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EGLISE


siècles, dans l’exercice même de l’autorité de l'Église catholique, ils ont, de fait, consisté uniquement dans des applications nouvelles d’un pouvoir toujours reconnu comme substantiellement identique, mais qui exige, pour s’exercer dans toute sa plénitude, des conditions ou circonstances qui le permettent, comme saint Thomas l’insinue dans cette réponse : Diccndum quod Augvstinus respondet in epistola contra donalistas et liabetur super illud ps. il : Quare fremuerunt gentes ? Distinguit enim diversa lempora Ecclesise. Fuit enini lem pus quaudo asliterunt reges adversus C/iristum, et in illo lempore non solum non dabanl fidelibus, sed eos occidebant. Aliud vero tempus et nunc quo reges intelligunt et erudili serviunt Domino nostro Jesu Christo in timoré, etc., et ideo in islo lempore reges sunt vassali Ecclesise. Et ideo est alius status Ecclesiæ nunc et tune, no>i tanien est alia Ecclesia. Quodlib., XII, a. 19, ad 2°"'.

On est donc autorisé à conclure que seul le catholicisme actuel possède manifestement le droit d'être considéré comme la religion primitivement établie par JésusChrist lui-même, ou en d’autres termes que l’Eglise catholique est manifestement d’institution divine.

Notons, en terminant cet exposé, que cet argument, du moins sous sa forme générale, est ratifié par Léon X1I1 dans son encyclique 7m mor/a/eDei du l tr novembre 1885 : Vera auleni religio quæ sit, non difficulté)' videt qui judicium prudens sincerumque adliibueril ; argumentas enim permultis algue illustribus, verilale nimirum valiciniorum, prodigiorum freqttenlia, celerrima fidei rel per medios liostes ac maxima impedimenta propagalinne, martyrum testimonio, aliisque sin>ilibus, liquet cam esse unice veramquam Jésus ChristUS et instituit ipsemel et Ecclesiæ suas tuendam jiropagandamque den)andavit.

VI. CONCLUSION GÉNÉRALE DE TOUTE CETTE DÉMONSTRATION APOLOGÉTIQUE. —

De tout cet exposé nous avons le droit de conclure que l’Eglise catholique est la seule véritable Eglise réellement instituée par JésusChrist, et que cette divine institution, en elle-même évidemment croyable à cause de toutes ces preuves si démonstratives, peut, avec une bonne volonté constante provenant de la grâce et entretenue par elle, être suffisamment perçue par toutes les intelligences auxquelles elle est convenablement proposée. Jusqu'à quel point cette vérité, en elle-même si manifeste, peut être accidentellement ignorée d’une manière invincible, nous essayerons de le déterminer dans une question subséquente.


V. Principaux enseignements dogmatiques concernant l'Église.

Après avoir prouvé la vérité de l'église catholique, nous devons apprendre de son magistère infaillible et de la révélation divine telle qu’elle nous est proposée par l'Écriture et la tradition, les enseignements dogmatiques concernant l’institution, les propriétés essentielles et la divine constitution de l’Eglise. Nous omettrons toutefois, dans notre présente élude, les dogmes qui doivent être l’objet d’articles spéciaux, notamment le pouvoir d’ordre et le dogme de la papauté.

Observons encore qu’ici nous nous servirons des textes scripturaires ou des documents traditionnels précédemment cités, avec cette différence qu’ici nous ne les considérerons plus comme de simples témoignages historiques, mais comme l’expression de l’enseignement divin immédiatement donné par Jésus-Christ et prêché par les apôtres, et exigeant l’assentiment de la foi.

