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CLÉMENT XIV — CLÉMENT (SAINT)

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nir dans leurs Etats les jésuites malgré le bref Dominus ac redemptor. Theiner, Histoire, t. ii, p. 314 sq. L’impératrice de Russie en prenait, du reste, à son aise avec ses engagements quand ils gênaient sa politique ; le pape dut protester contre les persécutions qu’elle faisait subir aux Grecs unis de ses nouveaux Etats ; surtout il refusa d’approuver les mesures, prises par Catherine le 19 mai 1773 et le 23 mai 1774, qui supprimaient les diocèses existants dans ses nouvelles conquêtes, et les remplaçaient par deux évêchés, l’un pour les Latins, l’autre pour les Grecs unis, desquels dépendraient tous les catholiques de l’empire russe. Ibid., p. 305 sq. La tsarine s’obstina, et le 10 avril 1774, un ukase nomma Stanislas Siestrzencewicz, chanoine de Yilna, à l’évêché latin nouvellement créé ; Clément XIV lui refusa l’institution canonique ; l’aflaire ne fut réglée que sous son successeur. Ibid. Cf. Zalenski, Les jésuites, t. I, p. 256 sq.

En Angleterre.

Le pape eut plus de succès dans ses négociations avec l’Angleterre. Il abandonna la politique de ses prédécesseurs à l’égard des Stuarts détrônés, et refusa les honneurs royaux au fils du chevalier de Saint-Georges, pendant qu’il les accordait au duc de Gloucester, frère du roi d’Angleterre, venu à Rome au printemps de 1772. A la suite de ses conférences avec le duc de Gloucester, le nonce de Cologne, Caprara, fut envoyé en Angleterre pour y traiter de l’émancipation des catholiques ; Caprara fut bien reçu par le roi, et sa légation prépara les premières mesures qui rendirent tolérable le sort des Anglais lideles à Rome. Theiner, Histoire, t. ii, p. 157 sq.

Divers actes.

En 1771, le patriarche des nestoriens, Marc Siméon, et six de ses évêques sufl’ragants revinrent à l’unité romaine. Theiner, Epistolæ p. 155 sq.

Le 1 er mars 1770, le pape condamna l’abrégé de l’Histoire ecclésiastique de Eleury par l’abbé de Prades, les œuvres de La Mettrie et plusieurs opuscules de Voltaire. Il approuva en 1769 l’ordre des clercs réguliers de la Sainte-Croix et de la Passion de N.-S., fondé par saint Paul de la Croix qui fut toujours son ami. Bullarium, p. 73, 105. On lui doit la béatification de François Caracciolo, ibid., p. 7, et de Paul de Rura d’Arezzo, archevêque de Naples, ibid., p. 438 ; il érigea l’université de Munster le 27 mai 1773. Ibid., pi 582.

Dans les Etats pontificaux. —

Clément XIV a pris de nombreuses mesures pour le développement du commerce et de l’industrie, et la protection des diverses corporations de ses Etats ; les actes de ce genre forment une grande partie de son bullaire. Malgré ses efforts pour procurer le bien de son peuple, il se heurta pendant tout son pontilicat à une très forte opposition dans le collège des cardinaux et le patriciat romain ; on lui reprochait sa condescendance excessive envers les cours bourboniennes, spécialement au sujet de la suppression des jésuites, Cette hostilité en vint au point que la plupart des cardinaux et des prélats s’absentaient des chapelles et des fonctions pontificales ; elle fut très sensible au pape. Masson, Bernis, p. 298.

V. Mort et appréciation. —

Les derniers mois de la vie de Clément XIV furent tristes ; son regret de la suppression des jésuites, la conscience qu’il avait de l’échec de sa politique conciliante avec les cours catholiques, se manifestèrent par des accès terribles qui firent craindre pour sa raison. Le 25 mars 1774, il prit froid pendant la cavalcade qui le menait à Sainte-Marie sur Minerve, et ne put se remettre de cette indisposition ; le 10 septembre, il s’alita, refusant de déclarer avant de mourir les cardinaux qu’il avait nommes in petto ; le i septembre, il recul l’extrêi onction, et le 22, il mourut pieusement. Ses derniers moments furent, au dire de nombreux témoins du procès de béatification de saint Alphonse de Liguori, consolés par la présence miraculeuse du saint évoque. Ravignan, Clément XIII, t. i, p. 150 sq. : Angol des Ro tours, Saint Alphonse de

Liguori, Paris, 1903, p. 118. Quelque temps après cette mort, un des jésuites dont le bref Dominus ac redemptor avait brisé la vie, l’historien Jules Cordara, donnait sur Clément XIV ce jugement qui semble devoir être conservé : « Clément mena dans l’intérieur des maisons de son ordre une vie telle qu’il fut toujours regardé comme un bon religieux et un homme rempli de la crainte du Seigneur ; ses mœurs étaient pures : non seulement sa vie fut sans tache, mais son application aux études sérieuses avait été si grande qu’il se distingua entre tous par l’éminence de son savoir. Elevé sur le trône ponlitical, il ne modifia en rien la simplicité de sa vie et de ses manières. Doux, affable, bon, d’un caractère toujours égal, jamais précipité dans ses conseils, et ne se laissant pas emporter aux ardeurs d’un zèle inconsidéré, il aurait été un pape excellent dans des temps meilleurs. » Mémoires, p. 59. Cf. Ravignan, Clément XIII, p. 270, 271.

