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CONSCIENCIEUX CONSEILS EVANGÉLIQUES 1175

à six :
1° Dieu n’existe pas, et le démon pas davantage
2° Il ne faut pas estimer les magistrats, il faut mépriser les temples et rejeter les prêtres.
3° Les magistrats et les prêtres sont remplacés par la science et la raison unies à la conscience, qui apprend à vivre honnetement, à ne nuire à personne et à rendre à chacun ce qui lui est dù. C’est à cause de ce rôle attribué à la conscience que les disciples de Knutsen s’appelérent les consciencieux.
4° Le mariage ne diffère pas de la prostitution.
5° I n’y a rien au delà de cette vie.
6° L’Ecriture sainte est pleine de fables et de contradictions.
Knutsen se vantait d’avoir de nombreux partisans dans les villes les plus importantes de l’Europe ; il prétendait en avoir sept cents à léna. Jean Museus, professeur de théologie à l’université de cette ville, réfuta cette « calomnie » . Peut-être la secte des consciencieux exista-t-elle surtout dans l’imagination de son auteur ; en tout cas, il n’en fut bientôt plus question. Il est vrai que, dans la suite, les théories de Knutsen devaient revivre et jouir d’une faveur qui ne semble pas sur le point de décroitre. I. SOURCES. On trouve la lettre de Knutsen dans J. Micærlius, Syntagma historiarum mundi et Ecclesiæ, Leipzig. 1699, p. 2291 ; M. Vessière de La Croze, Entretiens sur divers sujets d’histoire, de litterature, de religion et de critique, Amsterdam, 1711, p. 400. Voir, en outre, J. Museus, Ablehnung der ausgesprengten abscheulichen Verleumdung ob wäre in der Universität Iena eine neue Sekte der sogennannten Gewissener entstanden, Iéna, 1674 ; V. Greissing, Exercitationes academica due de atheismo Renato des Cartes et Matthiæ Kunzen opposite, Wittemberg, 1677. II. TRAVAUX. - Bayle, Dictionnaire historique et critique, 5e édit., Amsterdam, 1740, t. II, p. 12 ; G. Arnold, Histoire inpartiale de l’Eglise et des hérésies, Schafthouse, 1741, t. 11, p. 507 ; Helele, dans Kirchenlexikon, trad. Goschler, Paris, 1864, t. v. p. 211 ; K. M. Hagenbach, dans Realencykopädic, 3 édit., Leipzig, 1899, t. VI, p. 51. F. VERNET.


CONSECRATION. Voir ÉPICLĖSE.


1. CONSEIL (ACTE HUMAIN). -
I. Notion.
II. Objet.
III. Méthode.
IV. Historique.

I. NOTION.

Le conseil est un des actes intellectuels qui concourent à l’intégrité de l’acte humain. Il occupe la cinquième place dans l’organisme psychologique de l’acte humain tel que le décrit saint Thomas. Voir ACTE, t. 1, col. 343. Il vient après l’intention et précéde le consentement. Il se termine par un jugement pratique qui motive l'élection. On le définit la recherche, par la raison, des moyens qui conduisent à une fin. S. Thomas, Sum. theol., I II, q. xiv, a. 1.

II. OBJET.

Le conseil, étant une recherche, ne peut avoir pour objet que des choses qui peuvent être mises en question. Or, pour toute action donnée, la fin ne saurait être mise en question, à moins qu’on ne la considère comine moyen vis-à-vis d’une fin ultérieure, ce qui ne saurait se poursuivre indéfiniment, dit saint Thomas, Sum. theol., I II, q. 1, a. 6 ; q. XIV, a. 2, ad Ium ; a. 6. L’objet du conseil, ce sont donc les moyens qui concernent la pratique de détail toujours très compliquée en raison des circonstances multiples qui en varient les aspects. De là vient que le nom de conseil s’applique à l’assemblée de plusieurs personnes qui mettent en commun leurs lumières. Ibid., a. 3. Les œuvres d’art qui ont des procédés déterminés ne sont pas objets de conseil, tandis que les actions humaines sont son domaine propre. Ibid., a. 4. Aussi le conseil forme-t-il l’un des trois actes réservés à la vertu de prudence. Sum. theol., II II, q. XLVII, a. 8. Son rôle est de découvrir le juste milieu dans lequel, selon saint Thomas, consiste la vertu morale. Ibid., a. 7. L’habitude du bon conseil forme mème, d’après Aristote, suivi par saint Thomas, une verlu annexe de la prudence, l’eubulia. Ibid., q. LI, a. 1, 2. 1176

