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CONFIRMATION DU VIP AU XIIe SIECLE


tement la croyance de cette époque : In baptismate per Spirilum Sanction datur remissio peccatorum ; in confirmatione Spiritus Sanctus invitatur ut veniat, et domum ipsam quant sanctificavit, inhabilet, muniat et defendat. Opusc, viii, Quid baplismus, quid confirmalio, P. L., t. ci.vii, col. 226. Les apôtres ont reçu deux fois l’Esprit-Saint, au baptême pour la rémission de leurs péchés, puis au jour de la Pentecôte pour confesser intrépidement leur foi. C’est cette dernière confirmation que reçoit le chrétien des mains du pontife, comme le sceau de sa perfection. Heec ultima conjirmatw fieri jubetur ab episcopis ad totius perfectionis timilitudinem. lbid. Cf. Opusc, ix, Quid sit sacramenti ileratio, ibid., col. 226.

II. Matière.

Pour saisir dans son ensemble, en l’éclairant, si c’est possible, d’un reflet nouveau, la pensée des écrivains ecclésiastiques du haut moyen âge sur cette question fort nébuleuse encore de la matière de la confirmation, il est nécessaire de répartir en trois catégories les documents où il est fait mention du signe sensible du sacrement, suivant qu’ils signalent isolément ou qu’ils réunissent au même titre l’imposition des mains et l’onction chrismale.

"1° L’imposition des mains. — Il faut remonter à Alcuin († 804) pour rencontrer un témoignage précis qui attribue directement à l’imposition des mains, sans aucune allusion au saint chrême, la collation sacramentelle des dons de l’Esprit-Saint. Dans la lettre à Odwin sur les cérémonies du baptême, où il expose également le rite de la confirmation, Alcuin résume ainsi les données essentielles sur l’efficacité du sacrement : Novissimeper intpositionent manuuni a sumnto sacerdote sepliformis gratis : Spiritum accipit [catechttmenus ], ut roboretur per Spiritum Sanclunt. De baptismi cœrimoniis, P. L., t. ci, col. 614. Dans la lettre à Charlemagne sur le temps de la septuagésime, après avoir établi que l’octave de Pâques est le jour le plus convenable pour la réception de la confirmation, Alcuin définit de nouveau, en termes analogues, la nature du sacrement. Et tune maxime cum alba tolluntur vestintenla a baptizatis, per manus impositioneni a ponli/ice accipere Spiritum Sanctum conveniens est. Epist., lxxx, ad domnum regem, ibid., col. 261.

Les capitulaires de Charlemagne usent parfois de la même formule pour désigner la confirmation. Nullus clwrepiscopus per manus impositioneni Spiritum Sanctum tradere prsesumal. Capit. 801, tit. iv, c. ii, iv. Aucune mention n’est faite de l’onction chrismale dans le livre de Magne, archevêque de Sens († 818). sur les cérémonies du baptême et de la confirmation. Le don du Saint-Esprit est attribué à la seule imposition des mains. De mysleriis baptismi, P. L., t. en, col. 98. La pensée de l’évéque d’Orléans, Jonas († 844), est plus explicite encore. Dans son traité sur la formation du clergé, le rite sacramentel de la confirmation est identifié avec l’imposition des mains, perceptio Spiritus per manus impositioneni episcopo tribuitur, et cette pratique est rattachée directement à la tradition apostolique. Le texte spécifie en toute précision qu’il s’agit du sacrement et de son effet propre. Credendum vero est quod, sicut baptismatis et corporis et sanguinis dominici sacramenta per sacerdotum ministeria visibiliter fiunt et per Deum invisibilité)consecrantur, ita nimirum Spiritus Sancti gratia per impositioneni manuum ntinisterio administratam episcoporum, fidelibus invisibiliter tribuatur. De instit. laie., i, 7, P. L., t. evi, col. 134.

