Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/441

Cette page n’a pas encore été corrigée
2149
2150
EGLISE


constant de la tradition. Nous citerons particulièrement : Stapleton, Principiorum fidei doctrinalium demonstratio, contr. I, l. III, c. i sq., Paris, 1582, p. 77 sq. ; Rellarmin, De Ecclesia militante, l. III, c. xin ; S. François de Sales, Controverses, part. I, c. il, a. 3, Œuvres complètes, Annecy, 1892, 1. 1, 61 sq. ; Suarez, Defensio fidei catholicx adversus anglicanse sectæ errores, l. I, c. m sq. ; Rossuet, Première instruction pastorale sur les promesses de l’Eglise, IV sq., Œuvres complètes, Paris, 1830, t. viii, p. 520 sq. ; Deuxième instruction pastorale, xv sq., p. 554 sq. ; Tournely, Prxlecliones theologicae de Ecclesia Christi, q. ii, a. S, Paris, 1729, t. I, p. 254 sq. ; Libère de Jésus, ConIrov., De Eccl. milit., part. I, disp. II, contr. VII, Milan, 1757, t. viii, p. 236 sq. ; Gotti, op. cit., p. 49 sq. ; Perrone, De locis theologicis, Ir. I, c. iv, a. 1, Prælectiones theologicæ Louvain, 1843, t. VIII, p. 217 sq. ; Murray, Tractatus de Ecclesia Christi, disp. IV, Iiulilin, 1860, t. i, p. 213 sq. ; Mazzella, De religione et Ecclesia, disp. IV, a. 5. Rome, 1896, p. 572 sq. ; Hurter, op. cit., I. I, p. 191 sq. ; Pesch, Prxlecliones dogmalicæ, De Ecclesia Christi, 4e édit., Fribourg-en-Iîrisgau, 1909, t. I, p. 209 sq. ; Wilmers, op. cit., p. 64 sq. ; De Groot, op. cit., c. viii, a. 1, Ratisbonne, 1892, p. 235 sq.

L’enseignement de ces tbéologiens peut se résumer dans les conclusions suivantes :

a) Ce qui constitue vraiment l’idéfectibilité de l’Eglise, c’est son identité substantielle en tout ce qui concerne sa constitution divine ; identité se maintenant jusqu'à la consommation des siècles, et supposant, par conséquent, la perpétuité ; identité se maintenant aussi intégralement dans toutes ses divines prérogatives, et particulièrement dans la doctrine que Jésus-Cbrist lui a confiée en dépôt, ce qui suppose évidemment l’infaillibilité doctrinale. Ainsi l’indéfectibilité, tout en supposant ou comprenant la perpétuité et l’indéfectibilité doctrinale, ne se confond pas avec elles ; à leurs concepts particuliers nettement déterminés, elle ajoute l’idée d’immutabilité substantielle en tout ce qui appartient à sa constitution divine. Cette immutabilité est restreinte à ce qui est d’institution divine ; car il est bien évident que l’Eglise, devant vivre dans tous les temps et devant s’adapter aux besoins de tous les fidèles à toutes les époques, doit pouvoir modifier sa législation purement ecclésiastique, ou ses institutions purement ecclésiastiques, de manière à les adapter aux divers milieux dans lesquels elle doit exercer son action.

b) L’indéfectibilité, ainsi envisagée, est vraiment une propriété distincte de toutes les autres propriétés de ['Église, bien que son concept particulier ait une étroite connexion avec le concept des autres propriétés, qu’elle suppose ou comprend nécessairement, comme la perpétuité ou l’infaillibilité doctrinale ; ou qu’elle envisage sous le rapport particulier de leur immutabilité constante, ce qui est vrai de toutes les prérogatives dont Jésus a doté son Église. Si quelques auteurs ne donnent aucune place particulière à l’indéfectibilité dans leurs études théologiques, ce n’est pas qu’ils ne la reconnaissent point comme propriété distincte, c’est uniquement parce qu’ils supposent à tort, croyons-nous, qu’elle ressort suffisamment des études particulières sur chacune des prérogatives de l’rJglise, dont on a soin de toujours prouver en détail la perpétuité et l’indéfectibilité.

c) Cette indéfectibilité appartient en réalité non seulement à l'élément visible de l'Église, mais à toutes ses divines prérogatives. Si les apologistes catholiques depuis le xvie siècle et à la suite de Rellarmin, De Ecclesia militante, l. III, c. xiii, ont le plus souvent démontré l’indéfectibilité de l'Église uniquement pour son élément visible, ce n’est chez eux qu’une question de méthode. Ils limitent, de fait, leur démonstration à l'Église visible, parce qu’elle seule, dans les systèmes protestants, est habituellement exclue

du privilège de l’indéfectibilité ; et que prouver, contre les protestants, l’indéfectibilité de l’Eglise d’une manière générale, sans préciser s’il s’agit de l'Église visible, serait raisonner en pure perte. En réalité, les arguments cités démontrent tous l’indéfectibilité de l'Église.

