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DOGME


oùffi’a. DenLinger-IJannwart, Enchiridion, n. 54. Ce sens est désormais abandonné. Le concile de Chalcédoine attache définitivement au terme ûitdffrao-iç la signification de personne et à çûuiç celle de nature. Enchiridion, n. 148.

Terminologie fidèlement conservée par les conciles subséquents, notamment par le Ve et le VIe concile de Constantinople. Enchiridion, n. 213 sq., 289 sq. On sait d’ailleurs que le concile de Nicée avait antérieurement consacré l’usage du terme ô^ooùtio ; pour exprimer la divinité du Verbe et sa parfaite égalité' avec le Père, et que le mot 6eo-ô-Loç avait été approuvé par le concile d’Kpbèse pour signifier la maternité divine de Marie.

b) Le terme salisfactio, pour la première fois employé par saint Anselme, Cur Deus homo, l. I, c. XI, P. L., t. clviii, col. 376, pour exprimer l'œuvre rédemptrice accomplie par Jésus-Christ, fut bientôt consacré par l’usage théologique et admis dans les documents ecclésiastiques, notamment dans les définitions du concile de Trente.

En même temps les théologiens formulèrent plus nettement la distinction entre la rédemption universelle pro cmutibus quantum ad suf/icientiam, licet non quantum ad efficientiam, S. Thomas, In Epist. ad Romanos, c. V, lect. V, et In I Tint., c.n.Iect. i, Opéra, Rome, 1570, t. xvi, fol. 18, 177, formule postérieurement introduite dans les définitions du concile de Trente. Sess. VI, c. il, ira

c) La terminologie sacramentaire reçut aussi un perfectionnement considérable, a. Les formules théologiques exprimant Vefficacité des sacrements furent, à l’occasion de l’erreur des donatistes, bien améliorées par saint Optât de Milèveet surtout par saint Augustin, distinguant plus nettement entre la réception valide et la réception licite du sacrement, entre la grâce et le caractère, et montrant plus explicitement que l’effet du sacrement vient de ce que le rite sacramentel est accompli au nom de Jésus-Christ et avec son pouvoir. Pourrai, La théologie sacramentaire, Paris, 1907, p. 118. A la fin du xiiie siècle, à la suite de plusieurs controverses relatives aux ordinations simoniaques ou aux sacrements conférés par des ministres indignes, on commença à distinguer enlre le rite sacramentel luimême, opus operatum, ii la production duquel est attachée la vertu de Jésus-Christ prêtre principal et l’action personnelle du ministre, opus operans. Pierre de Poitiers, Sent., l. V, c. vi, P. L., t. ccxi, col. 1235.

La formule ex opère opcrato, déjà mentionnée et approuvée par saint Thomas, In I V Sent., l. IV, dist. I, q. i, a. 5, fut bientôt unanimement acceptée par les théologiens pour exprimer que les sacrements produisent réellement la grâce qu’ils signifient, à moins que le sujet n’y mette obstacle, bien que les théologiens scolastiques des diverses écoles aient interprété différemment le mode de production signifié par ces paroles. Un peu plus tard, le concile de Trente, dans sa définition solennelle de l’efficacité des sacrements, adopta la formule ex opère operato, sans identifier sa doctrine avec aucune des opinions adoptées par les diverses écoles théologiques. Sess. VU, De sacramentis in génère, can. 8.

