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EGLISE


4. Saint Cyprien († 258), par son enseignement précis sur les hérésies et sur les schismes, laisse non moins clairement entendre l’existence d’une autorité divine dans l'Église : Hanc Ecclesise unitalem qui non tenet, tenere se (idem crédit ? Qui Ecclesise renititur et resistit, qui catliedram Pétri super quem fundata est Ecclesia deserit, in Ecclesia se esse confiait ? De unitate Ecclesise, iv, P. L., i. iv, col. 500 sq. Quisquis ab Ecclesia segregatus, adultérée jungitur, a promissis Ecclesise separatur ; vec perveniet ad Christi prsemia qui relinquit Ecclesiam Christi. Alienus est, profanus est, liostisest. Habere jam non potest Deum pat rem, qui Ecclesiam non habet matrem. Si potuil evadere quisquam qui extra arcam Noe fuit, et qui extra Ecclesiam foris fueril evadit, col. 503. Aversandus est atque fugiendus quisquis fuerit ab Ecclesia separatus. Perversus est hujusmodi et peccal et est a semetipso damnatus, col. 513. La même doctrine est exprimée dans plusieurs de ses épîtres. Epist., xliv, col. 340 ; xlix, P. L., t. iii, col. 726 sq. ; lii, n. 24, col. 790 sq. ; lxix, n. 1 sq.. P. L., t. iv, col. 409 sq.

Cette divine autorité qui existe dans l'Église, l'évêque de Carthage la considère principalement dans chaque évêque gouvernant son Église particulière et dans l’ensemble des évêques de toutes ces Eglises. Epist., lv, n. 5, P. L., t. iii, col. 802 sq. ; lv, n. 5, P. L., t. iv, col. 396 sq. ; lxix, n. 4, 8, col. 403, 406 ; lxxiii, n. 8, P. L., t. iii, col. 1114. Bien que les évêques soient mentionnés comme égaux en pouvoir et en dignité, De unitale Ecclesise, iv sq., P. L., t. iv, col. 499 sq., et que chaque évêque soit considéré comme indépendant dans sa propre sphère, Epist. lxxii, n. 3, P. L., t. iii, col. 1050 ; lxxiii, n. 26, col. 1126 ; il est cependant très assuré que tous les évêques forment un seul corps : episcopatu’s unus est, cujus a singulis in solidum pars tenetur, De unit. Eccl., V, P. L-, t. iv, col. 501, et que l’Eglise est une, de telle manière que tous ceux qui violent cette unité, s’insurgent contre Dieu lui-même. De unit. Eccl., iv sq., col. 500 sq. ; Epist., xli, n. 1 sq., P. L., t. iii, col. 703 sq. ; li, P. L., t. IV, col. 343 sq.

Enfin le docteur africain affirme plusieurs fois la divine institution de la primauté de Pierre et de ses successeurs. De habitu virginum, x, P. L., t. iv, col. 449 ; De unitate Ecclesix, iv, P. L., t. IV, col. 500 ; Epist., xliv, n. 3, P. L., t. iii, col. 710 sq. ; li, n. 8, col. 772 sq. ; liv, n. 14, col. 818 sq. ; lxvi, n. 2 sq., col. 993 sq. ; lxix, n. 8, P. L., X. iv, col. 106 ; lxxi, col. 410 ; lxxii, n. 3, P. L., t. iii, col. 1050 ; lxxiii, n. 7, 11, col. 114, 116 ; De exhorlalione martgrii ad Forlunatum, xi, P. L., t. iv, col. 668. Toutefois la nature du pouvoir inhérent à cette primauté n’est pas nettement précisée dans l’ensemble des écrits de l'évêque de Carthage. Voir Cyprien, t. iii, col. 2168 sq.

A ces témoignages si explicites des auteurs du me siècle en faveur d’une autorité divinement instituée dans l'Église, on doit joindre les nombreux faits attestant déjà à cette époque l’exercice de cette autorité, soit en matière de doctrine, soit en matière de discipline. En matière de doctrine, c’est un fait constant que pendant cette période, plus manifestement encore que dans les deux premiers siècles, quiconque, en face des hérésies qui assaillent l'Église, ne se soumet pas pleinement à l’enseignement de Jésus-Christ et des apôtres, tel qu’il est proposé par l'Église, est rejeté de son sein, comme rebelle à Dieu et comme disciple du démon et de l’Antéchrist, ainsi que le démontrent manifestement toutes les paroles précédemment indiquées des Pères et des écrivains ecclésiastiques des trois premiers siècles, paroles qui n’auraient aucun sens dans l’hypothèse protestante de l’absence de toute autorité divine dans l'Église. En matière de discipline,

c’est un fait non moins constant qu’en face des divers schismes ou des révoltes plus ou moins graves contre l’autorité ecclésiastique, tous ceux qui s’insurgent contre l’autorité légitime des successeurs des apôtres ou contre celle du pontife romain ou qui s’associent à de semblables rébellions, sont également considérés comme infidèles à Dieu et à son Christ et réputés déchus de tous leurs droits de chrétiens, comme le démontrent les textes précédemment cités.

