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DOGMATIQUE


ralionet de verbe, appliquas à l’ineffable mystère de la sainte Trinité, et les noms multiples par lesquels l’Écriture inspirée désigne les perfections divines, A cette catégorie l’on peut encore rattacher, quoique d’une

manière moins immédiate, l’analogie entre la foi humaine et la foi divine, de laquelle les tbéologiens tirent de très importantes déductions dans l’étude de l’acte de foi, l’analogie entre l’espérance et l’amour humains et l’espérance et la charité considérées comme vertus théologales, l’analogie entre les conversions substantielles dans la nature créée et l’admirable conversion substantielle toute spéciale du pain et du vin eucliarisliques au corps et au sang de Jésus-Christ. Il est facile de constater dans les tbéologiens scolasliques, particulièrement dans saint Thomas, tout le parti qu’ils ont tiré de ces analogies explicitement ou implicitement révélées. — fi. Les analogies qui ne sont ni explicitement ni implicitement révélées et qui sont

simplement employées dans les documents ecclésiastiques ou dans les écrits des Pères et des tbéologiens pour mieux exprimer l’enseignement révélé, ont une valeur théologique correspondante à la valeur de l’autorité sur laquelle elles sont appuyées.

Nous citerons quelques exemples : Analogie établie par le premier concile de Nicée entre la procession de la lumière et la génération du Verbe, lumen de lamine.

— Analogie mentionnée dans le symbole attribué à saint Atbanase : sicut anima rationalis et caro unus est homo, ita Deus et homo unus est Christ us. — Analogie établie par saint Thomas entre le mouvement local et le travail de réforme et de renouvellement intime par lequel le pécheurse dispose à la justification, en se séparant effectivement du pécbé par la contrition et en tendant généreusement vers Dieu par l’espérance et l’amour. Sum. Iheol., I" II », q. c.xin, a. 5. — Analogie entre les dispositions physiques à la réception d’une nouvelle forme accidentelle et les dispositions préparatoires à la réception de la grâce sanctifiante, l a II", q. cxii, a, 2, analogie de laquelle l’école thomiste déduit de nombreuses conclusions. — Analogie entre le principe de vie dans l’ordre naturel et la grâce sanctiliante principe de notre vie surnaturelle, analogie existant similairement entre les facultés ou puissances de 1.’une dans l’ordre naturel et les vertus dans l’ordre surnaturel, I « 11’, q. ex, a. i. — Analogie entre la matière et la tonne dans le composé pbysique et les deux éléments du signe sensible constituant le signe sacramentel, 111 », q.L.x, a. 6, analogie de laquelle la tbéologie scolaslique déduisit de nombreuses conclusions ou applications.

b. Pour que toutes ces analogies puissent conduire à une connaissance scientifique au moins imparfaite de la vérité révélée, un double travail est nécessaire : a. On doit se servir de toutes les données de la raison pour mettre en pleine lumière le terme humain de comparaison, afin qu’il puisse fournir une base solide à des conclusions fermes et étendues. C’est ainsi que, dans l’étude du mystère de la Trinité, saint Thomas commence ebaque question théologique par une profonde analyse de l’analogie ou de la notion humaine qui doit servir d’intermédiaire dans l’argumentation théologique. Nous citerons comme exemples : l’étude de la génération dans les créatures, Sum. Iheol., I a, q. XXVII, a. 2 ; la manière dont le verbe humain procède de notre intelligence, loc. cit., ad 2um ; Cont. cent., l. IV, c. x, xi ; l’explication rationnelle de la différence entre la procession de l’intelligence et celle de la volonté. I", q. xxvil, a. 4 ; q. xxxvii, a. 1 ; Cont. gent., l. IV, c. xxin ; la notion de la personne dans les créatures, I a, q. x.xix, a. 1 sq. — fi. En rapprochant de l’enseignement révélé ces données rationnelles, l’on doit s’efforcer d’établir nettement les similitudes et les disshnilitudes entre le terme de comparaison et

