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EGLISE


P. L., t. iii, col. 703 sq. ; li, P. L., t. iv, col. 343 sq. ; ou la revendication particulière de l’unité de doctrine certainement existante dans l’Eglise, parce que la doctrine révélée par Jésus-Christ et prècliée par les apôtres, s’y conserve toujours la même. S. Irénée, Cont. User., 1. III, c. iii, n. 3 ; c. iv, n. 1 ; c. xxiv, n. 1 ; 1. IV, c. xxvi, n. 5 ; 1. V, c. xx, n. 1, P. G., t. vii, col. 851, 855, 966, 1056, 1177 ; Tertullien, De prsescript., c. xxviii, xxxii, xxxvii, P. L., t. ii, col. 40, 45, 50 sq.

b) Du ive au xvie siècle, après la première mention officielle des quatre notes d’unité, de sainteté, de catholicité et d’apostolicité, faite par le concile de Constantinople en 381, si ; u. : av âyîav, xx60).ixr, v %i &noçTo').<.y.r)v êxxXïia-tav, Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 86, ces quatre notes se retrouvent habituellement dans les symboles et dans les professions de foi ; mais elles ne se rencontrent pas, au moins collectivement, chez les Pères ou chez les théologiens subséquents. Saint Optât, dans son De schismate donatistarum, comme nous l’avons noté précédemment, énumère cinq notes distinctives de la véritable Église, cathedra, angélus, Spiritus, forts, sigillum, tout en insistant principalement sur la catholicité que doit posséder l’Eglise établie par Jésus-Christ. Saint Augustin, sans donner d'énumération des notes caractéristiques de la véritable Eglise, met particulièrement en lumière sa catholicité et sa sainteté, spécialement attaquées ou mal comprises par les donatistes. Voir Augustin, t. i. col. 2410.

Du ve au XIIIe siècle, en dehors du texte communément usité du symbole de Constantinople, on ne rencontre, chez les écrivains ecclésiastiques ou chez, les théologiens, aucune affirmation explicite des notes caractéristiques de la véritable Eglise, vraisemblablement parce qu’aucune nécessité ne se présentait d’exposer sur ce point la démonstration catholique.

Au xiiie siècle, saint Thomas, dans son opuscule De symbolo apostulorum, compte quatuor conditiones, qui, d’après toute son exposilion, sont plutôt des propriétés de l'Église que des notes qui la distinguent des communions rivales : H sec autem Ecclesia sayicla habet quatuor conditiones, quia est una, i/uia est sancta, quia est calholica id est universalis, et quia est fortis et firma. Bien que le saint docteur note en passant que seule l'Église catholique possède l’unité, et que seule elle fut toujours ferme dans la foi, il présente principalement ces quatre conditions de l’Eglise comme des qualités qui découlent évidemment de sa divine constitution, sans en faire l’application ex professa à la démonstration catholique. Quant au sens qu’il attache à fortis et firma, en réalité, c’est celui d’apostolicité et d’indéfectibilité. L'Église est ferme, parce qu’elle repose sur Jésus-Christ comme fondement principal et sur les apôtres comme fondement secondaire, et c’est pour cette dernière raison que l’Eglise est dite apostolique : et inde est quod dicitur Ecclesia aposlolica. L'Église est encore ferme en ce sens qu’elle ne peut être détruite, ni par les persécutions qui lui ont plutôt donné l’accroissement, ni par les erreurs qui ont toujours servi à mieux manifester la vérité, ni par les tentations des démons, car, selon la promesse de Jésus-Christ, les puissances de l’enfer ne prévaudront jamais contre l'Église. Matlh., xvi, 18. Aussi l'Église de Pierre a-t-elle toujours été seule ferme dans la foi.

