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DOGMATIQUE


doclrinx per revelationem habentur. Sain, theol., 1*, q. [, a. 8. Il est d’ailleurs évident que cette démonstration n’a point pour but de conduire à la foi qui est déjà possédée. C’est une démonstration simplement régressive, destinée à justifier, pour chaque vérité révélée, la foi déjà possédée, en montrant comment cette vérité est contenue dans la révélation et en quel sens on doit l’interpréter.

2. La nécessité d’une solide démonstration positive par la vérification régressive des sources authentiques de la révélation est particulièrement impérieuse à l'époque actuelle, en face des négations radicales et des multiples exigences de la critique historique ou biblique. C’est le seul moyen d'écarter efficacement les attaques des adversaires et de préserver suffisamment la foi des fidèles. C’est ce que proclament hautement les partisans les plus convaincus de la méthode scolastique. Th. Coconnier, Revue thomiste, 1002, p. 632. C’est surtout ce que recommande Pie X dans l’encyclique Pascendi, exigeant que l’on donne aujourd’hui plus d’imporlance qu’autrefois à la théologie positive, à la charge toutefois d’observer certaines conditions et restrictions : Addim us lac eos eliam nobis laude dignos videri qui incolumi reverentia evga tradilionem et Patres et ecclesiasticum magislerium, sapienti judicio catholicisque usi normis, quod non xque omnibus accidit, theologiam positivant, mutuato a ueri nominis historise lumine collustrare studeanl. Major profeclo quam anlehac positivée théologies ratio est habenda ; id lamen sic fiât, ut nihil scholastica detrimenti captât, iique reprehendantur, utpote gui modernistarum rem gérant, quicumque positiva))i sic extollunt ut scholaslicam theologiani despicere videantur.

Conditions à y observer.

1. Qu’il s’agisse de l’examen critique de la provenance des documenls employés, ou de l'étude critique du texte, ou de sa fidèle interprétation, on doit, dans tout ce qui est du domaine de la théologie positive, se garder avec soin, soit d’un recours exclusif ou excessif aux preuves internes aux dépens des preuves extrinsèques d’authenticité, soit d’une liberté répréhensible vis-à-vis du surnaturel, particulièrement vis-à-vis du miracle et de la révélation et en général vis-à-vis du dogme catholique : double excès blâmé par Léon XIII dans l’encyclique Providentissimus Deus du 18 novembre 1893 et par Pie X dans » l’encyclique Jucunda tune du 12 mars 1904 et dans l’encyclique Pascendi du 8 septembre 1907. On devra aussi se mettre en garde contre les suppositions ou interprétations souvent bien fantaisistes de l’hvpercritique. Voir Critique, t. iii, col. 2331.

2. Pour ce qui concerne particulièrement la théologie biblique : a) il y a pour tout catholique obligation stricle de se soumettre intégralement aux définitions de l'Église, déclarant authentiquement l’interprétation qui doit être donnée à tel texte scripturaire. C’est l’enseignement formel du concile de Trente, sess. IV, et du concile du Vatican : tjuoniam vero quæ sancta Tridentina synodus de. interpretatione divinee Scripturse ad coercenda petulantia ingénia salubriler derrevit, a ijuibusdam hominibus prave exponuntur, nos idem decretum rénovantes, hanc illius menlem esse déclarant us, ut in rébus fidei et morum ad œdificationem doctrinx. christianee pertinentium, is pro vero sensu sacrse Scripturx habendus sil, quem tenuit ac lenet sancta mater Ecclesia, cujus est judicare de vero sensu et interpretatione Seriplurarum sanctarum ; algue ideo nemini licere contra hune sensum aul eliam contra utianimem sensum Palruni ipsani Scripluram sacram interpretari, sess. III, c. II. Parmi les quelques textes dont le sens est ainsi

