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ÉGLISE


ment qu’ils doivent donner en son nom et avec son autorité.

c. Le pouvoir d’enseigner et la prérogative d’infaillibilité qui l’accompagne, ne sont pas conférés aux apôtres à titre simplement personnel ; ils sont encore conférés à tous leurs successeurs, £i ; tïjç auvrs).eîa ; toj aïtovo.-, c’est-à-dire jusqu'à la fin du monde, suivant le sens donné à cette expression dans les trois autres passages où elle est employée par saint Matthieu, par conséquent aussi dans le texte présent ; d’autant plus que ce sens est en même temps suggéré par toute l'économie du plan divin dans l’institution de son Eglise, selon ce qui a été précédemment démontré.

2. Enseignement des apôtres.

Nous nous bornerons à rappeler ici les deux témoignages de saint Paul que nous avons indiqués dans noire démonstration apologétique de la divine institution de l’Eglise. Epli., iv, 15 ; I Tim., iii, 15. Dans le premier passage, saint Paul, en affirmant que Jésus a donné des apôtres, des prophètes, des évangélisles, des pasteurs et des docteurs, ut non ja.ni sinius parvuli fluctuantes et circum feramur omni vento doctrines in nequitia hominum, in astutia ad circumventionem erroris, Eph., iv, 15, laisse Clairement entendre, quelle que soit la forme transitoire de plusieurs de ces ministères ou charismes, qu’il doit y avoir perpétuellement dans l'Église une autorité infaillible ; le but qu’il assigne ne pouvant être efficacement réalisé que par ce moyen. C’est aussi ce qu’indiquent les expressions Ecclesia Dei vivi columna et /irmamentum veritatis, I Tim., iii, 15, qui supposent une complète immunité de toute erreur, impossible à réaliser sans une autorité infaillible.

3. Enseignement traditionnel.

a) Première période, depuis l'époque apostolique jusqu'à saint A ugustin. — Pendant ces quatre siècles, l’autorité doctrinale de l'Église apparaît au moins implicitement contenue dans la tradition orale provenant des apôtres et toujours vivante dans l'Église, où elle reproduit constamment et fidèlement l’enseignement de Jésus et des apôtres ; tradition à laquelle on est tenu de se soumettre, sous peine d'être exclu de la communion chrétienne et d'être privé de l’héritage de Jésus-Christ.

C’est ce qu’indiquent assez clairement, dans les lettres de saint Ignace d’Antioche († 107), les passages où il insiste sur la soumission due à l’autorité de l'évêque en matière de doctrine, -r, toO âittaxôitovi YVù>u.r„ Ad Eph., iv, Patres apostolici de Funk, 2e édit., Tubingue, 1901, t. I, p. 216, parce que l'évêque tient la place de Dieu et le presbyterium celle du sénat apostolique. Ad Magn., vi, p. 234. C’est encore ce qu’indique l'évêque d’Antioche, dénonçant les hérétiques qui corrompent, par une doctrine perverse, la loi de Dieu pour laquelle Jésus a été crucifié, et les menaçant du feu éternel, Ad Eph., xvi, p. 226, parce qu’ils rejettent la foi enseignée dans l'Église.

Saint Justin († 163) parle plus explicitement de l’enseignement de Jésus-Christ, fidèlement transmis par les apôtres et par leurs successeurs, ets’imposant intégralement à l’acceptation des fidèles comme le seul vrai, Apol., i, 23, 61, 65, 66, 67, P. G., t. vi, col. 364, 420, 428, 432 ; Dialog. cum Tryph., n. 119, col. 753 ; enseignement contre lequel s’insurgent les hérétiques qui suivent la doctrine de l’homme dont ils portent le nom, au lieu de se soumettre à celle de Jésus-Christ. Apol., i, 26, col. 368 sq. ; Dial. cum Tryph., n. 35, col. 552.

Saint Irénée († 202) met en relief le rôle de l'Église dans la possession exclusive et dans la prédication constante de la vérité enseignée par Jésus-Christ et par les apôtres. Cont. hier., l. III, c. iii, n. 3 ; c. iv, n. I ; c. xxiv, n. 1 ; l. IV, c. xxvi. n. 5 ; l. V, c. xx, n. 1, P. G., t. vii, col. 851, 855, 966, 1056, 1177. L'évêque de Lyon insiste aussi sur le crime que commettent les hérétiques en

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

rejetant l’autorité de l’Eglise qu’ils accusent d’erreur ou d’incompétence. Cont. User., l. V, c. xx, n. 2, col. 1177sq. Cette insistance sur le rôle de l'Église marque nettement, dans la pensée du saint docteur, l’identification entre la tradition orale toujours vivante dans l’Eglise et son autorité doctrinale.

