quant à la source de cette infaillibilité de l’Eglise, elle est dans l’assistance de Jésus-Christ, qui continue à habiter et à gouverner son corps mystique pour le préserver de toute erreur : Tola enim Ecclesia conslans ex omnibus fidelibus, quia fidèles onines mciubra sunt C/irisli, liabet illud caput positum in cœlis quod gubernat corpus suum. Enar. in ps. i.vi, n. 1, P. L., t. xxxvi, col. G62. Sed eliam ipsam, quæ nuncest, Ecclesiam nisi Dominus inhabitarel, iret in errorem quemlibet Studiosissima sprculalio. Enar. in ps. i., n. 12, col. 122. Aussi c’est à cette même assistance de Jésus-Christ, qu’Augustin attribue la condamnation de Pelage par les papes Innocent et Zosime et par l’univers entier, in adjulorio Salvatoris qui suani luctur Ecclesiam. Epist., xcx, n. 22, 7’. L., t. XXXIII, col. 865.

Ces dernières paroles nous montrent aussi que le saint docteur admet l’infaillibilité de l’Eglise dans ce que nous appelons aujourd’hui un fait dogmatique, puisqu’il considère que l’erreur de l’élage a été justement et infailliblement condamnée par Innocent et Zosime. Le même enseignement se retrouve encore dans le célèbre passage où il affirme que la réponse du siège apostolique a terminé le débat sur le pélagianisme. Serm., cxxx, n. 10, P. L., t. xxxviii, col.731.

On doit enfin observer que l’infaillibilité de l’Église dans sa discipline générale ou dans sa pratique universelle ressort de la manière dont l’évêque d’Hippone se sert du fait de l’administration du baptême, même aux enfants, pour prouver le dogme du péché originel

souillant l’âme de tous les enfants d’Adam, en mê

temps que l’utilité du baptême conféré avant l’âge de raison. La pratique constante et universelle de l’Eglise est donc pour lui, dans ce cas, un argument certain de vérité, Serm., ccxciv, c. xvii sq., P. L., t. xxxviii, col. 1346 ; ce qui implique nécessairement l’infaillibilité de l’Église.

Saint Vincent de Lérins (y 450), dans son Commonttorium, attribue à l’Église ou au corps des pasteurs, la garde vigilante du dépôt de la foi ainsi conservé toujours intact, selon la recommandation de Jésus-Christ. Commonitor., I, c. xxii, P. L., t. L, col. GG7. Ce rôle de l’Église ne pouvant être convenablement rempli, que si l’Eglise a le pouvoir d’interpréter et d’expliquer l’enseignement révélé, selon les besoins des fidèles de tous les temps, et que si elle peut le faire d’une manière infaillible, l’autorité doctrinale infaillible de l’Église est donc ainsi implicitement affirmée par le moine de Lérins.

Gennade de Marseille († 493) enseigne expressément l’infaillibilité de l’Église dans ses lois et usages liturgiques. Parlant des prières qu’elle fait pour que la foi catholique soit acceptée par les idolâtres, les juifs, les hérétiques et les schismatiques, il affirme que beaucoup parmi eux reçoivent, par ces prières, la lumière de la foi. Ainsi se manifeste cette importante vérité que c’est par la grâce de Dieu que les conversions s’obtiennent. Et, à cette occasion, l’auteur établit ce principe constamment et universellement reconnu par la tradition chrétienne, ut legem credendilex statuai supplicandi, De ecclesiasticis dogmalibus, c. xxx, P. L., t. i.vm, col. 987 sq. De même, selon lui, les rites pratiqués par l’Église dans l’administration du baptême, notamment les exorcismes et les insufllations et la coutume constante de donner ce sacrement même aux enfants, prouvent le dogme de la transmission du péché originel â tous les enfants d’Adam, c. xxxi. xxxiv, col. 988 sq. Ainsi le magistère ordinaire et universel de l’église est implicitement affirmé par Gennade, appuyant l’existence universelle du péché originel sur ce que l’Eglise