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Millier, op. cit., t. ii, p. 229 ; Marc, t. i, p. 668 ; Lehmkulil, t. i, n. 551 ; Génicot, t. i, n. 337 ; Aertnys, op. cit., t. i, p. 210 ; Noldin, t. n. n. 271.

b) Le service divin. — Deux applications particulières sont indiquées par les théologiens, a. Les actes matériels de préparation éloignée du culte divin qui peuvent être accomplis précédemment, comme l’appropriation et la décoration des églises ou la confection des hosties, ne doivent point régulièrement être accomplis le dimanche, surtout s’ils prennent un temps considérahle et n’ont qu’une relation éloignée avec le culte divin. En dehors du cas de nécessité, le peu de durée du travail et la coutume peuvent excuser même de toute faute. Cajetan, In ll 3m ll x, q. cxxii, a. 4 ; Summula, loc. cit., p. 230 ; Dominique Soto, De justitia et jure, l. II, q. IV, a. 4 ; Suarez, tr. II, De religione, l. II, c. xxi, n. 10 sq. ; S. Alphonse de Liguori, op. cit., l. III, n. 292.

b. Les travaux agricoles dans les terres des églises, même quand ils sont accomplis dans l’unique motif d’aider le culte divin, ne perdent point leur nature servile. Ils n’ont aucun privilège spécial et ne peuvent être autorisés que pour une vraie nécessité, avec dispense de l’autorité ecclésiastique et avec la condition d’éloigner tout scandale. Sylvestre de Prierio, Summa sylvestrina, art. Dominica, Lyon, 1594, t. i, p. 269 ; Cajetan, In U im II X, q. cxxii, a. 4 ; Summula, loc. cit., p. 230 sq. ; Suarez, loc. cit., n. 12 ; les théologiens de Salamanque, loc. cit., n. 255 sq. ; S. Alphonse de Liguori, Zoc.ct «., n.293 ; d’Annihale, op. cit., t. iii, n. 126 ; Lehmkuhl, op. cit., n. 126 ; Noldin, op. cit., t. III, p. 273.

c) La pratique de la charité ne peut dispenser du repos dominical, s’il s’agit uniquement d’aider au soulagement général des misères puhliques, à moins que ce ne soit une nécessité puhlique exceptionnelle et accidentelle. Cajetan, loc. cit. ; Azpicuelta, op. cit., c. xiii, n. 10, t. i, p. 128 ; Suarez, loc. cit., c. xxvii, n. 14 sq.- ; S. Alphonse de Liguori, loc. cit., n- 293. Mais il est permis d’aider quelqu’un qui est autorisé à travailler pour soi à cause d’une nécessité grave et pressante. Lehmkuhl, op. cit., t. i, n. 552 ; Génicot, op. cit., t. i, n. 336 ; Noldin, op. cit., t. iii, n. 275. Quelques théologiens estiment même que l’on peut licitement travailler à des ohjets destinés aux pauvres, bien qu’il soit interdit de le faire en vue d’un salaire dont on ferait bénéficier les pauvres. Lehmkuhl, loc. cit. ; Génicot, loc. cit. ; Noldin, loc. cit.

d) La dispense. — La théologie qui en règle l’usage est désormais plus nettement fixée. La dispense est reconnue régulièrement nécessaire dans le cas de doute sur la suffisance des causes excusantes ou sur l’autorisation de la coutume. L’évêque peut habituellement dispenser dans les cas de fréquente occurrence et en principe ce pouvoir lui est réservé. Cependant il est permis, dans un cas individuel et pressant, de recourir à un simple prêtre ayant charge d’àmes. Cajetan, loc. cit. ; Dominique Soto, loc. cit., p. 145 ; Azpicuelta, loc. cit., c. xui, n. 16 ; Suarez, loc. cit., c. xxxiii ; les théologiens de Salamanque, op. cit., n. 359 ; S. Alphonse de Liguori, op. cit., n. 288. Il est d’ailleurs reconnu désormais qu’il n’y a aucune obligation de compenser par une aumône la dérogation ainsi faite à la discipline ecclésiastique. Cette aumône est cependant conseillée par quelques théologiens.

