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EGLISE


nécessaire pour leur bien spirituel. Voir Apôtres, t. I col. 1651 sq. — b) L’apostolat ainsi établi par Jésus est exercé en son nom avec pleine autorité. De fait, les apôtres enseignent comme envoyés de Jésus, accrédités par lui et parlant en son nom, et leur parole est donnée comme la parole de Dieu, à laquelle pleine soumission est due. I Thess., il, 13 ; II Cor., v, 20 ; x, 5 sq. ; Rom., i, ."> ; II Tim., ii, 2, li. Ceux qui rejettent cet enseignement sont considérés comme ayant fait naufrage dans la foi, comme séducteurs et comme antéchrists et comme dignes d’analhème. II Thess., i, 8 ; Gal., 1, 8 sq. ; Tit., iii, 19 sq. ; 1 Tim., 1, 19 sq. ; II Tim., II, 18 sq. ; II Pet., ii, 1 ; I Joa., il, 18 ; II Joa., 7 sq. ; Jud., 13. En même temps les apôtres, en vertu de l’autorité' que leur confère leur mission, exercent un pouvoir de commandement sur les fidèles. Act., xv, 28 sq. ; xvi, 4 ; 1 Cor., v, 3 sq. ; xi, 2, 31 ; II Cor., XIII, 2, 10. Cf. Ma' P. Batiffol, L'Église naissante et le catholicisme, Paris, 1909, p. 49 sq.

2. L’ensemble de ces faits ne peut s’expliquer suffisamment par un pur charisme, car par lui-même le cbarisme, don individuel de l’Esprit-Saint, ne suppose aucune autorité ou mission divine dans celui qui en est orné, et son exercice même est régulièrement soumis à l’autorité.

La seule explication rationnelle est donc que les apôtres possédaient réellement un pouvoir permanent d’enseigner et de gouverner, en vertu d’une mission spéciale donnée par Jésus-Christ ; pouvoir qui d’ailleurs apparaît manifestement concédé pour tous les temps et pour toutes les générations chrétiennes, puisque les témoignages précédemment cités n’indiquent aucune restriction. Batiffol, op. cit., p. (>6 sq.

Conclusion. — De tout ce que nous avons rapporté des affirmations de Jésus et de ses apôtres, ainsi que de l’ensemble des faits néo-testamentaires, nous sommes autorisés à conclure qu’une autorité a été établie à perpétuité par Jésus Christ dans la société chrétienne, pour enseigner fidèlement toute sa doctrine et pour diriger effectivement les fidèles vers leur fin surnaturelle.

Appuyés sur ce même fondement scripturaire, nous pouvons encore déduire, avec non moins de certitude, plusieurs propriétés essentielles de cette Eglise divinement établie, notamment sa perpétuelle visibilité, son litre de société parfaite, son unité, son apostolicité, sa catholicité, sa sainteté et sa perpétuelle indéfectibilité dans la doctrine révélée par Jésus-Christ et dans la divine constitution établie par lui, comme nous le moMlrerons bientôt en étudiant la divine constitution de l’Eglise d’après le dogme révélé.

/II. TÉMOIGNAGE DE LA TRADITION CHRÉTIENNE BANS

les '.'/ uvi/j rrtEviEns siècles, — Noire démonstration strictement apologétique et cantonnée sur le terrain historique, dans le sens précédemment défini, s’arrèlera après les quatre premiers siècles, parce que, au de la de cette époque, les adversaires du catholicisme ne contestent plus aujourd’huil’exclusive prédominance du concept catholique de l’Eglise, bien qu’ils ne veuillent point admettre sa divine origine.

Dans cette période des quatre premiers siècles, notre étude nécessairement synthétique s’arrêtera aux trails principaux du concept général de l'Église, en laissant de côté les points particuliers qui seront l’objet d’articles spéciaux, tels que les noies de l’Eglise, l'épiscop.il, l.i primauté du pape et son infaillibilité.

1° Première période, des temps apostoliques jusqu'à lu fin du ile siècle. — 1. Saint Clément pape ([- vers lUl), dans sa lettre aux Corinthiens occasionnée par la sédition survenue dans cette Eglise, insisie principalement sur l’obéi san Je due, selon l’ordre divin, à l’autorité des évéques en matière de discipline ecclésiastique : ûfxeiC ovv ai evjv xocaSoXqv ttjç « nàasa) ; notrjaavTSc ûtio tâyi-|TE toî ; 7rp- ; 7Ô-jr£pot ; -/.al TiatSîjOri" il- ; AS : âvo ! av /tâp.'f/avrs ; Ta yrivarà x ?|ç xapfii’a ; vpcâv. I Cor., lvii, 1 ; Eunl<, Patres apostolici, 2e édit., Tubingue, 1901, t. i, p. 170 sq. Il ne s’agit point d’un simple conseil, mais d’une obligation rigoureuse, dont l’inexécution priverait de toute espérance dans le Christ Jésus et exposerait à être rejeté de son troupeau, p. 172. Si quelques-uns n’obéissaient point à ce que Jésus leur dit par notre intermédiaire, qu’ils sachent qu’ils manquent gravement, et qu’ils se mettent dans un danger consi dérable,

OT ! TiapaTrtiDTEi /.a : xivojvco ou |j.ixpa> ea’jTo-j ;

èvSTJorouo’iv, p. 174.