I. LE DOGME DE L’INSTITUTION DIVINE DE L'ÉGLISE CONSIDÉRÉE COMME SOCIÉTÉ SURNATURELLE.

Enseignement néo-testamentaire. —

L’Eglise considérée comme société surnaturelle consistant essentiellement dans la divine autorité établie par Jésus-Christ pour continuer sa mission jusqu'à la consommation des siècles, la divine institution de cette même Église résulte évidemmentdes textes scripturaires précédemment cités, et affirmant positivement les pouvoirs conférés par Jésus-Christ à ses apôtres et à leurs successeurs jusqu'à la consommation des siècles : pouvoirs absolument égaux à ceux que Jésus avait reçus de son Père : pouvoir d’enseigner, en la conservant fidèlement, toute la doctrine enseignée par Jésus : Data est mihi omnis potestas in cselo et in terra. Euntes ergo docele omnes génies, baplizanles eos in nomme Palris et Filii et Spiritus Sancti, docentes eos servare omnia quæcumque mamlavi vobis, et ecce ego vobiscum sur)} omnibus diebus, usque ad consummalionem sseculi, Matth., xxviii, 18 sq. ; pouvoir de lier et de délier sur la terre, c’est-à-dire pouvoir de commander autant que l’exige la fin surnaturelle à atteindre : Qxsecumque alligaveritis super terra » }, erunt ligata et in cselo, et quæcumqae solveritis super terrant, erunt solula et in cselo, Matth., xviii, 18 ; pouvoirs d’ailleurs communiqués spécialement à Pierre et à ses successeurs jusqu'à la fin des siècles, pour la parfaite unilé et cohésion de la nouvelle société surnaturelle. Matth., xvi, 18sq. ; Joa., xxi, 1°) sq.

Enseignement traditionnel. —

A l’occasion de diverses erreurs atteignant la divine constitution de l'Église ou ses propriétés essentielles, la tradition chrétienne, au cours des siècles, exprime, d’une manière plus complète, l’enseignement primitivement donné par la révélation néo-testamentaire. En face des hérésies gnostiques du IIe et du iiie siècle, la tradition patristique, en indiquant, comme marque caractéristique de la véritable Eglise, l’apostolicité de doctrine et de mission, selon les textes précédemment cités, témoignait, par le fait même, que les apôtres et leurs successeurs étaient les simples envoyés de Jésus-Christ agissant en son nom et avec son autorité, ce qui implique évidemment une autorité permanente, divinement établie pour régir l'Église. Contre l’erreur donatiste à la fin du IVe et au commencement du V e siècle, saint Optât, De schismate donalistarum, l. II, n. I sq., P. L., t. xi, col. 9 il sq., et saint Augustin, notamment dans son De unilate Ecclesise, P. L., t. xi. iii, col. 391 sq., revendiquent l’autorité divinement établie de l'Église une et catholique.

L’autorité divinement instituée du pontife romain est affirmée, du v c au ive siècle, surtout contre divers essais de schisme dans les Églises orientales, particulièrement par le pape saint Gélase (-j- 496), DenLingerBannwart, Enchiridion, n. 163, et par saint Hormisdas, n. 171 sq. ; affirmation répétée plus souvent encore depuis la consommation du schisme oriental au i.v siècle, particulièrement dans les professions de foi demandées aux orientaux et dans la définition du concile de Florence. Denzinger-Iiannwart, Enchiridion, n. 691. Au xv c siècle, contre les erreurs de Wicleff et de Jean lluss, on revendique la divine institution de l'Église comme société visible. Enchiridion, n. 627 sq. Enfin, depuis le xviie siècle jusqu'à notre époque, l’autorité ecclésiastique affirme souvent, à l’encontre du gallicanisme, du joséphisme et du libéralisme rationaliste, la divine institution de l'Église comme société souverainement indépendante des pouvoirs humains et comme société parfaite possédant pleinement et absolument tous les pouvoirs nécessaires pour atteindre sa fin surnaturelle ; c’est notamment ce qu’enseignent l’encyclique Quanta cura de Pie IX, et beaucoup d’actes pontificaux auxquels se réfère le Syllabus de 1864, ainsi que les définitions du concile du Vatican et beaucoup d’encycliques de Léon XIII.

Tout esprit réfléchi comprendra la souveraine importance pratique du dogme dont nous venons d’esquisser brièvement l’histoire. Pour les catholiques