b. Les formules théologiques exprimant les éléments constitutifs des sacrements subirent aussi diverses modifications. Saint Augustin avait déjà distingué dans le signe sensible ou sacramentum, distinct de la virlus sacramenti, deux éléments constitutifs dont l’union constitue le sacrement : elementum ou verbum, l’objet matériel et la parole. In Joannis Evangelium, tr. LXXX, n. 3, P. L., t. xxxv, col. 1810. Quel qu’ait été le sens attribué par saint Augustin au mot verbum et les interprétations des auteurs du XIe et du XIIe siècle, il est certain que cette terminologie fut communément usitée

jusqu'à Pierre Lombard. Avec Pierre Lombard commença la distinction bientôt classique entre sacramentum et res. Sent., l. IV, dist. IV, n. 1, P. L., t. cxcii, col. 846. Puis au XIIIe siècle, surtout avec saintThomas, les termes materia et forma deviennent les termes communs sous lesquels on désigne par analogie les parties constitutives du sacrement. Langage bientôt adopté dans les documents ecclésiastiques, notamment dans le décret ou instruction pratique d’Eugène IV pro Armenis, Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 695, et dans la session XIV, c. ii, du concile de Trente où il est rappelé que l’essence de tout sacrement consiste dans la matière et la forme. — c. Le mot character, employé par saint Augustin pour exprimer le signaculum ou ffçpâytî provenant de certains sacrements, Epist., clxxiii, n. 3 ; ci.xxxv, n. 23, P. L., t. xxxiii, col. 754, 803 ; Contra epislolam Parmeniani, l. II, n. 29, P. L., t. x i.iii, col. 71, fut après lui communément usité en ce même sens, d’ailleurs plus complètement défini par les théologiens scolastiques. Voir Caractère SACRAMENTEL. Un peu plus tard ce terme reçut la consécration ecclésiastique, notamment dans le décret Ad Armenos, loc. cit., et dans plusieurs définitions du concile de Trente. Sess. VI, can. 9 ; sess. XXIII, can. 4.

(I. Pour les sacrements en particulier nous nous bornerons à noter ici l’usage du terme transsubstantiatio employé' pour la première fois par Hildebert de Tours († 1137), Serm., xciii, P. L., t. clxxi, col. 776, pour mieux exprimer la doctrine catholique en face des négations de liérenger de Tours, puis bientôt consacré par l’usage de l'Église au IVe concile de Latran, DenLinger-Bannwart, Enchiridion, n. 430, et dans la confession de foi de Michel Paléologue qui lui fut proposée par Clément IV en 1267 et que l’empereur présenta lui-même à Grégoire X au II" concile de Lyon en 1274. Enchiridion, n. 465. Cette formule fut aussi adoptée par le concile de Trente. Sess. XIII, c. IV et can. 1, 2.

Dans tous les cas particuliers que nous venons de signaler, en même temps que l’on constate, à travers la diversité des formules, l’identité substantielle du dogme révélé, on peut facilement s’assurer qu’en fait l'Église n’a jamais modifié dans la suite des siècles une formule précédemment adoptée par elle.

Nous pouvons donc conclure que, si une telle modification de la part de l’Eglise n’est pas théoriquement invraisemblable, elle est pratiquement peu probable, si l’on en juge d’après l’histoire des siècles passés, où ne se rencontre pas un seul fait bien caractérisé de modification réelle apportée par l'Église à des formules dogmatiques précédemment adoptées par elle.


VI. Progrés accidentel dans la connaissance et la proposition des dogmes chrétiens.

1° Ce progrès doit être, à toutes les époques de l’histoire de l'Église, une conséquence de la mission que Jésus-Christ a confiée à son Église d’enseigner et d’expliquer aux fidèles de tous les temps les vérités révélées et de les défendre contre de multiples et incessantes attaques. Car une telle mission ne peut s’accomplir sans quelque développement ou progrès dans renonciation de l’enseignement révélé. Il était d’ailleurs inévitable que, sous l’impulsion d’erreurs nouvelles ou de besoins nouveaux, on analysât plus soigneusement le dogme révélé et que l’on y reconnût plus clairement des vérités jusque-là plus obscurément perçues. O’oii devait encore résulter, avec l’approbation de l'Église, un progrès considérable dans renonciation des dogmes révélés.

2° Mais la vérité théologique du développement dogmatique ne nous suffit pas. Nous devons le constater historiquement dans les documents authentiques, pour en étudier ensuite la nature intime. Toutefois nous bornerons nos investigations actuelles au progrès dans