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DOGMATIQUE


ment restreinte à l’étude de l’enseignement révélé, elles relèvent uniquement de la théologie scolastique, à condilion toutefois d’être appuyées sur des raisons .issez. solides pour pouvoir se réclamer au moins parliellement de l’autorité du témoignage divin, la seule autorité réellement décisive dans toutes les sciences théologiques. S. Thomas, Sun}, theol., I a, q. i, a. 8, ad i"">. D’ailleurs, le théologien scolastique doit toujours soigneusement s’ahstenir d’identifier ces déductions, si solides qu’elles soient, avec l’enseignement scripturaire lui-même, puisqu’en réalité elles sont au moins partiellement le fruit d’un raisonnement humain. En fait, cette sage réserve a-t-elle toujours été pratiquée par les théologiens ? nous n’avons point à l’examiner ici minutieusement ; qu’il nous suffise d’observer que des manquements individuels en cette matière ne peuvent être une raison de dénier à la théologie scolastique le droit de tirer, de l’enseignement scripturaire, des déductions proposées comme telles et ayant un fondement légitime et suffisant.

2. Il est non moins certain que les déductions dogmatiques qui ont un solide appui scripturaire, ne doivent pas être négligées par le théologien biblique, bien qu’elles ne doivent point entrer dans la trame de son travail de spécialiste. Leur connaissance lui est utile, soit pour délimiter plus exactement l’enseignement révélé’contenu dans le texte sacré, soit parce qu’il n’est point impossible que ce qui est, à une époque, considéré- comme une simple déduction scripturaire, se manifeste plus tard comme une vérité réellement révélée dans tel texte scripturaire où elle est implicitement contenue, ainsi que cela s’est déjà réalisé précédemment pour quelques textes, dont le sens, maintenant défini comme vérité révélée, n’avait pas toujours été précédemment interprété comme tel.


V. La dogmatique aux diverses périodes de son histoire.

Dans cet article nécessairement synthétique nous nous bornerons à signaler les caractéristiques principales de la dogmatique aux phases principales de son histoire.

I. PREMIERE PERIODE s’étendant jusqu’à saint Augustin à la fin du ive siècle, et caractérisée surtout par des écrits dogmatiques fragmentaires, composés à l’occasion des hérésies du temps et portant presque exclusivement l’empreinte de la méthode positive ou de l’enseignement positif.

1° C’est un caractère commun à toute cette période de ne présenter nulle part une synthèse dogmatique complète. Les écrits de ce temps sont habituellement des écrits d’occasion, où l’on se propose un but particulier, tel que celui d’exposer ou de défendre un dogme spécialement attaqué par une erreur ou par une hérésie contemporaine. La nature de ces écrits varie d’ailleurs suivant les diverses époques de cette première période. Chez les Pères apostoliques jusque vers le milieu du IIe siècle, parmi les rares écrits que nous possédons actuellement, l’on n’en rencontre aucun qui soit exclusivement dogmatique. Les affirmations dogmatiques, habituellement dirigées contre les docètes ou contre les chrétiens judaïsants, sont faites incidemment, selon l’occasion qui en est fournie. L’époque des Pères apologistes, depuis le milieu du IIe siècle jusqu’au commencement du IV », compte seulement quelques écrits exclusivement ou principalement dogmatiques, tels que le Dialogue de saint Justin avec Tryphon, le Contra limresesàa saint Irénée, plusieurs courts opuscules de Tertullien et de saint Cyprien dirigés contre les juifs ou contre les hérétiques, et le Ihi’i àpjrfoM d’Origène. En même temps en dehors de ces ouvrages, les affirmations ou expositions dogmatiques sont beaucoup plus fréquentes et plus complètes qu’à l’époque précédente, soit parce que la meilleure réfutation des objections païennes contre les dogmes chrétiens était souvent un exposé loyal de ces mêmes doctrines, soit parce qu’il fut fréquemment nécessaire de combattre les attaques des hérétiques, en même temps que l’on faisait l’apologie du christianisme contre les ennemis du dehors. Voir Apologistes, t. i, col. l.">96 sq.

Le IVe siècle possède un assez grand nombre d’écrits exclusivement dogmatiques, dirigés contre les partisans d’Arius, de Macédonius et d’Apollinaire. Tels sont particulièrement les écrits de saint Athanase, de saint Basile, de saint Grégoire de Nysse, de saint Grégoire de Nazianze et de saint Épiphane. Mais aucun de ces ouvrages, si complet qu’il soit pour le but particulier que se proposaient leurs auteurs, ne trahit la préoccupation d’une synthèse dogmatique complète, bien que les sujets traités fournissent souvent, à cause de leur importance capitale, une occasion de donner beaucoup d’aperçus sur des dogmes connexes ; ce qui est surtout vrai du dogme de l’incarnation, véritable centre autour duquel gravitent toutes les autres vérités chrétiennes. En réalité, toute cette première période de l’histoire de la dogmatique n’offre qu’un seul essai de synthèse dogmatique, celui que tenta l’école chrétienne d’Alexandrie et dont Origène nous a tracé l’esquisse encore bien imparfaite dans son Ilspt àpyLW. Malheureusement cet ouvrage ne nous est guère connu que par la traduction défectueuse de Rulin. et son autorité a d’ailleurs été bien allaiblie par toutes les discussions sur l’origénisme et par la condamnation de cette erreur.

2° La méthode presque exclusivement employée pendant cette période est la méthode positive. Les démonstrations dogmatiques sont le plus souvent empruntées au témoignage de l’Écriture divinement inspirée et à l’enseignement de la tradition manifesté par la pratique de l’Église ou formulé dans les déclarations formelles des Pères qui ont précédé. Ici encore il y a diversité selon les trois époques entre lesquelles se répartit cette période. Chez les Pères apostoliques la démonstration tient une place très restreinte. C’est l’enseignement positif qui domine ; il est assez souvent appuyé par des textes scripluraires, mais ces textes sont simplement indiqués. C’est particulièrement ce que l’on rencontre dans les lettres de saint Ignace d’Antioche.

Depuis le milieu du IIe siècle jusqu’au commencement du ive, la démonstration scripturaire occupe une place plus considérable. Dans les écrits apologétiques prouvant contre les païens les justes revendications du christianisme, le texte scripturaire est cité non comme organe de l’enseignement divin, mais comme écrit particulièrement digne de foi et indiquant authentiquement ce qu’est le christianisme ; c’est ce que fait notamment saint Justin dans sa I re Apologie, n. 30 sq., P. G., t. vi, col. 373 sq.

Dans les ouvrages dogmatiques dirigés contre le judaïsme ou contre l’hérésie, le témoignage scripturaire manifeste l’enseignement formel de la révélation, auquel l’assentiment absolu de la foi est toujours dû. C’est ainsi que les textes scripturaires sont cités par saint Justin dans son Dialogue avec Trj)>ho>i, P. G-, t. VI, col. 471 sq., où l’argument tiré des prophéties de l’Ancien Testament est longuement développé ; par saint Irénée dans son Contra hæreses, P. G., t. vif, col. 437 sq. ; par Tertullien dans son De præscriptionibus contra hæreticos, P. L., t. ii, col. 9 sq., dans ses livres contre Praxéas, col. 153 sq., contre Hermogène, col. 197 sq., contre Marcion, col. 246 sq., contre les juifs, col. 597 sq., dans son De carne Christi, col. 753 sq., i’t dans son De resurreetione carnis, col. 795 sq. ; par saint Cyprien dans son De unilate Kcclesiæ, P. L., t. iv, col. 495 sq., et dans ses Tesiimoniorum libri 1res contra judœos, col. 679 sq., par