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CONFIRMATION CHEZ LES SCOLASTIQUES


mains, qu’il nomme expressément le contact, ne se distingue pas pour lui de la chrismation proprement dite. Elementum et tactus et verba sensibilia sunt et significant invisibilem gratiam. Nam chrisma significat unctionem interiorem gratise ; impositio vero manuum sive tactus significat robur ad defensionem susceptse fidei. In IV Sent., 1. IV, dist. VII, q. I, a. 1, Rome, 1605, p. 63.

L’Église grecque ne connaît pas d’autre matière du sacrement de confirmation. Cf. Goar, Euchologium, Paris, 1647, p. 355 sq. Cependant l’Eglise latine reconnaît la validité du sacrement chez les Grecs, comme l’affirme Benoit XIV, dans l’encyclique Ex quo primum du 1 er mars 1756 adressée aux évêques du rit grec. La confession de foi de Michel Paléologue, lue au IIe concile de Lyon, en 1274, mentionne expressément la chrismation, et la teneur de la formule employée indique bien que chrismation et imposition des mains ne constituent qu’un seul et même acte sacramentel. Aliud est sacramentum confirmât ionis, quod per manuum impositioneni episcopi conferunt, chrismando renatos. Denzinger, n. 388. Enfin le décret d’Eugène III pro Armenis porte que le chrême est la matière de la confirmation. Cujus materia est chrisma confectum ex oleo et balsamo per episcopum benedicto. Denzinger, n. 592.

Sur la composition et la consécration de l’huile chrismale, voir Chrême (Saint), t. ii, col. 2401-2411.

2. Origine de la chrismation.

La plupart des scolastiques admettent que la chrismation est d’origine apostolique, bien qu’elle n’ait pas été employée par les apôtres. Banc confirmationem fecerunt olim apostoli per manus tantum impositionem ; illorum pus/cri, eis tamen tradentibus, per chrismatis consecrationeni. Honorius d’Autun, Gemma animse, ni, 113, P. L., t.CLxxii, col. 673. Cf. disciple de Hugues de SaintVictor, op. cit., c. il, col. 460 sq. ; Alain de Lille, Contra hseret., i, 60, P. L., t. ccx, col. 369 ; Guillaume d’Auxerre, loc. cit. ; Jean de liassols, In IV Sent., 1. IV, dist. VII, q. i, Paris, 1507, p. 9-2.

Saint Thomas, Sum. theol., IIP, q. lxxii, a. 2, ad » «  et après lui quelques auteurs scolastiques, surtout de la décadence, ont émis l’opinion que les apôtres s’étaient servis ordinairement, ou [Kir exception, du saint chrême dans l’administration du sacrement de confirmation. Adrien d’Utrecht, In IV Sent., 1. IV, dist. VII, a. 2, Paris, 1530, fol. 48 ; Denys le chartreux, Summa fidei OTthod., 1. IV, a. 96, q. ii, Anvers, 1569, p. 261. Mais cette opinion purement arbitraire n’a rencontre’que fort peu de crédit. Cf. François Mavron, In IV Sent., I. IV, dist. VII, q. ii, Venise, 1520, fol. 183.

Il est remarquable que le nombre soit si réduit des théologiens qui attribuent au Christ lui-même la détermination de la matière sacramentelle. Avec Jean Bacon qui soutient expressément cette doctrine, op. cit., I. IV, dist. VII, a. 2, p. 349, on peut citer Pierre d’Ailly, Quxst. super IV Sent., q. IV, a. 1, Paris, 1515, fol. ccxt.v ; Estius, op. cit., dist. Vil, g 4. p. 79.

III. Forme.

Dans l’Église latine.

Les scolastiques

ne reconnaissent d’autre formule que la suivante ou son équivalent : Confirma te signa crucis et chrismate salulis, Guillaume d’Auxerre, Summa aurea, 1. IV, tr. II. Paris, 1500, fol. cci.vi ; Consigna le et cruce confirma te, Guillaume d’Auvergne, De sacram. confirai. , Paris, 1674, p. 429 ; Consigno le signo crucis, Alexandre de Halès, op. cit., q. ix, m. il, a. 2. g I, p. 220.

Suint Thomas donne comme élément constitutif de la formule sacramentelle l’expression des trois pensées fondamentales qui résument toute l’économie du sacrement : la cause, l’effet, le signe distinctif. La cause efficace, la seule qui puisse produire dans les âmes la plénitude de l’Esprit, est la sainte Trinité. In nomme Patris, etc. La force spirituelle qui est l’effet propre du sacrement est exprimée par ces mots : Cun/irmo te

chrismate salutis. Enfin le signe qui distinguera le soldat dans la lutte doit être le signe de la croix. De là ces mots : Consigno te signo crucis. Sum. theol., III a, q. lxxii, a. 4.