En imposantaux chorévêques la défense de continuer à s’ingérer, d’ailleurs inutilement, dans l’administration du sacrement de confirmation, le VIe concile de Paris, tenu en 829, s’exprime (buis lis mêmes termes. Concil. Paris. VI, tit. i, can. 27. Mansi, t. xiv, col. 556, et les prescriptions canoniques concernant lesévêques laissent

également dans l’ombre la chrismation. Jejunando et orando in cordibus suis domum prxparent Spirilui Sancto, et sic per impositioneni manuum cseteris fidelibus eum tradant orando. Sicut autem duobus temporibus, Pasclia videlicet et Pentecoste, baptismus, ita etiam traditio Sancti Spiritus per impositioneni manuum fidelibus tradatur. Ibid., tit. i, can. 33, Mansi, t. xiv, col. 560. Il convient de signaler l’importance particulière de ce concile qui comprenait les évêques des métropoles de Reims, de Rouen, de Tours et de Sens, et il est incontestable que l’Église gallicane au IXe siècle était à peu près unanime à voir dans l’imposition des mains le signe sensible du sacrement de confirmation. Voir aussi les statuts synodaux de l’évéque de Langres, Isaac, en 858, Canones, tit. ii, can. 31, P. L., t. cxxiv, col. 1110.

Le dernier témoignage à invoquer, du moins parmi les théologiens, est celui de Lanfranc de Cantorbéry († 1089) : il se rattache au même texte de l’Épitre aux Hébreux, vi, 2, directement appliqué au sacrement de confirmation. In remissionem peccatorum baptizari, pro accipiendis Sancti Spiritus donis in impositione manuuni episcopi consummari. Comment, in Epist. ad Heb., c. VI, P. L., t. cl, col. 588.

L’onction chrismale.

Les documents que pourraient

invoquer à l’appui de leur opinion, pour la période préscolastique, les théologiens qui voient dans la chrismation la matière unique du sacrement de confirmation, ne se recommandent ni par leur abondance ni par leur valeur. Au c. lvii du IVe concile de Tolède tenu en 633, l’onction chrismale est employée pour désigner la confirmation, constat eos [Judseos] esse sacramentis divinis associatos, et baptismi gratiam percepisse et chrismale unclos esse, Mansi, t. x, col. 633, et l’on peut rapprocher de ce texte l’expression de sanctum chrisma employée par le synode romain de 769, Mansi, t. xii, col. 717, et par Paschase Ratbert († 860) pour signifier ce même sacrement. De corp. et sang. Domini, c. iii, P. L., t. cxx, col. 1275. Les seuls témoignages qui attribuent explicitement au saint chrême là sanctification sacramentelle paraissent être celui de saint Maxime le Confesseur, dans les scholie3 du c. iv de la Hiérarchie ecclésiastique, §11, ou nùpou teXe-uï) ÉxXrjQ*), P. G., t. iv, col. 160, et celui d’Aponius, dans son commentaire sur le Cantique, c. I : pinguissimum bulyrum sacri chrismatis oleun.i, per quod Spiritus Sanctus infunditur. Libri XII in Canticacant., Rome, 1843, p. 12. Rien ne laisse supposer, par ailleurs, que ces textes soient exclusifs. Il en est de même du passage où saint Pierre Damien († 1072) établit incidemment entre la consécration des temples et celle des chrétiens une comparaison qui ne peut passer pour un exposé intégral de la doctrine. Serm., i, de dedic. eccles., P. L., t. cxliv, col. 898.

3° L’imposition des mains jointe à l’onction chrismale. — Tout l’intérêt de la question se reporte sur les textes nombreux et précis où les écrivains les plus notables de cette époque identifient avec la chrismation l’imposition des mains, offrant ainsi la solution la plus heureuse, on peut dire la seule possible, aux difficultés du problème.

Non seulement saint Isidore de Séville fait dépendre indifféremment de l’onction chrismale ou de l’imposition des mains les effets sacramentels de la confirmation, De of/i cercles., ]. II, c. xxv, xxvi, P.L., t. lxxxiii, col. 822 sq., mais il paraît bien que, pour lui, ces deux actes sont concomitants et se confondent en un seul et même rite. Chrisma grsece, latine unclio nomine et Christus dicitur.ct homo post lavacrum sanctificatur ; nam sicut in baptismo peccatorum remistU) datur, ita per unctionem sancti/icatio Spiritus adlnbetur. Manus imposilio ideo fit ut per benedictioncm adrocalus invite tur Spiritus Sanctus ; tune cnim ille paraclelus