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EGLISE


Cet enseignement de Bellarmin est dés lors habituellement suivi par les théologiens, sans aucun préjudice pour la visibilité de l’Eglise, parce que c’est véritablement L'Église visible que l’on donne comme constituant essentiellement la véritable Eglise, en supposant du moins le principe intérieur qui la vivifie, et sans lequel elle ne pourrait être la véritable Eglise. Cetenseignement ne porte non plus aucune atteinte au dogme catholique sur la nécessité d’appartenir à la véritable Eglise pour obtenir le salut, car, comme nous le montrerons bientôt, la nécessité d’appartenir à l’Eglise visible ou au corps de l’Eglise, oblige seulement in voto, dans le cas d’ignorance invincible ou d’impossibilité absolue, comme c’est le cas pour les sacrements de baptême et de pénitence dans des circonstances analogues. Tournely, op. cit., t. I, p. 65ï- sq. ; Libère de Jésus, op. cit., contr. III-1X, Milan, 1757, t. viii, col. 18 sq. ; Billuart, De regulis fidei, diss. III, a. 2 ; Perrone, op. rit., De locis theologicis, part. I, c. il, Louvain, 1843, t. VIII, p. 31 sq. ; Murray, op. cit., disp. II, sect. VI, n. 39 sq., t. i, p. 136 sq. ; Pesch, op. cit., n. 396, p. 269 ; Mazzella, op. cit., p. 465 sq. ; Eranzelin, Thèses de Ecclesia Christi, 2e édit., Rome, 1907, p. 293 sq., 369 sq. ; Ilurter, op. cit., th. xliv, p. 131 sq. ; de Groot, op. cit., q. iii, a. 1, p. 47 sq. ; VVilmers, op. cit., p. 86 sq. ; Billot, op. cit., th. xiv, p. 434 sq.

Cet enseignement théologique se rencontre explicitement dans plusieurs documents ecclésiastiques. L’encyclique Salis cognitum de Léon XIII du 29 juin 1896, après avoir montré comment l’Eglise esta la fois visible et spirituelle, enseigne que le corps de Jésus-Christ qu’est l’Eglise, est un corps vivant et animé, supposant conséquemment un principe de vie surnaturelle informant ce corps, et que l’union de ces deux éléments est absolument nécessaire à la véritable Eglise, à peu près comme l’intime union de l'âme et du corps est nécessaire à la nature humaine : complexio copulatioque /arum duarum velut partium prorsus est ad veram Ecclesiani necessaria, sic fere ut ad naturam liumanam intima animæ corporisque conjunctio

De même, l’encyclique Divinum illud munus de Léon XIII du 9 mai 1897 affirme expressément que Jésus-Christ étant le chef de l'église, le Saint-Esprit en est l'âme : Atque hoc affirmare suf/iciat quod qaum Christus caput sit Kcclesire, Spirilus Sanctus sit ejus anima, ce que l’encyclique confirme par l’autorité précédemment citée de saint Augustin : Quod est in corpore nostro anima, id est Spiritus Sanctus in corpore Clnisli quod est in Ecclesia. Serm., cclxvii, c. iv, P. L., t. xxxviii, col. 1231.

III. LE DOGME CATHOLIQUE SUH LA NÉCESSITÉ d’APPAR temii a l'église catholique pour ortenir le salut. — 1° Enseignement néo-testamentaire. — Selon la parole formelle de Jésus-Christ : Euntes in mundum universum, prrrdicate evangelium omni creaturæ. Qui crediderit et baptizatus fuerit salvus erit, qui vero non crediderit condemnabitur, Marc, xvi, 15 sq., condamnation est portée par lui contre ceux qui refusent d’adhérer à la prédication de sa doctrine, intégralement faite par ses apôtres et par leurs successeurs jusqu'à la consommation des siècles. Puisqu’une telle condamnation implique la perte éternelle du salut, d’après l’antithèse certainement existante entre les deux membres de phrase, on doit nécessairement conclure que l’appartenance à l’Eglise catholique, par la soumission toujours constante à son enseignement infaillible, est nécessaire au salut. On doit en même temps noter que la condamnation de Jésus, d’après l’antithèse précitée, .'tant portée uniquement contre ceux qui refusent positivement de se soumettre a l'Église, n’atteint pas ceux qui, ignorant en toute bonne foi la divine autorité de cette Eglise, ne sont poinl de fait soumis à son enseignement. Il n’y a donc point pour eux impossibilité

d’obtenir le salut en dehors de l’appartenance positive à cette même Eglise.