Telle est aussi la forme déterminée par la bulle d’Eugène IV, Exultate Deo. Denzinger, n. 592. Mais il est difficile de considérer comme essentiels tous les éléments de cette formule, comme l’enseigne Suarez, op. cit., sect. v, n. 3, p. 653. Estius remarque avec raison, en s’appuyant d’ailleurs sur de bonnes autorités, qu’il suffit d’exprimer l’acte qui confère surnaturellement à l’âme l’Esprit-Saint. Op. cit., p. 82.

La question de l’origine de cette formule, posée par Albert le Grand, fut résolue par lui en faveur de l’origine divine. Licet hoc non legatur, tamen inslilula est forma a Domina, apostolis tradila, sicut et baptismi. Op. cil., a. 2, ad l um et 2um, p. 153. Guibert de Tournai se prononçait au contraire pour l’origine purement ecclésiastique. Hoc igitur formant imam habuit tempore aposlolorum per manus impositionem, sed poslmodum secundum constitutum Ecclesiai per verborum expressionem. Tract, de of’fie. episc., c. xliii, dans Max. biblioth. Patr. vet., Lyon, 1625, t. xxv, p. 417.

L’opinion la plus communément admise est que cette formule, au moins dans ses éléments essentiels, est d’origine apostolique. Cf. S. Pierre de Tarentaise, In IV Sent., 1. IV, dist. VII, q. i, a. 3, Toulouse, 1692, p. 82 ; Duns Scot, op. cit., p. 98 ; Adrien d’Utrecht, In IV Sent., 1. IV, dist. VII, q. i, a. 2, Paris, 1530, p. 19 ; Pallavicini, De univ. theol., 1. VIII, n. 64, Rome, 1628, p. 13t. Voir sur ce sujet Ch. Merlin, Traité histor et dogmatique sur les paroles ou les formes des sept sacrements de l’Eglise, Paris, 1745, p. 257-295.

Dans l’Eglise grecque.

La formule invocatoire

signalée par dom Martène, op. cit., col. 262, dans l’ancien Pontifical de l’Église de Constantinople, n’avait point tardé à disparaître de la liturgie grecque en même temps que l’imposition des mains dont elle interprétait le symbole. L’eueoloye, mentionnant l’onction du front, des yeux, des narines, des lèvres, des oreilles, de la poitrine et des pieds, se contente de reproduire cette brève formule : Sçpayîç Swpéàç LTv6Û(J.aTOç àyiou. I. Habert, ’Apxtepatîxov, Paris, 1643, p. 708. Il est impossible de considérer comme une formule sacramentelle, ainsi qu’on l’a fait parfois, la prière préparatoire où le piètre, uni aux fidèles, implore pour les nouveaux baptisés la grâce de recevoir « le sacrement de confirmation » , le signaculum <l< » ti sancti, ci. Goar, Euc/ialogium, Taris, 1647, p. 355, el les liturgistes grecs sont tous d’accord pour affirmer qu’il n’y a point dans leur Église d’autres paroles sacramentelles que celles-là. Goar, op. cit., p. 368 sq. Car on ne peut s’arrêter à l’opinion étrange de Gabriel de Philadelphie, dans son Traité des sacrements, ou de Nicolas Cabasilas, dans son Exposition de la liturgie, opinion qui tendrait à faire du saint chrême le sacrement proprement dit de la confirmation. D’autre part, aucune trace quelconque d’une autre formule n’apparaît dans les eucologes soit imprimés soit manuscrits, et jamais l’Eglise catholique n’a déclaré invalide ou tenu pour suspecte cette forme dont les théologiens grecs catholiques, notamment le cardinal Bessarion et Arcudius, ont vivement et longuement défendu la valeur sacr Qtelle. Arcudius, De

concordia Eccl. occid. et orientalis, Paris, 1622, p. 707’J. Cf. V. X. Dôlger, Das Sacrament der Firmung, Vienne, 1906, p. 77-90.

IV. Ministre.

Ministre ordinaire.

Que l’administration

du sacrement de confirmation soit un droit exclusif de l’épiscopat, c’est ce que tous les théologiens scolastiques, sans aucune exception, s’attachent à établir : il serait superflu d’insister sur ce point. Cf. Honorius d’Autun, Gemma animée, m. II : ’. /’. /.., t. ci.xxii, col. 673 ; disciple de Hugues de Saint-Victor, op. cit.,