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DOGME


établie par plusieurs arguments a priori et par des faits nombreux et indiscutables, o. Un premier argument a priori est appuyé sur des considérations multiples : l’analogie avec ce qui se reproduit constamment dans le monde physique et moral, Essai/ on the developmeni of Christian doctrine, 2 r édit. de 1878, réimprimée à Londres en 1906, p. 74 sq. ; la nécessité pour le catholicisme, qui est une religion universelle, de s’adapter à tous les pays et à tous les temps, p. 58 sq. ; et l’insuffisance des textes scripturaires pour diriger suffisamment les fidèles en beaucoup de points pratiquement nécessaires, p. 57 sq. — b. Un autre argument a priori montre la souveraine convenance d’une autorité doctrinale infaillible, qui puisse avec certitude écarter de ces développements doctrinaux toute corruption ou erreur doctrinale, p. 77 sq. En même temps sont solidement réfutées toutes les raisons antécédentes tendant à prouver l’inadmissibilité d’une telle autorité', p. 80 sq. — c. Il apparaît aussi très probable a priori que les développements doctrinaux, tels qu’ils existent dans le catholicisme, réalisent l’attente fondée à laquelle ont conduit les raisons précédemment exposées. Cette forte présomption résulte du mode de formation de ces développements, de la puissante cohésion qui les relie aux vérités principales et les unit indissolublement entre eux ; cohésion telle que l’on est strictement tenu d’accepter ou de rejeter le tout, sans pouvoir rien diminuer et sans pouvoir rien écarter, p. 92 sq. — d. Une autre présomption bien fondée résulte de l’impossibilité de rencontrer ailleurs ces développements que nous sommes en droit d’attendre, el cette autorité infaillible dont nous avons entrevu la très probable dispensalion providentielle. Dans les premiers siècles, les doctrines hérétiques ont été manifestement stériles et de courte durée et n’ont pu tenir contre le catholicisme. Au moyen âge, l’opposition des Grecs aux Latins fut purement négative. C’est encore ce qui se réalise aujourd’hui pour la foi du concile de Trente ; on ne lui oppose aucun système qui puisse soutenir la comparaison : critiques, objections et protestations se rencontrent en abondance, mais l’enseignement positif fait défaut : ou si l’on y a parfois recours, l’on ne peut se dégager d’une multitude de difficultés conduisant fatalement à l’entière omission pratique des dogmes, parce que l’entente mutuelle y est irréalisable, p. 95 sq. — e. Une dernière présomption est fournie par le consentement universel qui attribue aux développements doctrinaux du catholicisme l’appellation exclusive de catlioliijues et qui rend hommage à leur cohésion surhumaine, sinon divine ; cohésion dont on ne peut discuter la constatée permanence dans la suite des siècles, p. 76 sq. — I. Toutes ces graves présomptions contribuent à rendre très probable la légitimité de ces développements et par conséquent la divine vérité du catholicisme ; probabilité que Newman juge bien suffisante pour diriger la volonté en ces matières, p. 113 sq., selon le système qu’il formula plus tard dans sa Grammar of assent. Quant aux objections préjudicielles présentées contre cette conclusion, elles sont écartées par quelques judicieuses observations sur la non-valeur des preuves que l’on voudrait tirer de l’absence de documents ou de témoignages dans les premiers siècles, en faveur d’une doctrine d’ailleurs connue comme postérieurement approuvée pur l’autorité de l'Église, p. 115 sq.

Et si l’on répond que la difficulté n’est point seulement dans l’absence de témoignages dans les premiers siècles, mais dans la présence de témoignages adverses, l’auteur oppose cette grave assertion à laquelle il ii aura rien à modifier après sa conversion finale : Je concède qu’il y a des évéques contre des évoques dans l’histoire de l'Église, des Pères contre des Pères et

I des Pères en contradiction avec eux-mêmes, car de telles différences entre des écrivains individuels se I conciliant avec l’idée d’un développement doctrinal ou plutôt y étant comme impliquées, ne peuvent conséI quemment être contre elle une objection réelle. La seule j question essentielle est de savoir si l’organe attitré | de l’enseignement, c’est-à-dire l'Église elle-même, j agissant comme l’oracle du ciel par i’intermédiaire du pape ou d’un concile, a jamais contredit ses propres assertions. S’il en est ainsi, l’hypothèse que je défends est immédiatement détruite ; mais jusqu'à ce que j’aie d’un tel fait une certitude bien positive, je ne suis aucunement porté à admettre la réalisation d’une si grande improbabilité, p. 120 sq. — g. Ces présomptions antécédentes sont vérifiées par des faits indiscutables. Car l’histoire rapporte de nombreux exemples de doctrines nettement affirmées et pleinement développées dans les siècles postérieurs et qui, dès l’abord, avaient été admises d’une manière seulement implicite. Parmi ces exemples sont d’abord cités : le canon des livres du Nouveau Testament entièrement fixé aux iv et Ve siècles ; la doctrine sur le péché originel implicitement crue dans les premiers siècles et entièrement développée seulement à l'époque d’Augustin et de Pelage ; et la pratique de baptiser les enfants qui ne devint constante et universelle qu’après Chrysostome et Augustin, p. 123 sq. Puis d’autres exemples, comme la doctrine de l’incarnation et celle de la maternité divine mieux connues et manifestées après les conciles du iv et du Ve, et la primauté du pontife romain plus explicitement proclamée après le rv B siècle, p. 135 sq. B. Après avoir ainsi prouvé l’existence certaine de développements doctrinaux dans le catholicisme, Newman aborde le grave problème du discernement à établir entre des développements dogmatiques légitimes, apanage exclusif de la véritable Église de Jésus-Christ, et des corruptions doctrinales, indice indubitable de l’erreur. Dans ce but, il établit tout d’abord sept critères qu’il déduit avec raison de l’analogie entre la présenation ou la perversion d’une doctrine et la conservation ou la corruption d’un être organique. Nous indiquerons sommairement en quoi consiste chacun de ces critères et comment il s’applique aux développements doctrinaux constatés dans le catholicisme.

a. Le premier critère est le maintien persévérant de l’idée type du catholicisme, non seulement dans les conditions générales de son existence extérieur ! '. mais encore dans sa doctrine et dans sa vie cultuelle. Ces deux derniers points, bien qu’ils ne soient l’objet d’aucun développement dans le texte de l’ouvrage, occupent cependant une place réelle dans la pensée de l’auteur comme l’indique la note ajoutée, p. 322, à l'édition de 1878, note que l’on ne saurait négliger sans se méprendre considérablement sur la signiiication de ce premier critère.

La réalisation de ce premier critère dans l'Église catholique, pour ce qui concerne les conditions générales de l’existence extérieure du catholicisme, est prouvée par la parfaite analogie, si facile à constater, entre les traits extérieurs les plus saillants du catholicisme actuel et ceux du christianisme des premiers siècles, p. 207 sq. Pour ce qui concerne le maintien persévérant de l’idée type du christianisme dans sa doctrine et dans sa vie cultuelle, la note de la page 322 indique sa vérification dans l'Église catholique, en s’appuyant sur ce que le développement du dogme chrétien s’y est accompli selon l’analogie de la foi, au sens de ce passage cité de VApologia, p. 196 : « Les idées chrétiennes sur la très sainte Vierge ont été, pour ainsi dire, agrandies dans l'Église de Rome dans la suite des siècles ; mais il en fut de même de toutes les idées chrétiennes, comme celle de l’eucharistie, etc. » Cet agrandissement, selon la comparaison empruntée