Cet enseignement théologique est confirmé par deux documents ecclésiastiques, en dehors des documents concernant spécialement la primauté indéfectible du pontife romain. La bulle Auctorem fidei du 28 août 1794 revendique pour l'Église l’indéfectibilité dans la foi, en condamnant comme hérétique cette proposition 1° du conciliabule de Pistoie : Postremis hisce sseculis sparsam esse generalem obscuralionem super veritates gravioris momenli, speclantes ad religionem cl quæ sunt basis fidei et moralis doctrinse Jcsu Christi. Denzinger-Rannwart, Enchiridion, n. 1501. L’encyclique Satis cognilum de Léon XIII du 29 juin 1896, après avoir expliqué en quoi l'Église est spirituelle, et en quoi elle est extérieure et visible, et après avoir montré que l’union de ces deux éléments est absolument nécessaire à la véritable Église, à peu près comme l’union intime de l'âme et du corps est indispensable à la nature humaine, ajoute que, comme l'Église est telle par la volonté et l’institution de Dieu, elle doit perpétuellement rester telle sans aucune interruption : Cum autem Ecclesia sit ejusmodi voluntate et constitutione divina, permanerc sine ulla intermissione débet ejusmodi in xleruitale lemporum. Ce que l’encyclique démontre par la perpétuité de l'Église et par l’aptitude qu’elle doit incessamment avoir à réaliser sa fin : ni permanerel, profecto nec esset condita ad perennitatem, et finis ijise quo illa contenait locorum cssel temporuntque certo -spatio definitus, quod cum veritate utrumque)>ugnat.

4° L’Eglise, corps de Jésus-C/trist. — Du fait de l’institution divine de l'Église avec la fin très spéciale que Jésus-Christ lui a assignée, résulte entre elle et Jésus une union telle que l'Église peut être, par analogie, appelée son corps. Cette doctrine se rencontrant fréquemment chez les Pères et chez les théologiens, nous devons en rechercher les fondements scripturaires et traditionnels, et montrer en même temps les conséquences principales que l’on doit en déduire.

1. Enseignement néo-testamentaire.

a) Parmi les affirmations de Jésus contenant au moins implicitement cette doctrine que l'Église est son corps, nous citerons particulièrement les textes où il l’appelle avec insistance son Église, Ecclesiam meam, Matth., xvi, 18, ou en termes analogues, pasce agnos meos, pasce oves meas, Joa., xxi, 16 sq., et les textes où il marque avec soin que c’est de lui que procèdent tous ses pouvoirs, data est mihi oninis potestas in cœlo et in terra, Matth., xxviii, 18 ; sicut misil me Pater et ego niitto vos, Joa., xx, 21 ; de lui aussi que procède toute la vie surnaturelle qui est dans tous ses membres, ego sum vitis, vos paimites. Joa., xv, 5.

2. Enseignement de saint Paul.

a) Saint Paul appelle expressément l'Église le corps de JésusChrist, ijise est caput corporis Ecclesiæ, Col., i, 18 ; pro corpore ejus quod est Ecclesia, Col., i, 24 ; et ipsutn dédit caput supra omnem Ecclesiam quæ est corpus ipsius et plenitudo ejus, Epli., I, 22 sq. ; sicut Christ us caput est Ecclesix, ipse salvator corporis ejus. Eph., v, 23.

a. Le sens de cette expression est déterminé par l’analogie du corps humain. De même que chacun des membres du corps et le corps tout entier reçoivent constamment de l'âme la vie et le mouvement, ainsi chacun des membres de l'Église et tout l’organisme de cette société spirituelle qu’est l'Église, reçoivent incessamment de Jésus-Christ la vie qui les anime. C’est d’ailleurs en ce même sens que saint Paul affirme, en