l’enseignement révélé, dans la double intention d’attribuer effectivement au concept révélé toutes les similitudes dans la mesure strictement permise par la révélation, et d’écarter positivement du même concept toutes les dissimilitudes évidemment nécessitées ou suggérées par l’enseignement divin, tel qu’il est proposé à notre croyance par le magistère ecclésiastique. C’est encore le procédé suivi par saint Thomas signalant aux endroits précédemment indiqués les dissimilitudes et les similitudes entre la génération humaine et la génération divine, entre la procession du verbe humain et celle du verbe divin, entre la personne humaine et les personnes divines, entre l’union bypostatique et l’union de l’âme humaine avec le corps humain. — y Notons enfin que les conclusions auxquelles on aboutit en approuvant les similitudes et en rejetant les dissimililudes, conduisent elles-mêmes à des déductions nouvelles. C’est ainsi qu’après avoir montré la similitude entre le principe de vie dans l’ordre naturel et la grâce sanctifiante, et assigné aux vertus infuses le rôle de facultés dans l’ordre surnaturel, S. Thomas, Sum. theol., I a H », q. ex, a. 2-4, on établit la classification de toutes ces vertus avec le rôle particulier de chacune, selon l’analogie avec les vertus naturelles et selon les exigences spéciales de l’ordre surnaturel, ce que saint Thomas expose dans toute la IIa-IIæ, sans omettre le rôle indispensable îles dons du Saint-Esprit destinés à parfaire nos vertus surnaturelles. I « II », q. lxviii, a. I.

c) Connaissance scientifique provenant des déductions théologiques en comparant, entre elles et arec la fin surnaturelle, les vérités recelées. — a. Les déductions théologiques obtenues en comparant en Ire elles les vérités réélécs concernent : a. Les notions communes appartenant à l’ensemble des vérités révélées ou â leurs divers groupes. C’est ainsi qu’en comparant entre eux les divers sacrements de la nouvelle loi tels qu’ils nous sont manifestés par la révélation, on mit en pleine lumière leur caractéristique commune qui est d’être des signes efficaces de la grâce sanctifiante. Déduction ébauchée par Hugues de Saint-Victor, De sacramentis christianse fidei, 1. 1, part. CX, c. il, P. L., t. ci. xxvi, col. 317, puis complétée par Pierre Lombard, Sent., I. IV, dist. I, n. 2, P. L., t. CXCII, col. 839, et par saint Thomas, Sum. theol., III 1, q. i.xii, a. 1, et île laquelle beaucoup de conclusions nouvelles furent ultérieurement déduites. De même, en comparant attentivement tous les enseignements divins sur l’ordre surnaturel, on déduisit d’une manière plus précise la notion de la grâce strictement surnaturelle, sous sa double forme de grâce sanctifiante et de grâce actuelle, avec les propriétés qui leur sont inhérentes : grâce sanctifiante, principe de vie contenant en germe la lumière de gloire et capable de produire des actes méritoires de la vie éternelle, et grâce actuelle, aidant l’intelligence et la volonté pour chacun des actes surnaturels précédant la grâce surnaturelle ou produits par elle. — fi. L’étude approfondie de ces mêmes notions communes conduisit logiquement à une synthèse des divers principes nécessaires pour leur complète intelligence. Ainsi la nature des sacrements ne pouvait être parfaitement connue sans que l’on connut en même temps leurs diverses causes, leur mode de production, leurs effets, les conditions requises pour leur validité ou pour leur licéité. C’est de cette manière que fut enfin constitué par les scolastiques, à la suite de Pierre Lombard, le traité général des sacrements qui, malgré toutes ses imperfections et ses lacunes, projette cependant quelque lumière sur l’étude de chacun des sacrements. De même, les notions de grâce sanctifiante et de grâce actuelle ne pouvaient être pleinement possédées sans que l’on possédât en même temps leurs diverses propriétés, leur mode de pro-