Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/259

Cette page n’a pas encore été corrigée
1785
1786
DORLAND — DOROTHÉE DE TYR


la méditation, un Psautier sur la vie et la passion de N.-S. Jésus-Christ, des sermons sur la passion tirés des sermons de saint Léon pape, des traités ou des dialogues sur les vertus, sur les vices, sur les fins dernières de l’homme, sur le véritable bonheur, sur la vie intérieure, sur l’état religieux, sur sainte Cécile, sur sainte Ursule et ses compagnes, sur saint Vincent Ferrier, un miroir de la vie humaine, etc., etc.

Cf. Petrejus, Bibliotheca Cartusiaiia, p. 252-257 ; Morozzo, Valère André et tous les bibliographes des écrivains belges, Dupin, Moréri ; Biographie universelle de Michaud.

S. Autore.


1. DOROTHÉE d’Antioche. Eunuque de naissance, Dorothée d’Antioche fut pris en amitié par l’empereur Dioclétien, qui le plaça, à titre de surintendant, à la tète de la teinturerie de pourpre de Tyr. Eusèbe, H. E., vii, 32, P. G., t. xx, col. 721. Esprit cultivé et très au courant de la littérature hellénique, il montra un grand zèle pour l’étude de l’Ecriture et apprit si bien l’hébreu qu’il lisait couramment les livres écrits en cette langue. L’évêque d’Antioche, Cyrille († 303), l’attacha à son église en l’ordonnant prêtre et lui fit expliquer les saints Livres. Eusèbe qui l’a connu et entendu dans ses fonctions atteste qu’il les remplissait avec compétence. Il fut donc contemporain et collègue du célèbre Lucien et appartint à ce groupe d’exégètes d’Antioche, qui appliquaient la méthode dialectique d’Aristote et interprétaient l’Ecriture dans le sens littéral. Composa-t-il des ouvrages ? Eusèbe n’en dit rien, et saint Jérôme ne l’a pas rangé au nombre des écrivains ecclésiastiques. On ignore la date et le genre de sa mort. Eusèbe, très au courant des affaires de son temps, des événements politiques et religieux, a soin de citer Lucien d’Antioche dans la liste des évêques et des prêtres qui moururent martyrs pendant la persécution, H. E., viii, 13, P. G., t. xx, col. 773, mais ne parle pas de Dorothée. De Mas Latrie, Trésor de chronologie, Paris, 1889, col. 714, le fait mourir martyr en 362 ; c’est là une date et un genre de mort qui ne conviennent qu’à Dorothée, évéque de Tyr, avec lequel il ne faut pas confondre Dorothée, prêtre d’Antioche. Il ne faut pas le confondre davantage avec son homonyme, eunuque comme lui, mais chambellan de Dioclétien, qui subit le martyre en compagnie de Gorgonius, Eusèbe, H. E., viii, 1, P. G., t. xx, col. 740, pas plus du reste qu’avec celui auquel on attribue une Synopsis de vila et morte prophetaruni, apostolorum et discipulorum Dontini, œuvre d’un inconnu, qui a donné lieu à des erreurs d’attribution, qui date de la première moitié du vie siècle, de 525 au plus tard, et qui se trouve dans la Bibliotheca max. Patruni, Lyon, 1677, t. i, p. 422-429, et dans Cave, Script, eccl. Iiistoria litleraria, Genève, 1705, p. 104-108. Sur cette Synopsis, voir Schermann, dans Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1907, t. xxxi, fasc. 3, p. 6-14.

Eusèbe, H. E., vil, 32, P. G., t. xx, col. 721 ; Nicéphore, H. E., vi, 35, P. G., t. cxi.v, col. 1200 ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’hist. eccl., Paris, 1697-1710, t. v, p. 185 ; Harnack, Geschichte der altchr. Litteratur bis Eusebius, Leipzig, 1893-1897, t. i, p. 532 ; Batiffol, Littérature grecque, Paris, 1897, p. 191 ; Bardenliewer, Patrologie, trad. franc., Paris, 1898, t. i, p. 294 ; Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, 2° édit., col. 1231.