I. Sources.

Continuatio bullarii romani, Prate, 1845, t. IV ; démentis XIV epistolae et brevia, édit. Theiner, Paris, 1852. Les prétendues Lettres intéressantes du pape Clément XI V, publiées à Paris en 1776 par Caracciolo, n’ont pas d’autorité suffisante, beaucoup d’entre elles étant fausses ou interpolées. Cf. Reumont, Ganganelli, préface, p. 40-42 ; Mémoires du P. Cordara sur la suppression de la Compagnie de Jésus, cités à l’article précédent.

II. Travaux.

Annal i d’Italia (continuation), Venise, 1806, t. il ; Artaud de Monter, Histoire, t. vu ; Audisio, Histoire religieuse, t. v ; Bower, Histurij. t.xt ;  ; Brosch, Geschichte des Kirchenstaales, t. Il ; Chénon, L’Église catholique au xviii’siècle dans Hist. gén., t. vii, c. xvii ; Crétineau-Joly, Clément XIV et les jésuites, Paris, 1847 ; Id., Le pape Clément XIV ; lettres au P. Theiner, Paris, 1852 ; de Crousaz-Crétet, L’Église et l’État au xviii’siècle, Paris, 1893 ; Masson, Le cardinal de Bernis, Paris, 1884 ; Petrucelli délia Gattina, Histoire diplomatique, t. IV ; Picot, Mémoires, t. IV ; Prat, Essai sur lu destruction des ordres religieux en France, Paris, 1845 ; Ranke, Die romisehen Pàpste, t. ni ; Ravignan, Clément XIII et Clément XIV, Paris, 1854 ; Reumont, Ganganelli, Papst Clemens XIV, Berlin, 1847 ; Id., Geschichte der Stadt Rom, t. m b ; Rousseau, Expulsion îles jésuites en Espagne, dans la Revue des questions historiques, janvier 1904 ; Sidney Smith, The suppression of the Society of Jésus, dans The Month, 19U2-1903 ; Theiner, Histoire du pontificat de Clément XIV, Paris, 1852 ; Zalenski, Les jésuites de la Russie Blanche, Paris, 1880, t. i.

, 1. DE LA SEP.VILRE.


16. CLÉMENT (SAINT), évêquebulgaredu. e siècle, disciple des saints Cyrille et Méthode. Après la mort de ce dernier, le parti allemand et le clergé latin continuèrent en Moravie leur lutte acharnée contre le rite slave. Clément, suivi de quatre de ses amis et condisciples, Gorazd, Naum, Angelar et Sava, se rendit en Bulgarie en traversant Belgrade. P. (’, t. cxxvi, col. 1221. Le tzar Loris Michel les reçut avec de grands honneurs. Clément établit le centre de son apostolat en Macédoine. Le tzar Loris l’éleva au si/’ge de Vélitza. On ne sait pas au juste les limites de cette éparchie, (ioloubinsky, p. 169, que le biographe grec de Clément appelle Ap£ij.g ; T^a r, Toi BeXfoÇa. ! ’G., loc.cit., col. 1228. Selon Goloubinsky, p. 63, au lieu de Apzi.fÀ-t, ’x il faut lire ^po-jp^pa, qui répond à l’ancienne éparchie de Tiberiopolis, appelée dans une liste grecque des archevêques bulgares r, vOv 2Tpouu.vÎT(oi rj Erp^u/verÇa. Gelzer, p. 30. Dans ses ouvrages, Clément s’appelle évêque Slovène (slovensky). Pypin, Histoire des littératures slaves, p. 55. D’après Schafarik, l’éparchie de Vélitza se trouve dans la Macédoine antérieure dans le pays de Rragovitch, près du petit fleuve du même nom qui se jette dans la Stroumitza. Le biographe grec affirme .que Clément est le premier évêque de langue bulgare dans le monde slave. P. (.’., t. cxxvi, col. 1228. D’après Hilferding, il eut sous sa juridiction l’Illyrie el la Bulgarie, avec les droits de vicaire apostolique attachés au siège d’Ochrîda. Martinov, p. 187. Les documents grecs lui donnent le titre d’archevêque d’Ochrida ; il g i presque sûr que Clément exerça le pouvoir d’arche-