3° Troisième période, depuis le commencement du IVe siècle jusqu’au commencement du Ve siècle. — Pendant celle période où les controverses principales gravitent autour de la consubstantialité du Verbe et de son incarnation, l’occasion se présente rarement d’exposer directement le concept de l'Église, si l’on excepte toutefois la catéchèse xvin de saint Cyrille de Jérusalem, P. G., t. xxxiii, col. 2558, l’ouvrage de saint Optât, De schismatedonatistarum, et les écrits de saint Augustin contre les donatistes.

1. C’est surtout par des faits très nombreux et très évidents que se manifeste, plus encore qu'à l'époque précédente, la croyance à une autorité divinement établie dans l’Eglise. Tous ces faits se résument dans cette loi universelle et indiscutable : quiconque ne se soumet pas à l’autorité divinement établie dans l’Eglise, est considéré comme rebelle à Dieu et comme exclu de toute participation au salut éternel ou au bonheur du ciel. C’est ce qu’attestent les nombreux conciles tenus à cette époque, portant anathème, c’est-à-dire exclusion de l'Église, entraînant la privation de tout droit à l’héritage éternel, contre tous ceux qui rejetaient avec opiniâtreté l’enseignement proposé par l’Kglise comme divinement révélé et imposé comme tel à l’acceptation de tous les fidèles. C’est aussi ce qu’attestent les catéchèses de cette époque, indiquant aux fidèles l’enseignement qu’ils étaient tenus de professer, autant que nous pouvons en juger par les catéchèses de saint Cyrille de Jérusalem, demandant aux fidèles de fuir les abominables réunions des marcionites et des manichéens, et d’adhérer toujours à la sainte Eglise catholique, dans laquelle ils ont reçu une nouvelle naissance ; Eglise qui, seule dans l’univers entier', lient de Dieu tout pouvoir, et dans laquelle nous obtiendrons l’héritage du royaume éternel. Cal., xviii, n. 26 sq., P. li., t. xxxiii, col. 1017, 1049 ; Cal., vi, n. 36, col. 601 sq. C’est ce qu’attestent encore les témoignages formels des Pères de cette époque, affirmant que les hérétiques, rejetant la doctrine enseignée par l'Église, cessent d'être chrétiens et que l’on ne doit avoir aucune communion avec eux. S. Athanase, Orat., I, contra arianos, n. 1 sq. ; Orat., iii, n.28, /'. G., t. xxvi, col. 13sq., 384 ; Epist. nd Epictetum, n. 3, col. 1056 ; Epist. ad monachos, col. 1188 ; que les hérétiques, par le fait de leur hérésie, se séparent de l'Église, S. Ililaire, De Trinitate, 1. VII, n. 'i, P. L., t. x, col. 202 ; et que les églises des hérétiques sont rejetées comme étrangères par Jésus-Christ, qui est sponsus unius Ecclesia-. S. Optât, De scltismate donatistarum, 1. I, c. x, P. L., t. xi, col. 900.

2. A ces faits ainsi interprétés, on doit joindre les témoignages des principaux défenseurs de la vérité catholique contre les hérétiques de cette époque. Saint Athanase, en réfutant les ariens, indique, incidemment du moins, les principales propriétés de l'Église : son unité, Tomus ad Antiochenos, n. 8 ; Epist. heort., v, n. 4, P. G., t. xxvi, col. 806, 1382 ; l’apostolicité et la catholicité de sa doctrine. Epist. ad Epictetum, n. 3, col. 1056. Saint Ililaire, en même temps qu’il montre 1'.glise comme l'épouse de Jésus-Christ, Inps. cxxvir, n. 8, P. L., , t. ix, col. 108, et le corps de Jésus-Christ lnps. XIV, n. 5 ; cxxr, n. 6 ; cxxviii, n. 9 ; cxxxi, n. 24, col. 302, 688, 715, 742 sq. ; Comment, in Matl/i., v, n. 21, col. 941 ; et qu’il affirme son unité, In ps. xii,