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1297 DIEU (SA NATURE D’APRÈS LES DÉGISIONS DE L’EGLISE

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apôtres, l’enseignement exprès des Pères ont suffi à attester la foi des chrétiens. Faire profession de christianisme était un acte assez explicite de croyance monothéiste.

Si le symbole dit des apôtres, dans sa forme reçue à Rome au m" et au IVe siècle, témoigne de la foi de l’Église en Dieu le Père tout-puissant, voir t. i, col. 1661, 1666, cependant on pense généralement que la formule, restituée d’après les citations qu’en fait Tertullien, disait : Credo inunieum Deum omnipotentem, mundi conditorem. Voir t. î, col. 1667. Sur le changement qu’aurait subi la formule romaine au m c siècle par opposition au monarchianisme, voir ibid., col. 16701671. Il en résulte qu’à Rome, avant 200, on imposait aux catéchumènes, avant de leur conférer le baptême, une profession de foi strictement monothéiste. Si on admet que la formule primitive était : in Deum Patrem omnipotentem, voir t. i, col. 1671 ; t. ii, col. 214. il reste, au moins, que ce Dieu Père est le Dieu unique et tout-puissant de l’ancienne alliance. Voir t. i, col. 1672 ; t. iii, col. 2076-2078. Telle était aussi la teneur du symbole gallican primitif. Voir t. I, col. 1662. Le symbole d’Aquilée, à omnipotentem ajoutait invisibilem et impassibilem, celui d’Afrique, univei’sorum creatorem, regem sseculorum immortalem et invisibilem, l’antiphonaire de Rangor, invisibilem omnium creaturarum visibilium et invisibilium conditorem. lb’al., col. 1666 ; Denzinger, Enchiridion, 10e édit., Fribourg-en-Rrisgau, 1908, n. 3.

Les symboles orientaux se ramènent à une forme commune, dont le premier article exprimait un acte de foie !  ; ê’va Œov TtavroxpocTopix, tbv r£>v « toxvtmv iporrûv te xa) àopà-a>v iro’.r|T^v. Voir t. i, col. 1668-1669 ; Denzinger, n. 9, 19, 13. Telle est la formule du symbole de Nicée-Constantinople, que l’on croit aujourd’hui provenir de saint Epiphane. Voir t. iii, col. 1229-1230, 2078-2079. Cf. [niee, Histoiredesconciles, trad.Leclercq, Paris, 1908, t. H, p. 413-446 ; Denzinger, n. 54, 86. Cet article faisait du Dieu tout-puissant, le créateur de toutes choses. Il allait directement à l’encontre des hérésies gnostiques et manichéennes.

Dans les formules de foi antipriscillianistes.


Priscillien avait renouvelé en Espagne, au IVe siècle, les erreurs des gnostiques et des manichéens. Voir t. i, col. 1382-1381, 1393-1399. Il y ajoutait l’erreur spéciale de l’union du Père, du Fils et du Saint-Esprit dans lu seule personne du Christ. Cf. Kiinstle, AntiprisciUiana, Fribourg-en-Rrisgau, 1905, p. 18-21. Aussi les formules de foi qui lui furent opposées au IVe et au Ve siècle et surlesquelles M. Kiinstle a projeté de nouvelles lumières, professent-elles à la fois l’unité de la nature divine et latrinitédes personnes. La Fides Damasi, qui est peut-être de la fin du ive siècle, insiste surtout sur la distinction des personnes dans l’unité de nature, Kiinstle, op. cit., p. 47 ; Denzinger, n. 15, aussi bien que la formule, un peu postérieure, Clemens Trinitas, una divinitas. Kiinstle, p. 65 ; Denzinger, n. 17. Dans son Libellus in modum symboli, qu’on tenait pour une décision du I er concile de Tolède (447), l’évêque de Gallicie, Pastor, est plus précis : Credimus in unum Deum verum, Patrem et Filium et Spiritum Sanctum, visibilium et invisibilium faclorem, per quem creata sunt omnia in cselo et in terra, unum Deum et unam esse divinse substantiel Trinilatem. Kiinstle, p. 43 ; Denzinger, n. 19. Le canon I e, qui y est ajouté, frappe d’anathème quiconque dit ou croit que ce monde n’a pas été créé par le Dieu tout-puissant. Kiinstle, p. 44 ; Denzinger, n. 21. Le symbole Quicumque, dit de saint Athanase, est aussi antipriscillianisteet délinit les mêmes vérités. Kiinstle, p. 232 ; Denzinger, n. 39. Voir t. i, col. 2179. Voir encore les professions de foi attribuées au VFconcile de Tolède (638), et au XIe (675). Kiinstle, p. 71, 71. Voir Pmscillianisme.

