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DOGME

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moins immédiate à quelque développement dogmatique nous citerons particulièrement : a. Les controverses théologiques relatives au nombre des sacrements. Pendant le haut moyen âge les auteurs ecclésiastiques, se plaçant à des points de vue différents, avaient diversement énuinéré les sacrements parmi lesquels ils avaient souvent rangé de simples sacramentaux selon notre terminologie actuelle. Au xie siècle, saint Pierre Damien Y 1072) compte encore douze sacrements, Serni., lxix, P. L., t. cxi. iv, col. 897 sq., et un passage de Fulbert de Chartres († 1029) n’en mentionne que deux, le liaplême et l’eucharistie. Serm., VIII, P. L., t. CXH, col. 334. Au commencement du xii » siècle, Hildebert île Tours (7 1134) compte neuf sacrements et saint Bernard, sans donner une énumération complète, indique le lavement des pieds comme sacrement et laisse entendreque le nombre des sacrements est considérable. Sermo incena Domini, n. Isq., P. L., l. i.xxxiii, col. 271. Pour remédiera cette déplorable confusion, l'école d’Abélard d’abord, puis Pierre Lombard, insistèrent sur la définition du sacrement de la nouvelle loi au strict sens théologique de signe efficace de la grâce. L’application rigoureuse de cette définition fit écarter tous les sacramentaux et conduisit à la liste des sept sacrements telle que nous la possédons actuellement. Cette doctrine dès lors communément admise par les théologiens et solennellement approuvée par le deuxième concile rrcuménique de Lyon en 1274, Dcnzinger, Encliiridion, n. 465, fut de nouveau formulée par le concile de Florence dans le décret aux Arméniens, Enchiridion, n. 695 sq., et expressément définie par le concile de Trente. Sess. VII, De sacramentis in génère, can. 1.

b. Controverse sur la nature du caractère sacramentel. Au xiiie siècle, les théologiens essayèrent de déterminer la nature du caractère sacramentel dont l’existence était affirmée d’une manière bien explicite depuis saint Augustin. Si les opinions furent divergentes relativement à la catégorie d'être où l’on doit placer le caractère et aux relations qu’il donne avec JésusChrist, l’accord unanime se fit sur les poinfs qui devaient être bientôt expliqués ou définis parles conciles de Florence et de Trente : quoddam spiritual/' signum indélébile in anima impressum. Enchiridion, n. 695, 852.

c. Controvorse sur l’intention nécessaire pour l’administration valide des sacrements. Aux XIIe et XIIIe siècles, deux opinions sont en présence : Roland Bandinelli, le futur pape Alexandre III, et Robert Pull († 1221). entre autres, soutiennent que l’administration est toujours valide, dès lors que le ministre accomplit le rite sacramentel se’on les prescriptions de l’Fglise ; tandis que Hugues de Saint-Victor, l’auteur de la Summa sententiarum, Pierre Lombard, saint Thomas et la plupart des théologiens admettent la nécessité de quelque intention positive de faire ce que fait l'Église, parce que, selon la doctrine patristique, le ministre du sacrement agit avec le pouvoir et au nom de Jésus-Christ et de son Fglise ; ce qu’il ne peut vraiment accomplir d’une manière humaine et raisonnable qu’en subordonnant de quelque manière son intention à celle de Jésus-Christ et de son i.glise. Cet accord presque unanime des théologiens à partir du xiir siècle sur la nécessité de quelque intention positive prépara la déclaration formelle du concile de Florence dans le décrel mis Arméniens sur l’intention requise dans le ministre pour la validité du sacrement, Enchiridion, n. 590, et la définition du concile de Trente. Sess. VII, De sacramentis in génère, can. 1. La controverse postérieure au concile de Trente, sur l’opinion de Catharin renouvelant celle de Roland Bandinelli et de Robert Pull, sans conduire â une définition formelle, amena cependant une déclaration assez explicite d’Alexandre VIII condamnant le ? décembre 1690 cette proposition atteignant au moins indirectement l’opinion de Catharin :