L’unité de l’Eglise est affirmée au moins implicitement dans le passage où Clément parle de l’unité de foi au Père, au Fils et au Saint-Esprit, de l’unité de vocation dans le Christ, et de l’unité du corps de Jésus-Christ dont tous les fidèles sont les membres. xlvi, 6, p. 158. D’ailleurs, l’unité de l’Eglise ressort assez clairement de l’autorité que l'évoque de Rome exerce sur l’Eglise de Corinthe, autorité d’autant plus manifeste que, selon le texte de la lettre, Clément parait être intervenu d’une manière entièrement spontanée, xi.vn, 7, p. 160, et avoir voulu s’acquitter du devoir de sa charge, i.ix, 2, p. 174.

2. Saint Ignace d’Anlioclie († 101), en combattant les hérésies de son temps, insiste très fréquemment sur la soumission à la hiérarchie ecclésiastique constituée par l'évêque, le presbyterium et les diacres. Ad Eph., ii, 2 ; iv ; v, 3 ; xx, 2, Patres apostolici de Eunk, 2e édit., Tubingue, 1901, t. I, p. 214, 216, 218. 230 ;.1, / Magn., n sq. ; vi ; vii, 1 ; xiii, 2, p. 232, 231, 236, 240 ; Ad Trait., ii, vii, xiii, 2, p. 242 sq., 216 sq., 250 ; Ad Philad., iv, vii, p. 266, 270 ; Ad Smyrn., viii, p. 282. Cette soumission n’est pas demandée seulement en matière de discipline ecclésiastique, comme dans la lettre de saint Clément aux Corinthiens. Saint Ignace exige expressément que l’on s’accorde dans la soumission, Tr, TOÛ È7110-/-07TO-J "pÛfM), Ad Epll., IV, p. 216 ;

soumission non seulement aux volontés mais encore aux jugements de l'évêque. Cette soumission est né saire pour que l’on soit uni rf y v '">[M) to-j OîoO, car Jésus-Christ, qui est notre vie indispensable, est f, Yvœp, Y| toO TTXTpb ;, comme les évéques établis par toute la terre, èv 'Iy|to0 Xpis : o-j ('"> ! J -'1 z'.ivI. La soumission à l’autorité de l'évêque est exigée en vertu de l’ordre divinement établi. Ad Eph., Il, 2, p. 214. On doit être dans l’unité immaculée avec l'évêque, pour participer toujours à Dieu. Ad Eph., IV, p. 216. On doit avoir soin de ne point résister à l'évêque pour rester soumis à Dieu. Ad Eph., v, 3, p. 218. On doit considérer dans I évéque Dieu lui-même. Ad Eph., VI, p. 218. On doit être soumis à l'évêque J » ; yip-.Tt ûsoO et au presbyterium <l> ; v6 ; j.'.> 'Ir.ffoû XpuTToO. Ad Magn., il, p. 232. L'évêque tient la place de Dieu et le presbyterium celle du sénat apostolique. Ad Magn., VI, p. 234. D’ailleurs, la manière dont l'évêque d’Anlioclie dénonce les hérétiques et les schismatiques suppose, chez les uns et les autres, la rébellion contre une autorité divinement établie. Si quelqu’un corrompt par une doctrine perverse la foi de Dieu pour laquelle Jésus a été crucifié, il ira au feu éternel, et également celui qui l'écoute. Ad Eph., xvi, p. 226. Si quelqu’un suit un schismatique, il n’obtiendra pas l’héritage du royaume divin ; si quelqu’un suit une doctrine étrangère, il ne participe point à la passion de Jésus-Christ. Ad PIMad., ni, p. 266.

Quant à l’unité de l’Eglise, elle résulte de ce que .(('sus-Christ fait l’unité de tous les évéques établis dans le monde : y.-A yxp 'liaovi Xpiiio ?, to àS'.xxptxov r)a<iJv Çf.v, tvj 7TATpb ; - [/'ii.r l, (', > /.ai ol É7tÎ5X07TOi, ol /.ara Ta 7r£para âptaOévTS ;, i’i 'Ir)TOÛ Xpurtoû Yviiiiir) eicxtv. Ad Eph., iii, 2, p. 216. Ailleurs, saint Ignace parle expressément du corps de l'Église universelle qui est un, èv