Au xve siècle, en face des erreurs de Wicleff et de Jean Huss sur le concept de l'Église, Turrecremata († 1468), après avoir établi la véritable notion de l'Église qui n’est pas composée des seuls prédestinés, ni des seuls membres unis à Jésus-Christ par la charité, mais qui comprend tous les fidèles possédant la foi catholique intégrale et non séparés de l'Église par la censure de leur pasteur, Sunima de Ecclesia, Rome, 1489, sans pagination, 1. I, c. m sq., traite en détail de l’unité, 1. I, c. VI sq., de la sainteté, 1. I, c. IX sq., de la catho licité, c. Xiv sq., de l’apostolicité, c. xviii sq., et de l’indéfeclibilité de l’Eglise, c. xxviii sq., et de son titre d'épouse de Jésus-Christ, c. xxxvii sq., sans donner de synthèse sur l’ensemble des notes distinctives de la véritable Eglise.

c) Au xvie siècle, les affirmations nouvelles des protestants attirent particulièrement l’attention sur la question des notes caractéristiques de l'Église véritable. Luther identifiant l’Eglise avec la communion des saints mentionnée dans le symbole, et n’exigeant d’autre condition pour lui appartenir que la foi ou la confiance dans la non-imputation des péchés due à la médiation de Jésus-Christ et manifestée ou excitée par les sacrements, donne conséquemment comme seules notes caractéristiques de l'Église véritable, la prédication du pur Evangile et la bonne administration des sacrements. Realeneyklopàdie fur protestantisc/te Théologie und Kirche, art. Kirche, 3e édit., Leipzig, 1901, t. x, p. 336 sq. Calvin et ses disciples admirent les deux mêmes notes que Luther, du moins pour l'Église visible, Calvin, Institution de la religion chrétienne, 1. IV, c. I, n. 9 sq., Genève, 1566, p. 693 sq. ; Realeneyklopàdie, loc. cit., p. 339 sq., car, suivant eux, l'Église invisible, qui est la principale, est composée des seuls prédestinés, selon le système de Wicleft et de Jean Huss.

Les théologiens catholiques rejetèrent unanimement ces notes, qui ne pouvent prouver la véritable Eglise, puisqu’elles sont moins connues qu’elle. D’ailleurs, elles ne prouvent point nécessairement, par ellesmêmes, le droit exclusif au titre de véritable Église. Enfin elles supposent la connaissance préalable de la véritable Eglise, seul juge authentique de la prédication du pur Evangile et seule dépositaire légitime des véritables sacrements. Grégoire de Valence, Analysis fidei catholiese, Ingolsladt, 1585, p. 152 sq. ; Bellarmin, De Ecclesia, 1. IV, c. n ; Suarez, De fide, disp. IX, sect. ix, n. 1 sq.

Toutefois, dans leurs revendications positives, les théologiens catholiques, au moins dès le début, n’eurent point la même unanimité. Melchior Cano († 1560), dans son célèbre ouvrage De locis theologicis qui ouvrit la voie aux théologiens des siècles suivants pour l'étude du traité de l'Église, ne fit qu’indiquer les quatre notes traditionnelles, De lucis theologicis, I. IV, c. VI, Venise, 1759, p. 117. Stapleton (y 1598) indique trois propriétés de la véritable Église chrétienne par lesquelles on la distingue de toute fausse Église des hérétiques et des schismatiques : l’universalité, la visibilité et la perpétuité. Principiormu fidei do : lrinalium demonstratio methodica, 1. V.proœm., Paris, 1582, p. 102. Mais en réalité il estime que toutes les propriétés de l'Église sont comprises dans la catholicité ou l’universalité de lieu et de durée, et que c’est par cette catholicité que la véritable Église se distingue des fausses communions hérétiques, 1. IV, c. i-m, p. 103 sq. Que la double catholicité de lieu et de durée contienne nécessairement l’unité et l’apostolicité, c’est pour le controversiste anglais une conclusion évidente. Car, s’il avait manque d’unité dans la foi ou dans l’obéissance, il y aurait en réalité plusieurs Eglises distinctes selon les lieux ou selon les temps, il n’y aurait plus d'Église vraiment catholique, 1. IV, c. IV, p. 110 sq. De même, par le fait que l'Église a la double catholicité des lieux et des temps, elle est l'Église apostolique que les apôtres ont propagée dans toute la terre et qui depuis eux s’est conservée toujours la même, 1. IV, c. v, p. 1Il sq. Ainsi, selon Stapleton, toutes les marques distinctives de la véritable Église se résument réellement dans la catholicité.

Bannez († 1604) énumère cinq propriétés de l'Église, l’unité, la catholicité, la sainteté, l’apostolicité et la visibilité, mais sans en faire aucune application à la question particulière des notes distinctives de la véritable