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DOGME


pétuellement reproduit par les apôtres et par leurs successeurs.

D’ailleurs, l’expression credere in Christvmi, en même temps qu’elle signifie la croyance à la puissance miraculeuse et à la divinité de Jésus-Christ citant ses miracles comme preuve de sa divinité, implique aussi, comme conséquence nécessaire, la croyance intégrale à i son infaillible enseignement. De celle notion de la foi et de celle qu’elle suppose sur la divine révélation, nous sommes donc autorisés à conclure indirectement quiles vérités révélées auxquelles nous adhérons par la foi sont l’enseignement même de.lésus-Christ.

h) Saint Paul, notamment dans l'Épitre aux Hébreux, XI, 1 sq., exprime encore plus nettement ce même concept de la foi. Les expressions k')eyy.o ; oO p).enoyévù>v indiquent que cette foi doit élre une conviction ou ferme adhésion de l’intelligence et que les vérités auxquelles on adhère sont inaccessibles aux sens ou à la raison, c’est-à-dire qu’elles sont connues par la seule révélation divine. D’ailleurs, tous les exemples de foi loués par saint Paul en ce chapitre supposent une adhésion à la parole divine ou une entière adhésion au dogme de la divine providence, conduisant les hommes au salut éternel par les moyens que détermine son inlinie sagesse. Ce même concept de la foi avait déjà été exprimé par saint Paul dans l'Épitre aux Romains, IV, 20 sq., où la foi d’Abraham proposée à l’imitation de tous les fidèles est une entière et ferme adhésion à la parole de Dieu.

De ce concept de la foi et du concept qu’elle suppose de la révélation, nous sommes de nouveau autorisés à conclure finalement, que les vérités révélées auxquelles nous adhérons par la fui sont, à toules les époques de l’histoire de l’humanité, l’enseignement même de Dieu.

Enseignement de ht tradition chrétienne.


1. Du 1° au tv siècle, cet enseignement se manifeste surtout par l’insistance avec laquelle les Pères affirment l’obligation de croire intégralement à la doctrine confiée par Jésus-Christ aux apôtres et enseignée par eux en son nom. Obligation qui n’aurait aucun sens ni aucune raison d'être dans l’hypothèse de la non valeur objective des dogmes chrétiens, puisqu’il suffirait dès lors de garder un vague sentiment chrétien que l’on serait libre d’adapter à son choix aux divers besoins ou aspirations des générations successives.

Saint Ignace d’Antioche († 107) laisse clairement entendre que la doctrine, à laquelle on doit adhérer sous peine d'être traité comme hérétique, est la doctrine enseignée par Jésus-Christ et promulguée par les apôtres. Quiconque ne confesse pas cetle doctrine, est un anlechrist et un fils du diable. Toute doctrine contraire doit êlre rejetée pour faire place à la doctrine enseignée dès le commencement. Ad Phil., vii, Funk, Patres apostolici, 2 édit., Tubingue, i’JOl, p. 305. C’est encore dans le même. sens qu’Ignace recommande aux Magnésiens de se fortifiera'/ toc ; 6dY|xa<rcv toû xvpi’ou y.a : twv âmxrrd/cov. Ad Magn., XIII, op. cit., p. 240. A cetle doctrine on doit une foi ferme et immuable. Ad Philip., viii, op. cit., p. 307. Quiconque corrompt par sa doctrine perverse cette foi divine pour laquelle Jésus-Christ est mort, ira au feu inextinguible, et encore celui qui l'écoulé Ad Eph., xvi, op. cit., p. 227. Selon saint Irénée († 202), la foi que l’on est tenu de professer est celle qui a été reçue des apôtres, qui a été disséminée par eux jusqu’aux extrémités de la terre, et que l'Église garde toujours une et toujours identique. Cont. Itœr., l. I, c. x, /'. ( ! ., t. vii, col. 519 sq. Cette vraie et vivifiante foi les apôtres eux-mêmes l’ont reçue de Jésus-Christ qui leur a donné pouvoird’annoncersa doctrine, l. III, pra’f. etc. i, col. 843 sq. Ceux qui rejettent cette foi universellement et constamment enseignée par i i glise, se séparent de la vérité et de la lumière de

Dieu et méritent tous les anathèmes, I. III, c. XXIV.

col. ma sq.