G. Pareille.


2. DOROTHÉE DE GAZA, auteur ascétique du VIe siècle. Né à Antioche et ayant reçu une excellente éducation, Dorothée embrasse la vie religieuse au monastère de Séridos, situé près d’un torrent entre Gaza et Ascalon. Là, il communiquait par l’intermédiaire de Séridos avec saint Barsanuphe, qu’une réclusion absolue séparait, non seulement du monde, mais encore des religieux du couvent, et il fut de saint Jean le Prophète le serviteur assidu pendant neuf années. Très préoccupé

de son avancement spirituel, il posait à l’un et à l’autre une foule de questions par écrit sur des textes de l’Écriture, des Pères ou sur divers points de théologie. Il nous est resté environ 95 modèles de ces questions et de ces réponses. Voir Doclrina xxi, P. G., t. lxxxviii, col. 1812-1822 ; t. lxxxvi, col. 891-902, et surtout Nicodème l’hagiorite, Bt’ëXoç 4, y X û>< P £A£( rw CT l Trspil/o’jcra à7ro-y. çtlcu ; … tôW… BapTavouçiVj y. où’Iwâvvou.., Venise, 1816, lettres cclii-cccxxxv, cccxxxvi-cccxlii, dxli-dxlii, et Éclios d’Orient, Paris, t. vii, p. 271 sq., 273 sq. Ces deux vieillards le prièrent ensuite de construire à ses fiais près du monastère un hôpital, dont il assuma la charge avec plusieurs jeunes moines, parmi lesquels saint Dorothée. A la suite de la mort de Jean le Prophète et de Barsanuphe, vers l’an 510, Dorothée quitta le monastère de Séridos et en construisit un autre, qui se trouvait entre les villes de Gaza et de Maïouma, au dire de Moschus, c. CLXvi, P. G., t. lxxxvii, coI. 3033. C’est là qu’il prononça ses Conférences spirituelles, d’un contenu mi-théologique, mi-ascétique, et qui ont joui d’une grande considération dans la vie monastique. Celles-ci furent adressées à ses religieux, vraisemblablement entre les années 540 et 560. P. G., t. lxxxviii, col. 1612-1844. On ne sait quand mourut Dorothée ; en tout cas il est faux qu’il ait vécu au viie siècle, comme le soutiennent tous les manuels de patrologie. Les bollandistes l’ont inséré dans les Acla sanctorum, t. 1 junii, p. 587-595, bien qu’ils avouent n’avoir pas trouvé trace de son culte.

Il ne faut pas confondre notre auteur avec un Dorothée, moine d’Alexandrie, qui écrivit un ouvrage en faveur du concile de Chalcédoine, sous Anastase I er, 491-518, Théophane, Chronicon, P. G., t. cviii, col. 360 ; ni avec un Dorothée, qui se révéla fougueux eutychien au concile de Chalcédoine, Mansi, Concil., t. vii, col. 61, 60, 68, 73-83 ; ni avec un Dorothée, qui fut sacré éve-il ne de deux sectes monophysites, vers l’année 565, Théophane, op. cit., col. 524 sq., etque saint Sophrone anathématise. P. G., t. i.xxxvii, col. 3192. C’est surtout avec ce dernier qu’on le confond parfois et saint Théodore Studite dut, au IXe siècle, se défendre à Borne des accusations lancées contre lui à ce sujet, / G., t. xcix, col. 1028, 1816 ; t. lxxxviii, col. 1613. Bien que ces deux personnages aient vécu à la même époque et que nous ignorions tout de Dorothée de Gaza après ses Conférences spirituelles, ce que nous savons de lui auparavant ne nous autorise pas à le confondre avec l’évêque monophysite.

Ivur les documents venant à l’appui de mes affirmations, je renvoie à mes divers articles des Echos d’Orient : Saint Dorothée et saint /osime, t. iv, p. 359-303 ; Les lettres spi>-ituelles de Jean et de Barsanuphe, t. vii, p. 268-276 ; Saint Barsanuphe, t. viii, p. 14-25 ; Jean le prophète et Séridos, t. viii, p. 154-160 ; Un mystique monophysite, le moine [saie, t. IX, p. 81-91.

S. Vailhé.


3. DOROTHÉE de Tyr (Saint). Personnage dont il est assez diflicile de justifier l’existence, au iv<- siècle, par quelque témoignage contemporain qui atteste la présence à Tyr d’un évéque de ce nom et son martyre en 362. Qu’il y ait eu, au ive siècle, un saint du nom de Dorothée, nous le savons par Eusèbe, H. E., viii, 1, P. G., t. xx, col. 740 : c’était un chambellan de l’empereur Dioclétien, qui mourut martyr en compagnie de Gorgonius, lors de la persécution de 304, à Nicoinédie ; mais il n’a été ni évéque de Tyr, ni simple prêtre, et Blondel a eu tort de l’identifier avec Dorothée d’Antioche. Qu’il y ait eu un prêtre de ce nom, nous le savons également par Eusèbe, H. E., vii, 32, P. G., t. xx, col. 721 ; mais il n’a été ni évéque de Tyr, ni martyr ; car très certainement, à défaut d’Eusèbe, saint Jérôme n’aurait pas manqué de le signaler dans son De viris. Qu’est-ce donc que ce Dorothée de Tyr ?