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DOGMATIQUE


Clément d’Alexandrie dans plusieurs passages de ses Stromates, suivant la notion qu’il nous en donne lui-même, Slrom., 11, c. iv ; VII, c. xvi, P. G., t. viii, col. 914 ; t. IX, col. 533 ; et par Origène dans son Ilsfi àp/ûv, P. G., t. xi, col. 115 sq.

Bien que plusieurs de ces Pères ou écrivains ecclésiastiques, notamment Clément d’Alexandrie et Origène, aient fréquemment recours à une exégèse allégorique qui ne respecte pas suflisamment le véritable sens scripluraire, le principe de l’autorité divine de l’Écriture inspirée reste à l’abri de toute atteinte.

En même temps ces auteurs, dans leur lutte doctrinale contre les hérétiques de leur temps, insistaient avec non moins de force sur l’autorité de la tradition antérieure qu’ils présentaient de préférence sous la forme de l’argument de prescription. Déjà employé par saint Irénée, Cont. User., 1. III, c. iii, n. 1, 2, 4 ; c. IV, n. 1, P. G., t. vii, col. 8’t8 sq., 853 sq., 855, et par Tertullien, De præscript., c. xxi, xxii, XXVI, xxviii, P. L., t. ii, col. 33, 34, 40, 49, cet agument est utilisé aussi par Origène, Ilsv. àpy/W. præf., n. 2, P. G., t. xi, col. 115.

Au ive siècle, les défenseurs de la foi catholique contre les partisans d’Arius, de Macédonius et d’Apollinaire insistent, plus qu’on ne l’avait fait au IIIe siècle, sur la preuve scripturaire parce que l’attaque était surtout sur ce terrain. L’exégèse plus développée qu’à l’époque précédente et serrant de plus près le sens littéral, est habituellement accompagnée de la réponse aux objections des hérétiques et de l’interprétation vraie des textes dont ils se prévalaient. C’est la méthode particulièrement suivie par saint Athanase qui, dans ses divers écrits contre les ariens, démontre la consubstantialité du Verbe par cinq ou six textes très clairs sur lesquels il revient fréquemment, et écarte habituellement les textes invoqués par les ariens, en les interprétant de l’infériorité ou de la subordination ou de la création de la nature humaine assumée parle Verbe. La même marche est adoptée du moins en partie par saint Hilaire dans son ouvrage sur la trinité et par saint Basile dans ses livres contre Eunome et dans son livre sur le Saint-Esprit.

La preuve de tradition est aussi invoquée quelquefois contre les hérétiques, particulièrement par saint Basile. De Spiritu Sancto, c. xxix, n. 72, P. G., t. XXXII, col. 201 ; Contra Eunamium, 1. II, n. 8, P. G., t. xxix, col. 585.

3° A la démonstration scripturaire et à l’autorité de la tradition l’on joignit aussi les arguments rationnels, non pour prouver la vérité elle-même déjà garantie par le témoignage divin, mais pour la défendre contre les objections adverses et montrer sa parfaite convenance avec la raison. Saint Justin, vers le milieu du IIe siècle, fut le premier à se servir des données de la raison pour cette défense de l’enseignement révélé. Si dans cette <euvre si difficile de conciliation entre la philosophie et les dogmes les plus relevés, tels que le dogme de la sainte trinité et celui de la divinité du Verbe, l’apologiste du iie siècle n’a point su éviter des expressions en désaccord avec la stricte orthodoxie, on ne peut en conclure ni qu’il ait méconnu ces dogmes sublimes, ni qu’il ait établi la raison comme critère principal en cette matière. Car il est certain, d’après l’ensemble de sa doctrine, que la source première où Justin puise sa croyance est l’enseignement de la révélation chrétienne et que les idées ou expressions philosophiques sont pour lui un simple moyen d’exprimer plus ou moins parfaitement l’enseignement divin. D’où l’on peut prudemment déduire que le platonicien chrétien rejette certainement les conclusions de sa doctrine philosophique dès lors qu’elles contredisent l’enseignement révélé ; mais on doit en même temps reconnaître que cette contradiction, par suite de l’imperfection de ses

connaissances théologiques, ne lui a point toujours été suffisamment manifeste.

