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EGLISE


Église. In II //", q. i, a. 10, Venise, 1602, col. 99 sq.

Grégoire de Valence († 1603), après avoir énuméré huit propriétés de l'Église, l’unité, la sainteté, la catholicité, l’apostolicité, recta ordinatio, la visibilité, l’indéfectiliililé dans la Toi, et la nécessité pour le salut, Analysis fidei catholicæ, Ingolstadt, 1585, p. 128 sq., en retient six qu’il assigne comme notes distinctives de la véritable Église, parce qu’elles sont plus connues que la véritable Kglise, qu’elles conviennent toutes à cette Eglise et que, du moins dans leur ensemble, elles lui conviennent uniquement, p. 174 sq.

Bellarmin (f I621)énumère quinze notes qui peuvent, dit-il, se ramener aux quatre notes, qum communiter a recentioribus assignantur ex si/mbolo ConstanlinopoliUmo, l’unité, la sainteté, la catholicité et l’apostolicité. Controv. de Ecclesia, l. IV, c. ni. Ces quinze notes sont : la catholicité, l’antiquité, une longue et constante durée, l'étendue dans tous les lieux et dans tous les temps, l’apostolicité, l’accord doctrinal avec l'Église des premiers temps, l’union des membres de cette Kglise entre eux et avec leur chef, la sainteté de la doctrine, l’eflicacité de cettedoctrine pour la conversion des Aines, la sainteté de vie de ses auteurs ou des premiers Pères de notre religion, la gloire des miracles attestant le témoignage de Dieu en faveur de cette religion, le don de prophétie indiquant ('gaiement la faveur de Dieu sur elle, les aveux des adversaires, la fin malheureuse des ennemis de l'Église et la félicité temporelle accordée par Dieu à ses défenseurs, l. IV, c. iv-xviii.

Suarez (y 1617), après avoir affirmé que les quatre propriétés principales de l'Église sont l’unité, la sainteté, l’apostolicité et la catholicité, De fide, disp. IX, sect. viii, n. 1, se sert de ces quatre propriétés pour prouver que l'Église romaine est la véritable Église, conformément à l’enseignement dont il indique les témoignages, sect. îx, n. 5 sq. A cette démonstration Suarez ajoute quatre autres preuves qui, par la manière dont elles sont exposées, paraissent être principalement des preuves complémentaires : la présence dans l'Église de dons attestant la faveur de Dieu, tels que le don des miracles et celui de prophétie ; l’excellent gouvernement de l’Eglise résultant de sa parfaite constitution ; l’usage légitime des sacrements qui doit toujours se rencontrer dans la véritable Église, au moins en ce qui concerne leur substance et en ce qui est nécessaire pour accomplir les préceptes divins ; enfin l’usage légitime des sacrements qui n’appartiennent qu'à la véritable Église et qui sont, par elle seule, conservés dans leur intégrité, tandis que les hérétiques les usurpent injustement et les mutilent à leur gré, sect. ix, n.5sq.

Les théologiens postérieurs à Cellarmin et a Suarez laissèrent ce qui n'était que complémentaire dans leur démonstration et s’en tinrent le plus habituellement aux quatre notes traditionnelles, en faisant d’ailleurs observer que toutes les autres notes assignées parfois par les apologistes catholiques se ramènent véritablement à celles-ci. Gonet, Clypeus theologix thomislicse, De fide, disp. III, a. 2, Anvers, 1744, t. iv, p. 238 sq. ; Henno, Theologia dogmatica vioralis et scolaslica, De virtutibus, tr. ii, disp. II, q. iii, a. 2, Venise, 1719, t. i, p.304sq. ; Tournely, Prselectiones theologicæ de Ecclesia Chri&li, q. ii, a. 2, Paris, 1739, p. 87 sq. ; Billuart, De regulis fidei, diss. III, a. 4 ; Gotti, Vera Ecclesia Cliristi, c. i, n. 23 sq., Venise, 1750, trad. latine du P. Covi, p. 4 sq.