Tertullien († 213) enseigne aussi que la doctrine que nous devons croire est celle qui a été reçue des apôtres et de Jésus-Christ et qui a été conservée intacte. De prxscriplionibus, C. xxi, xxv, xxviii, xxxi, xxxvii, P. L., t. ii, col. 33, 37, 40, 44, 50. Qui ne la suit pas est hérétique et n’est plus chrétien ; c’est un étranger et un ennemi des apôtres, c. XXXVIII, col. 51.

Clément d’Alexandrie († 215) se sert de mots encore plus expressifs pour signifier que toute la doctrine à laquelle nous adhérons par la foi et toute la connaissance de ces vérités proviennent de l’enseignement de Jésus-Christ. "Fyoïj.sv yàp tv àpyr, v tr.ç 6'-5a<7xa).ia : tbv xvptov, S'.à tî tfijv itpoç/)T6)v, 8tà tî toO EuaYYE).tou, xa ôcà t<3v [).a*Lapt<i)v ània-ôXuv, TtoVjTpifatcoç xaï itoÀupiepûç, i àp/r, : £Î ; t-).o : v, -o’Jjj.ïvo'/ tt, : yvoWcio ; . Strom., VII, P. a., t. ix, col. 532. Quiconque se révolte contre son enseignement tel qu’il est proposé par l'Église, est comparé aux hommes qui, sous l’inlluence des poisons de Circé, sont métamorphosés en bêtes ; il cesse également d'être l’homme de Dieu et le fidèle de Dieu. Loc. cit.

Même enseignement chez Origène († 251). Après avoir rappelé que l’enseignement de Jésus-Christ est la règle de notre foi, il ajoute que nous devons adhérer à la proposition qui nous en est faite par la prédication ecclésiastique transmise depuis les apôtres et conservée toujours intacte. De princip., l. I, pr ; ef., n. 1 sq.. P. ('., t. xi, col. 115 sq.

Selon tous ces témoignages des premiers siècles, c’est donc vraiment l’enseignement de Jésus-Christ, fidèlement transmis depuis la prédication des apôtres, que l’on doit croire intégralement.

Cette conclusion est encore confirmée, dans les trois premiers siècles, par la pratique constante de rejeter de l'Église quiconque persiste dans le refus de croire à la doctrine intégrale de Jésus-Christ, telle qu’elle est enseignée par l'Église, pratique attestée par les témoignages précités et assurément inexplicable dans l’hypothèse que nous combattons.

2. Du ive au vii siècle. — Outre les preuves déjà indiquées pour la période précédente l’on peut citer particulièrement : a) Les nombreuses définitions positives alors portées par l'Église contre diverses hérésies. Définitions où l’autorité ecclésiastique se bornait habituellement à la défense des vérités attaquées par l’hérésie actuelle, mais qui cependant proclamaient toujours quelque enseignement positif, comme le montre, au cours de cet ouvrage, l'étude particulière de chacune des vérités proposées. Il nous suffira donc d’esquisser ici cette démonstration pour quelques-unes de ces définitions.

Ainsi c’est bien un sens positif que les Pères de Xicée voulurent donner au mot ojj.oo-Juio ; dans leur définition conciliaire. Car c’est à dessein qu’ils choisirent ce terme si lumineux pour écarter tous les subterfuges des ariens qui s’ellorçaient d’interpréter, dans leur sens hérétique, toutes les autres expressions déjà proposées en concile. Les Pères attachèrent nettement à ce mot le sens très déterminé de consubstanliel. signifiant à la fois pour le Verbe, divinité, unité de génération et filiation, et ils imposèrent sous peine d’anathème l’entière adhésion à cette formule dogmatique, non comme règle de conduite, mais comme règle de croyance. Voir Consiiîstaktiki., t. iii, col. 1606 sq. ; Ilefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1907, t. i, p. i : il sq

De même, le concile de Constantinople en 381, en définissant contre les macédoniens la divinité du' Saint-Esprit, sa procession du Père et sa parfaite égalité avec le Père et le Fils, définit en réalité sa consubstantialilé avec le Père et le Fils, au sens précédemment t’wr