Un peu plus tard Tertullien, tout en réprouvant en matière de foi l’usage d’une fausse philosophie, source habituelle des erreurs contraires à l’enseignement divin, Apolog., c. xlvi, P. L., t. i, col. 501 sq. ; De præscript., c. vii, P. L., t. ii, col. 19 ; De anima, c. iii, xxiii, col. 651 sq., 686, ne nie point les services que peut rendre la philosophie dans la mesure où elle est d’accord avec le christianisme sur les vérités fondamentales du dogme et de la morale révélés. Apolog., c. xxi. xxii, XLVIII, P. L., t. I, col. 398 sq., 405 sq., 527 sq. ; De anima, c. xx, P. L., t. ii, col. 682 sq.

Plus encore que Justin, Clément d’Alexandrie et Origène font un fréquent appel aux arguments de raison, non seulement pour appuyer leur apologie générale du christianisme, mais encore pour exposer et défendre les dogmes révélés, non en philosophes mettant dans la raison la source première de leurs doctrines, mais en croyants sincères utilisant, pour exprimer l’objet (Je leur foi, les concepts et les termes d’une philosophie qu’ils proclament éclectique, Clément d’Alexandrie, Strom., I, c. vii, P. G., t. viii, col. 732 ; S. Grégoire le thaumaturge, / » Origen. oratio panegy yica, xin sq., ]’. G., t. x, col. 1088 sq., sans que l’on ait le droit de les considérer comme asservis à aucune école particulière, stoïcienne ou néoplatonicienne. Voir t. i, col. 818 sq.

Au IVe siècle, les objections philosophiques sur lesquelles s’appuient souvent les hérétiques obligent les défenseurs de la foi catholique à se placer aussi sur le terrain philosophique pourrepousser toutes cesattaques, particulièrement pour ce qui concerne la connaissance que nous avons de Dieu parla raison, la manière dont nous concevons ses perfections, la notion de substance et d’hypostase, la génération du Verbe et les relations entre les trois personnes divines. Ces solutions philosophiques se rencontrent principalement chez saint Basile et chez saint Grégoire de Nysse qui, tout en ne s’attachant exclusivement à aucune école philosophique, s’expriment de préférence en langage aristotélicien. C’est sans doute cet emploi des données rationnelles de la philosophie qui amena saint Basile, comme nous l’indiquerons à l’article suivant, à mieux préciser le sens jusque-là assez indéterminé des mots oOita et Ù7 : o(TTa’7'. :, qu’il emploie dés lors dans le sens que nous donnons aujourd’hui aux mots sitbstantia et persona.

4° Comme complément de ces courtes indications sur l’histoire de la dogmatique dans cette période, nous signalons les principaux ouvrages dogmatiques qui lui appartiennent, en dehors des écrits simplement apologétiques ou des écrits traitant également de dogme et de morale.

Au IIe siècle ou au commencement du iiie, S. Justin, Dialogus cum Tryphone, P. G., t. vi, col. 4-7 1 sq. ; S. Irénée, Contra hsereses, P. G., t. vii, col. 437 sq. ; Tertullien, De præscriptionibus contra hssreticos, P. L., t. ii, col. 9 sq. ; Liber adversus Praxeam, col. 153 sq. ; Liber adversus Hermogenem, col. 197 sq. ; Libri quinque adversus Marcionem, col. 246 sq. ; Liber adversus judœos, col. 597 sq. ; De carne Cliristi, col. 753 sq., De resurreclione carnis, col. 793 sq.

Au ine siècle, S. Cyprien († 258), De unitate Ecclesiæ, P. L., t. iv, col. 495 sq. ; Testimoniorum libri très contra judseos, col. 679 sq. ; Origène († 254), Periarchon, P. G., t. xi, col. 115 sq.

Au ive siècle, S. Athanase († 373), Orationes iv adversus arianos, P. G., t. XXVI, col. 10 sq. ; Epistola de nicxiiis decretis, P. G., t. xxv, col. 4Il sq. ; Epistola ad Serapionem, P. G., t. XXVI, col. 525 sq. ; Epistola de synodis, col. 677 sq. ; Epistola ad Epictelum, col. 1048 sq. ; Epistola ad Adrlp/iium, col. 1070 sq. ; Ad Maximum philosophwn, col. 1083 sq. ; S. Cyrille