En même temps l’on doit remarquer que depuis la lin du xvii'e siècle, après l’apparition des deux ouvrages de Jurieu sur un nouveau système d’unité dans l’Eglise, provenant d’une vague croyance à quelques articles fondamentaux, voir t. I, col. 2027 sq., les apologistes catholiques insistèrent plus fortement sur le concept très explicite de l’unité, telle qu’elle est requise dans

la foi et dans la soumission à l’autorité légitime, d’après la divine constitution de l'Église.

Au XIXe siècle, les sectes protestantes prennent sur la question des notes de l’Eglise des positions un pou différentes, suivant le concept qu’elles se font de l’Eglise. La plupart des sectes protestantes, inclinant vers le rationalisme et rejetant toute Église hiérarchique divinement instituée, n’admettent en réalité, au point de vue de l’institution divine, qu’une Église invisible pour laquelle la question même des notes distinctives n’a pas lieu d'être posée. Quant aux sectes protestantes qui admettent quelque institution divine d’une Église hiérarchique et qui s’efforcent d’identifier, dans une même Eglise catholique universelle, les trois communions accidentellement désunies, la communion romaine, les églises orientales et les communautés protestantes, elles cherchent à appuyer leurs prétentions sur une nouvelle notion de l’unité, modifiant conséquemment celle de l’apostolicité et de la catholicité.

Contre ces divers adversaires, les théologiens catholiques, après avoir démontré l’existence d’une révélation surnaturelle et la divine institution d’une autorité chargée d’enseigner et d’interpréter cette révélation, insistent surtout sur le concept de l’unité de l'Église, tel qu’il nous est manifesté par l’Ecriture et par la tradition chrétienne constante. Cette unité, résultant nécessairement de la primauté du pape, telle que Jésus-Christ l’a instituée, consiste non dans une croyance imprécise à quelques articles réputés fondamentaux dans le christianisme, ou à quelque autorité vaguement définie dans l’Eglise ni même à une primauté incomplète et inelfective du pape, mais dans une soumission intégrale au magistère infaillible de l’Eglise, particulièrement à l’infaillible autorité du pontife romain, en tout ce qu’il définit comme enseignement révélé ou comme intimement connexe avec cet enseignement. De même l’unité de gouvernement, telle que Jésus-Christ l’a voulue, comporte une obéissance intégrale aux pasteurs légitimes, particulièrement au pontife romain, en tout ce qui relève de l’autorité ecclésiastique. Voir Unité.

En même temps que les apologistes catholiques insistent sur le véritable concept de l’unité, tel que Léon XIII le définit ultérieurement dans son encyclique Salis cognitum du 29 juin 1896, ils s’attachent aussi à montrer la notion véritable de l’apostolicité' et de la catholicité, découlant de cette unité. Voir Apostolicité et Catholicité.

Après ces notions bien établies, les apologistes catholiques, s’appuyant sur le témoignage constant et universel de la tradition chrétienne et sur l’attestation non moins constante de toute l’histoire de l'Église, montrent que seule l'Église catholique romaine a toujours possédé ces quatre notes et que seule elle les possède en droit et en fait, les communautés protestante les églises orientales schismatiques étant à bon droit exclues de tout titre légitime à cette possession, comme le prouvent manifestement tous les arguments cités en détail à chacun des articles spéciaux.

V. CONFIRMATION DE LA VÉRITÉ DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE, DÉDUITE m : FAIT DE SON EXISTENCE CONSIDÉR1 DANS nu r*BS SES CIRCONSTANCES CONCRÈTES PENDANT TOUTE LA DURÉE HE SON HISTOIRE. — 1° L’ensemble

de l’histoire de l’humanité depuis Jésus-Christ jusqu'à nos jours nous montre, dans l’existence constante de l'Église catholique pendant toute cette période, un fait unique, surtout si on le considère dans toutes ses circonstances concrètes. 1. La première circonstance très particulière est le merveilleux développement de l'Église, même dès les premiers siècles, malgré les passions humaines qui s’opposaient avec tgule leur fougue à la religion nouvelle si austère et srfexigeante.