Le De præscriplionibus de Tertullien, écrit vers l’an 200, marque un autre progrès dans l’histoire du dogme de l’infaillibilité doctrinale de l’Eglise. En insistant, comme Irénée, sur l’autorité de la tradition toujours vivante dans l'Église et y reproduisant fidèlement l’enseignement de Jésus et de ses apôtres, Tertullien mentionne expressément l’assistance du Saint-Esprit promise par Jésus, Joa., xiv, 26, xv, 26, et empêchant les Églises d’errer dans la foi. De præscript., c. xxviii, P. L., t. il, col. 40. Remarquons toutefois que Tertullien parle, non de l’Eglise, mais des Églises.

Clément d’Alexandrie († 215) insiste, comme saint Irénée, sur l’obligation de suivre ty|v a71 : o<jTO>.ixY)v xa : Ex-L} r.TiaaTi'Lr, -/ Qp80|u’av tûSv âoYiiaTidv, Strom., VII, c. xvi, P. G., t. ix, col. 544, et fait consister le péché d’hérésie en ce que l’on répudie la tradition ecclésiastique, pour suivre des opinions humaines, péché par lequel d’ailleurs on cesse d'être homme de Dieu et fidèle au Seigneur. Strom., VII, c. xvii, col. 532.

Cette doctrine est très fréquemment reproduite par Origène († 251), De princip., l. I, prxf., n. 2, P. G., t. xi, col. 116 ; In Mat th., comnientariorum séries, n. 46 sq., P. G., t. xui, col. 1667 sq. ; In Jer., homil. v, n. 16, col. 319 ; In Ezech., homil. viii, n. 2, col. 730 ; In ps. XXXVI, homil. iii, n. 11, P. G., t. xii, col. 1347. Saint Cyprien († 258), en réprouvant énergiquement comme rebelles à Dieu ceux qui s’insurgent contre l'Église ou se séparent d’elle, De unitate Ecclesia, iv sq., P. L., t. iv, col. 5C0 sq. ; Epist., xliv, col. 340 ; xi.ix, /'. L., t. iii, col. 726 sq. ; LU, n. 24, col. 790 sq. ; xlix, n. 1 sq., P. L., t. iv, col. V09 sq., laisse clairement entendre qu’il y a dans l’Eglise une autorité divinement établie pour enseigner et régir les fidèles.

Au IVe siècle, chez les Pères grecs, le concept de l’autorité doctrinale de l’Eglise se rencontre plus explicite, bien que l’on ne détermine point encore les conditions dans lesquelles cette autorité doit s’exercer.

Saint Cyrille de Jérusalem († 386) enseigne formellement que l’on doit embrasser et garder la foi qui est proposée par l’Eglise, Cal., v, 12, P. G., t. xxxiii, col. 520 ; et ailleurs que l’Eglise enseigne universellement et sans défaut tous les dogmes qui doivent venir à la connaissance des fidèles, sur les choses visibles et invisibles, sur les choses célestes et sur les choses terrestres. Cal., xvill, 23, col. 1044.

Saint r.piphane (y 403) loue fréquemment l’Eglise catholique, gardant toujours parfaitement incorruptible la doctrine qui lui a été confiée par les apôtres, Ancoralus, lxxxii, cxviii sq., /'. G., t. xliii, col. 172, 232 sq. ; Adr. lucr., hær. xxxi, c. xxx sq., P. G., t. xi.i. col. 533 ; doctrine dans laquelle on se repose avec sécurité, à l’abri de la tourmente des hérésies. E.ipositio fidei, ii, P. G., t. au, col. 77.

Saint Jean Chrysostome († 407), commentant la parole de saint Paul : Ecclesia Dei vivi, columna et /irmamentum veritatis, affirme que l'Église est la colonne du monde, parce qu’elle-même a la vérité pour colonne et poursoutien. In I Tim., homil. xi, 1, P. G., t. lui, col. 551.

Les affirmations des Pères latins, à cette même époque, quoique moins explicites, ne sont pas moins concluantes. Saint Hilaire de Poitiers (y 366), commentant le fait de Jésus parlant de l’intérieur d’une barque à la foule amassée sur le rivage, explique que cette barque représente l’ji, glise, dans laquelle réside et est constamment prèchée la parole de vie, parole que ne peuvent comprendre ceux qui se tiennent en dehors de cette barque

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