III. METHODE. Le conseil procède, non par voie de synthèse, mais par voie de resolution analytique. Il s’appuie d’une part sur la volonté d’une fin de terminée, sur une intention ferme, d’autre part sur l’existence de choses qui semblent pouvoir conduire à cette fin, son procédé consiste à partir de la fin et de ses exigences et de rétrograder vers les moyens entrevus jusqu'à ce que, de proche en proche, on soit parvenu à un objet capable de réaliser immédiatement la lin. Il ne saurait donc se prolonger indefiniment sous peine de se détruire. Sum. theol., I II, q. xiv, a. 5, 6. IV. HISTORIQUE. C’est dans les Éthiques à Nicomaque, I. III, que les théologiens ont puisé la notion du conseil et ses principaux caractères. Nemesius, De natura hominis, c. XXXIV, P. G., t. XL, col. 750 sq., a fourni nombre de notions, connues peut-être de saint Jean Damascene, De fule orthodoxa, 1. II, c. xxII, P. G., t. XCIV, col. 945, et utilisées par saint Thomas, sous la fausse attribution de saint Grégoire de Nysse dans les sed contra de sa question De consilio. Celle question se réfère à ces trois sources. Un inot de saint Jean Damascene, qui nomme le conseil une appétition qui cherche, optic txx, semble faire du conseil un acte de volonté ; mais ce mot est corrigé par le contexte méme de ce Père où la délibération, acte rationnel, est attribuée au conseil. Saint Thomas résout la difficulté en recourant à la compénétration des actes d’intelligence et de volonté qui concourent à l’acte humain. Le conseil ne s’ouvre, en eflet, que sous l’influence de la volonté de la fin ; il en est comme pénétré ; à ce titre il relève de l’appétition. Sum. theol., I II, q. xiv, a. 1, ad lum. A. GARDEIL.


2. CONSEIL (DON DE). Voir DONS DE SAINTESPRIT.


3. CONSEILS ÉVANGÉLIQUES. -
I. Définition.
II. Existence et excellence.
III. Relations avec la perfection et l'état de perfection.

I. DEFINITION. 1° D’une manière générale, le conseil évangélique, en tant que distinct du précepte chrétien, est une direction morale dont l’observation est recommandée aux chrétiens par l’Évangile, comme moyen de tendre plus efficacement à la perfection et d’obtenir une plus ample récompense céleste. L’acte ainsi recommandé est habituellement un acte particulièrement agréable à Dieu à cause des sacrifices qu’il impose et de sa grande efficacité pour le bien moral de l’individu. Tels sont, par exemple, certains actes non commandes de prévenance, de bienveillance ou d’assistance à l'égard d’un ennemi, une aumône généreusement faite sans aucun précepte, ou au delà de ses étroites limites. Les conseils particuliers se diversifient suivant les préceptes avec lesquels on les compare. Mais en réalité tous se groupent autour des trois conseils évangéliques spéciaux de pauvreté parfaite, de chasteté perpétuelle et de parfaite obéissance. S. Thomas, Sum. theol., III, q. CVIII, a. 4.

2° Dans un sens plus restreint et plus usuel, le nom de conseil évangélique est principalement réservé à la pratique chrétienne de la pauvreté volontaire, de la chasteté perpétuelle et de la parfaite obéissance, considérées comme moyens expressément recommandés par Jésus-Christ pour l’acquisition d’un plus haut degré de charité ou de perfection. - 1. Le but à atteindre determine la nature de l’acte recommandé. La pauvreté conseillée n’est point la simple pauvreté affective, mais l’abandon constant et effectif des biens temporels, seul capable d’affranchir l'âme de toute attache incompatible avec la perfection. La chasteté conseillée est la chasteté parfaite et perpétuelle qui permet de diriger plus facilement vers Dieu toutes les affections. L’obéissance conseillée est la soumission parfaite à une autorité religieuse