4° Réaction en faveur du repos dominical dans l’esprit public et dans la législation sociale, à la fin de cette période. — Cette salutaire réaction commencée dans les vingt-cinq dernières années du xixe siècle n’eut point pour cause principale une propagande confessionnelle. Elle fut surtout la conséquence d’un profond mouvement social en faveur du bien-être des classes ouvrières. Ce mouvement, dû surtout à une universelle sympalhie poup les multiples misères des

travailleurs si aggravées au XIXe siècle malgré certaines améliorations très réelles, fut puissamment aidé par une active propagande individuelle ou corporative, par la presse et par de nombreux congrès. Non confessionnel dans son ensemble, ce mouvement fut cependant activé chez beaucoup d’individus par les convictions chrétiennes. Il fut le point de départ de la législation dominicale récemment introduite dans la plupart des pays d’Europe, en Suisse en 1877, en Autriche en 1885, en Allemagne en 1891, en Angleterre en 1878 et 1891, en Belgique, en Espagne et en France en 1906, en Italie en 1907.

1. Raisons invoquées en faveur du repos dominical.

— En dehors du motif religieux qui peut prévaloir dans la pensée de beaucoup de défenseurs du repos dominical, les principales raisons invoquées sont :

a) Les multiples avantages matériels et moraux procurés par le repos dominical. — a. Les avantages matériels sont très considérables pour l’individu, pour la famille et pour la société. Avantages matériels pour la santé des individus, car l’expérience physiologique prouve qu’un certain repos périodique, en dehors du repos ordinaire de la nuit ou de la récréation pendant le jour, est nécessaire pour réparer les forces du travailleur. Cette nécessité peut varier en intensité selon la nature du travail et le tempérament ou les forces de chacun, mais elle est inéluctable. Ce repos peut seul réparer la déperdition journalière d’oxygène causée malgré une bonne nutrition, par le travail des muscles et des nerfs. Il ne peut être suppléé ni par le repos de la nuit ni par la nourriture la plus fortifiante. Congrès international du rejios Itebdomadaire tenu à Paris en 1889, Paris, 1890, p. 35 sq. ; Compte rendu desséances du congrès international du dimanche tenu à Paris en 1900, p. 4 ; Congres du repos du dimanche dans l’industrie du bâtiment, à Paris, 1902, p. 75 ; A. de Mun, Discours et écrits divers, Paris, 1895, t. iv, p. 291 sq. Ce repos périodique importe d’autant plus à la santé individuelle et à la vigueur de la race que la population ouvrière est, avec le travail du dimanche, habituellement plus exposée aux redoutables ravages de l’alcoolisme, agent très puissant de dépopulation et de dégénérescence. — Avantages matériels très considérables aussi pour l’esprit d’économie personnelle et familiale. Par la jouissance du repos périodique en famille, l’ouvrier s’attachera davantage à cette vie intime, évitera plus facilement les inutiles dépenses du cabaret et du jeu. Dans ses loisirs il pourra ainsi s’occuper plus activement de ses affaires et de son budget, et profitera mieux des moyens que lui fournissent les associations et syndicats pour promouvoir ses intérêts matériels. Congrès international du re/ios hebdomadaire de 1889, p. 100, 144 sq. D’ailleurs la productivité du travail ne subira aucune décroissance, car l’expérience démontre qu’avec le repos du dimanche, le travail accompli en six jours est habituellement au moins identique à celui des sept jours continus, p. 149 sq., 183, 220 ; Paul Engelmann, Le repos du dimanche dans l’industrie, Paris, 1899, p. 40.

Il y aura même augmentation de productivité par l’accroissement du nombre des travailleurs dû à la prolongation de leur vie et de leur capacité de travail, par la cessation du chômage forcé du lundi parfois même du mardi, conséquence assez habituelle du travail du dimanche, et par la constante régularité de la présence effective des travailleurs pendant les six jours ouvrables. L’expérience prouve aussi la bienfaisante influence du repos dominical sur la diminution des accidents, car, suivant les statistiques, les accidents se produisent avec une proporlionalité plus intense aux moments où l’attention et la vigilance de l’ouvrier, par un effort trop prolongé, ne peuvent se soutenir avec la même vigueur.