Valet baplismuscollatusaministro qui oninemritum externum formamque baptizandi observât, intus vero in corde stto apud se resolvit : nonintendo quod facil Ecclesia. Enchiridion, n. 1185. Voir Alexandre VIII t. 1, col. 761.

d. Controverse relative à la nature du pouvoir d’absoudre les péchés dans le sacrement de pénitence. Quelques théologiens scolastiques du moyen âge, à la suite de Hugues de Saint-Victor et de Pierre Lombard, tout en reconnaissant dans l’Fglise le pouvoir d’absoudre les péchés, contre l’erreur déjà condamnée dans Abélard, faisaient dériver la rémission des péchés de la seule contrition parfaite et restreignaient le pouvoir d’absoudre à un pouvoir simplement déclaratif, auquel se joignait la faculté de remettre la peine temporelle due au péché ou la satisfaction pénitentielle déjà imposée. Voir ABSOLUTION, t. i, col. 172 sq. Leur opinion victorieusement combattue par saint Thomas disparut bientôt de l’arène théologique. La doctrine de saint Thomas sur l’efficacité réelle et entière de l’absolution, appuyée sur la constante tradition patristique et communément admise par les théologiens après le XIIIe siècle, prépara la déclaration du concile de Florence, Enchiridion, n. 699, et la définition formelle du concile de Trente. Sess. XIV, c. VI, can. 9.

e. Controverse sur la suffisance de l’attrition avec ia réception du sacrement de pénitence. Quelques théologiens du moyen âge, parmi lesquels Pierre Lombard et saint Ronaventure, avaient soutenu que seule la contrition peut procurer la rémission des péchés dans le sacrement de pénitence. Contre cette opinion saint Thomas et presque tous les théologiens subséquents enseignaient que l’attrition pouvait suffire avec le sacrement de pénitence, bien qu’il n’y eût point parfait accord dans leurs explications doctrinales. Voir Attrition.

Jusqu’au xvr siècle, aucune question n’avait été posée relativement au motif sur lequel doit s’appuyer cette attrition. A cette époque la question posée par Victoria, Dominique Soto et Melehior Cano, de la valeur de l’attrition dictée par la crainte des peines de l’enfer et considérée ou non en toute bonne foi comme contrition suffisante, souleva une controverse entre contritionistes et attritionistes, les attritionistes adoptant eux-mêmes diverses explications. Cette controverse eut pour résultat la définition du concile de Trente, sess. XIV, c. v, de laquelle se déduit rigoureusement la suffisance de l’attrition surnaturelle, pourvu qu’elle exclue la volonté de pécher et qu’elle soit accompagnée de l’espérance du pardon. Aussi après le concile de Trente, la controverse, encore subsistante parmi les théologiens, ne porte plus sur la suffisance de cette attrition, mais seulement sur les qualités qu’elle doit posséder, particulièrement sur la mesure d’amour dont elle doit être accompagnée ou qu’elle doit nécessairement renfermer.

f. Controverse sur Vimmaculée conception de la 1res sainte Vierge. Rien que la doctrine de l’immaculée conception eût un solide fondement dans la tradition patristique, elle fut niée par un assez grand nombre de théologiens scolastiques à partir du xiie siècle, soit à cause de leur opinion sur la transmission du péché originel par la concupiscence charnelle, soit parce que l'Église n’avait pas encore approuvé la fête de la conception. Leur opinion fut combattue par Duns Scot à la fin du xiii'e siècle. Fn se prononçant nettement pour la possibilité, la convenance et le fait de l’immaculée conception de Marie dès le premier instant de sa conception, il inaugura un grand courant théologique qui alla toujours en se fortifiant, grâce surtout aux encouragements successifs donnés par le saint-siège. L’accord presque unanime des théologiens, surtout à partir des constitutions apostoliques de Sixte IV un peu avant la fin du w siècle, prépara la déclaration du concile de Trente affirmant sa volonté de ne point comprendre