Canon contre l’origenisme.

Le concile local,

tenu à Constantinople en 543, sous le patriarche Menas, approuva la condamnation d’Origène, proposée par l’empereur Justinien. Or le canon 8e porte anathème contre qui dit ou pense ou bien que la puissance de Dieu est finie, ou que Dieu a produit tout ce qu’il pouvait faire. Denzinger, n. 210. Cette décision est importante, car les quatre patriarches orientaux et le pape Vigile, qui avaient reçu communication de la lettre de Justinien, souscrivirent aux anathèines. Cf. F. Prat, Origène, Paris, 1907, p. 210-211.

4° Le IIIe concile de Valence (855) condamne la doctrine de Scot Érigène sur la prescience et la prédestination divines. Denzinger, n. 320-323. Cf. Schwane, Histoire des dogmes, trad. Degert, Paris, 1903, t. v, p. 165-169. Voir Prédestination. Le panthéisme émanatiste de Scot est condamné, quand Amaury de Rêne (voir t. i, col. 936-940) et David de Dinant (voir col. 157160) renouvellent ses erreurs. Voir t. iii, col. 2080.

5° Abélard avait enseigné que Dieu n’avait pu faire ou omettre que ce qu’il a fait ou omis, de la manière et dans le temps seulement qu’il a agi, et pas autrement, et qu’il ne devait ni ne pouvait empêcher le mal. Denzinger, n. 374, 375. Ces erreurs furent réprouvées au concile de Sens (1110). Elles remplaçaient la liberté et la toute-puissance de Dieu par l’optimisme, Dieu n’ayant pu faire mieux qu’il n’a fait. Voirt. i.col. 41, 46.

6 » Gilbert de la Porrée, évêque de Poitiers (1142-1154), établissait une distinction réelle entre l’essence et l’être de Dieu, entre l’essence et les attributs. La première proposition, extraite de ses écrits, était conçue en ces termes : Quod divina essenlia, substantia et natura, qum dicitur divinitas, boni tas, sapientia, magnitudo Dei, et queeque similia, non sit Deus sed forma qua Deus est. Geoffroy, Libellus contra capitula Gilberti, n. 4, sous un autre titre, P. L., t. clxxxv, col. 589-590. C’était la destruction de la simplicité de Dieu. Le concile de Reims, présidé par Eugène III en 1148, délinit la simplicité de la nature divine et écarta de Dieu toute composition d’essence et d’attributs. Denzinger, n. 389. Il définit aussi que Dieu seul est éternel. Denzinger, n.39l. Cf. Schwane, Histoire des dogmes, trad. Degert, t. IV, p. 191-193. Voir t. I, col. 2232-2233 ; t. iv, col. 11061167, 1173-1174.

7° Du x « au xiii 1 -’siècle, les bogomiles, albigeois, cathares, vaudois, etc., renouvelèrent les erreurs manichéennes, à savoir la distinction des deux principes, du Dieu de l’Ancien Testament et du Dieu du Nouveau, et la création du monde par le principe du mal. A ceux d’entre eux qui voulaient revenir à la foi catholique, l’Église imposait une formule qui exprimait les vérités opposées à leurs erreurs, voir t. i, col. 1384-1385, et le IVe concile de Latran, en 1215, a défini contre eux la foi du seul Dieu véritable, éternel, immense, immuable incompréhensible, tout-puissant et ineffable. Denzinger, n. 428. Voir t. iii, col. 2080-2081 ; t. iv, col. 1171-1172.

La même doctrine est exprimée dans la profession de foi, proposée en 1267 par Clément IV à Michel Paléologue, Denzinger, n. 461, 463, et dans le décret aux .lacobites, porté en 1441 par Eugène IV. lbid., n. 703, 706, 707. Il n’y a qu’un seul vrai Dieu, tout-puissant, immuable et éternel, un en essence, créateur de toutes choses, l’unique principe des choses visibles et invisibles, le même Dieu de l’Ancien et du Nouveau Testament. L’unité de Dieu le l’ère tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles est encore énoncée dans la profession de foi que Pie IV rédigea à la demande du concile de Trente. Denzinger, n. 994.

8° Maître Eckart n’enseignait pas seulement que le monde a été créé ab œterno, dès que Dieu fut, Denzinger, n. 501-503 ; il affirmait encore que Dieu était un de toutes façons, aussi bien suivant la nature que dans les personnes, lbid., n. 523, 524. Enfin, il décla-