Enseignement traditionnel.

{.Première période, depuis les temps apostoliques jusqu'à la fin du ive siècle, période caractérisée par beaucoup d’affirmations implicites auxquelles se joignent, au IIP et au IVe siècle, quelques affirmations explicites. — a) Les affirmations implicites, nombreuses pendant toute cette période, sont renfermées dans la croyance unanimement admise, que tous ceux qui refusent de se soumettre à l’autorité doctrinale ou disciplinaire de l’Eglise, hérétiques ouschismatiques, perdent tout droit au salut éternel ou qu’ils n’ont ; aucun droit à être' considérés comme chrétiens, ou qu’ils sont exclus en même temps du royaume de Dieu et de l'Église, selon les témoignages précédemment cités et que nous nous bornons à rappeler. S. Clément Ie ', pape, I Cor., uni, 2, Funk, Patres apostolici, 2e édit., Tubingue, 1901, p. 172 ; S. Ignace d’Antioche, AdEph., iv, v, 3 ; xvi, p. 216, 218, 226 ; Ad J’hilad., iii, p. 266 ; S. Irénée, Contra hacr., I. IV, c. xxvi, n. 2, P. G., t. vii, col. 1053 ; Tertullien, De præscript., c. xxxvii, P. L. r t. ii, col. 51 ; Clément d’Alexandrie, Strom., VII, c. xvi, P. G., t. ix, col. 532.

De même, au IVe siècle, saint Ambroise affirme que les hérétiques et les schismatiques sont en même temps séparés du royaume de Dieu et de l'Église, In Luc, l. VII, n. 95, P. L., t. xv, col. 1723 ; et Didyrne d’Alexandrie († 395) déclare que ceux-là sont des antéchrists qui pensent le contraire de ce que professe l’Eglise de Jésus-Christ. In / /oa., 18 sq., P. G., t.xxxix, col. 1783 sq.

b) Outre ces affirmations implicites très nombreuses pendant toute cette période, on rencontre encore quelques affirmations explicites, particulièrement chez les auteurs ecclésiastiques du nie et du IVe siècle. Saint Cyprien ([- 258), dans son livre De catholiese Ecclesian unitaie, déclare, à mainte reprise, que celui qui abandonne l’Eglise de Jésus-Christ, ne peut parvenir à posséder sa récompense : nec perveniet ad Christi prsemia, qui relinquit Ecclesiam Christi, c. Vf, XIV, XVII, P. L., t. IV, col. 503, 510 sq., 513. Doctrine que l'évâque de Carthage formule ainsi dans une lettre à l'évêque Pomponius, en parlant de ceux qui sont rejetés de l'Église catholique : Neque enim vivere foris possunt, cum domus Dei nnasilet nemini snlus essenisi in Ecclesia possil. Epist., i.xii, n. 4, P. L., t. iv, col. 371. Vers la même époque, Origène († 251), dans ses homélies sur Josué dont une traduction latine nous est seule parvenue, affirme expressément qu’en dehors de l’Eglise personne n’est sauvé : Nenw ergosibi persuadeat, nemo seipsum decipial : exlrahanc domum, id est extra Ecclesiam, nemo salvatnr. llomil. iii, n. 5, P. G., t. xii, col. 841 sq.

Au iv siècle, en Occident, saint llilaire de Poitiers commentant le ps. xiv, et parlant de la montagne du Seigneur où nous devons avoir notre éternel repos, déclare que, dans notre marche vers cette sainte montagne, notre seul chemin est l'Église catholique : hinc enim proficiscenlibiis eo iter est et nonnisi per hune habitationem iter ullum est. In ps. xiv, n. 4, /'. L., t. ix, col. 301. Dans plusieurs autres passages, comme nous l’avons noté précédemment, il enseigne que ceux qui sont rejetés du corps de l'Église qui est le corps de Jésus-Christ, tanquam peregrini et alieni a Deo corpore, dominatui diaboli traduntur, In ps. CXVIII, lit. xv, n. 5, col. 607, ou qu’ils ne peuvent avoir de participation à la Jérusalem céleste : Dissidentes autem a cœtu sanctorum et se ab Ecclesiæ corporc peccatis pnvcipilanlibus séparantes, parlicipationcm sanctse islius domus non habent. In ps. < w. n. 5, col. 663.

Vers la fin de l’an 376, saint Jérôme écrivant au pape Damase en qui il vénère la primauté de pouvoir sur toute l’Eglise, déclare qu’en dehors de la soumission à cette autorité on ne peut être sauvé : Super illam pc-