authentiqueinonl défini, nous citerons particulièrement : a) Joa., xx, 23, qui selon l’enseignement du concile de Trente, sess. XIV, c. i et can. 3, doit s’entendre de potestate remittendi et retinendi peccala in sacramento pxiiitenlix : b) les paroles de l’institution de la sainte eucharistie, signifiant certainement le dogme de la présence réelle, selon la déclaration du concile de Trente, sess. XIII, c. i ; c) Luc, xxii, 19, qui, selon l’interprétation du concile de Trente, sess. XX II, c. i et can. 2, manifeste l’institution du sacerdoce chrétien ; d) Matth., XVI, 18, et Joa., xxt, 15 sq., exprimant certainement la primauté elfective, accordée à Pierre et à ses successeurs jusqu'à la consommation des siècles, au jugement du concile du Vatican, sess. IV, c. i.

En demandant au théologien biblique de se soumettre à ces définitions, l'Église ne veut aucunement le contrarier ou le gêner dans sa démonstration biblique. En lui donnant l’assurance que telle vérité est véritablement enseignée par le texte inspiré, elle n’empêche point l’exégète catholique de prouver, d’une manière régressive et par des arguments strictement bibliques, l’appartenance elfective de telle vérité à l’enseignement scripturaire. Car c’est un principe très assuré que l'Église laisse aux diverses sciences la liberté de suivre leur méthode particulière, pourvu que celles-ci rejettent les erreurs opposées à l’enseignement divin et qu’elles ne dépassent aucunement leurs propres attributions : Nec sane ipsa vetat ne hujusmodi disciplinas tu suo quæque ambitu propriis utantur principiis et propria methodo ; sed juslam hanc liberlatem agnoscens, id sedulo caret ne divinse doctrinx repugnando errores in se suscipiant, aut

1 fines proprios transgressée, ea quæ sunt fidei occupent et perturbent. Concile du Vatican, sess. 111, c. iv. Enseignement particulièrement appliqué à la théologie biblique par Léon XIII dans l’encyclique Provideutis

! simus Deus d » 18 novembre 1893 : Qua plena sapientise

lege nequaquam Ecclesia pervestigationem scientix biblicx retardât aut coercet : sed vain potiusab errore integram prsestat, plurimumque ad veram adjuvat progressionem. Nam pnvato cuique doclori magnus palet campus, in quo, tutis vestigiis, sua interpretandi industria prxdare certet Ecclesixque militer.

b) Quand l’Eglise n’a pas défini l’interprétation que l’on doit donner à un texte particulier, il y a toujours obligation stricte pour le théologien biblique de se conformera l’analogie de la foi, en n’admettant jamais,

' comme interprétation légitime du texte sacré, un sens qui soit en désaccord avec l’enseignement catholique tel qu’il est proposé par l'Église : In ceteris analogia fidei sequenda est, et doctrina catholica qualis ex auctontate Ecclesia accepta, tanquam summa nornta est ad/iibenda : nam cum et sacrorum lihrorum et doctrinx apud Eeclesiam depositx idem sit auctor Deus, profeclo fieri nequit ut sensus ex illis qui ab hac quoquo modo discrepet, légitima interpretatione eruatur. E.r quo apparet eam interpretationem vt ineplamet faisant rejidendam esse (iitæ rel inspiratos auctores in se quodammodo pugnantes faciat, vel doctrinx Ecclesix adversetur. Encyclique Providentissimus Deus du 18 novembre 1893.

c) Sans ignorer ni, à plus forte raison, désapprouver les conclusions légitimement déduites du texte scripturaire, conclusions dont la connaissance et l’intelligence lui sont d’ailleurs, le plus souvent, très utiles, le théologien biblique, pour ce qui concerne sa spécialité, doit se borner à la recherche de l’enseignement réel de l'écrivain sacré. Pour atteindre convenablement ce but, il doit recourir à une fidèle analyse de tous les textes particuliers et à une complète synthèse de tous ces mêmes textes rapprochés, comparés el

i replacés dans leur cadre historique intégral, pour que