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CONFIRMATION D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS


Pater Domini Nostri Jesu Christi, qui te regeneravit ex aqua et Spiritu Sancto, quique tibi dédit rcmissionem peccatorum, ipse te lenit chrismate suo sancto, ut habeas vitam œlernam in sæcula sœculorum.

Dans le Særamentaire gélasien, P. L., t. lxxiv, col. 1112, la forme de la consignation change encore. L’évêque, en marquant le front du baptisé d’un signe de croix avec le saint chrême, dit : Signum Christi in vitam xtcrnam. Encore une autre forme à Rome dans le Særamentaire grégorien, P. L., t. lxxviii, col. 90 : Consigna eos signo crucis Christi in vitam propitiatus œlernam. Voir d’autres formules dans Martène, De ant. Eccles. rit., I, c. ii, et dans Daniel, Codex liturgicus, t. i, p. 200-202. On est loin de la formule désignée par saint Thomas, Hum. theol., III a, q. lxxii, a. 4, comme la formule de son temps, qui est restée la formule de l’Église latine, telle qu’elle se trouve dans le Décret aux Arméniens. Denzinger, n. 592.

Tour l’Église grecque, les Constitutions apostoliques, témoins des usages syriens, rapportent la formule de la consignation avec l’onguent sacré ou le (rjpov. Const. apost., VII, xliv, P. G., t. i, col. 1045. Ce n’est qu’une courte prière, qui ne paraît pas avoir un caractère liturgique arrêté, car l’auteur ajoute, après l’avoir citée : Que le ministre la récite et dise d’autres choses semblables. En Egypte, Didyme, voulant prouver la trinité, allègue comme argument la formule de la consignation, qui est la même, dit-il, que celle du baptême : ïau>Z a-çpaytÇdiJieôa y.ai par.-ilou.sba, c’est-à-dire au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. De Trinit., il, 15, P. G., t. xxxix, col. 720. D’après la Constitution ecclésiastique égyptienne, Achelis, Die Canones Hip., p. 99, l’évêque pose la main sur la tête du baptisé, l’oint avec l’huile de l’eucharistie, et dit : « Je t’oins avec l’huile sainte, au nom de Dieu, le Père tout-puissant, de Jésus-Christ et du Saint-Esprit. » Puis il lui fait un signe de croix sur le front, l’embrasse et dit : « Que le Seigneur soit avec toi, » et le confirmé répond : « Et avec votre esprit. » D’après le Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ, édit. Rahmani, p. 131, l’évêque pose de même la main sur la tête de chaque baptisé et l’oint, en disant : Vngendo ungo (te) in Deo omnipotenti, in Christo Jesu et in Spiritu Sancto, ut sis operarius habens fidem perfectam et vas ipsi gratum. Puis il le signe au front, lui donne la paix et dit : Deus humilium sit tecum. Et le baptisé répond : Et cum spiritu tuo.

C’est dans saint Cyrille de Jérusalem que l’on trouve une allusion à la formule qui devait finir par prévaloir chez les Grecs. Il annonce qu’après Pâques les futurs baptisés auront encore à entendre quelques catéchèses, dans lesquelles on leur apprendra, à l’aide de l’Ancien et du Nouveau Testament, les raisons et les motifs de toutes les cérémonies de l’initiation chrétienne, en particulier comment leuraura été communiquée la a-çpocjeç tt, ; xotvcovîac to-j àyio-j IIvsûfvaTo ;. Cat., xviii, 33, P. G., t. xxxiii, col. 1056. C’est là, en effet, la formule de l’onction chrismale signalée par un canon, ajouté après coup aux actes du concile de Constantinople de 381, sauf qu’on y a remplacé xoivwvfa ; par Stopeâç.En les signant (au front avec le chrême), nous disons : Sçpaylç owpe 5 ; IIv£J[j.aToi ; kyiov. Can. 7, Hardouin, t. i, col. 813. Bien que ce canon ne soit pas l’œuvre du concile de 381, il n’en exprime pas moins la formule employée par les Grecs dans la consignation, c’est-à-dire dans la collation du Saint-Esprit. Du reste, il a été repris plus tard et officiellement inséré dans les prescriptions du concile de 092, dit Quinisexte, où il est devenu le canon 95. Hardouin, t. iii, col. 1694.

Il y a eu donc, comme on vient de le voir, un certain flottement dans les formules employées par l’Église, soit pour l’imposition des mains, soit pour la consignation. Ce n’est que peu à peu qu’elles ont fini par atteindre

le degré de précision désirable et qu’elles sont entrées définitivement dans la liturgie. Aussi dom de Puniet, loc. cit., p. 404, a-t-il raison d’observer que, sur le point de l’union de la forme à ce qu’elle regardait comme la vraie matière de la confirmation, l’Église était assez large et admettait la succession dans les actes. Mais du fait que l’invocation accompagnait tantôt l’imposition des mains, tantôt l’onction, on ne saurait conclure qu’elle a changé plusieurs fois la matière même. Et malgré la prépondérance dont, à partir d’un moment donné, semble avoir joui l’onction, ce ne fut jamais en fait au détriment de l’imposition des mains. Celle-ci était d’institution divine et de pratique apostolique constante. Il y a donc au moins une raison de convenance de croire que l’Église ne l’a pas échangée contre un autre rite, dont l’autorité apostolique était moins manifeste. D’ailleurs, la manière dont certains Pères parlent indifféremment de l’imposition des mains et de l’onction, sans les distinguer au point de vue de l’effet produit, prouve assez que l’une et l’autre étaient également employées, alors même que l’on ne parlait que de l’une ou de l’autre.

V. Auteur.

A qui revient l’institution du sacrement de confirmation ? Est-ce bien à Notre-Seigneur Jésus-Christ ? A quel moment ? De quelle manière ? En a-t-il fixé la matière et la forme ? Des questions aussi précises n’ont pas été agitées par les Pères. C’est affaire aux scolastiques et théologiens de les poser et d’essayer de les résoudre, de chercher à savoir si Jésus-Christ a immédiatement institué ce sacrement et quant à la matière, et quant à la forme, ou s’il s’est contenté, après l’avoir institué, de laisser aux apôtres et à son Église le soin de déterminer d’une manière précise et la matière propre à ce sacrement et la forme qui devait convenir à cette matière.

Aux yeux des Pères, le baptême, la confirmation et l’eucharistie constituent les éléments de l’initiation chrétienne, initiation à laquelle procédait l’Église avec tant de solennité, conformément à la tradition ecclésiastique qui remontait aux apôtres. Pour ce qui regarde en particulier la confirmation, ils savaient, d’après le Nouveau Testament, que Jésus-Christ avait promis d’envoyer le Saint-Esprit à ceux qui croiraient en lui, et qu’en fait, dès la première heure, le Saint-Esprit a été donné par les apôtres aux nouveaux disciples. Ayant reçu eux-mêmes le Saint-Esprit d’une manière miraculeuse, le jour de la Pentecôte, les apôtres n’hésitent pas à le communiquer, d’une manière normale, à quiconque veut croire. Us réalisent ainsi la promesse de leur Maître, ils usent d’un privilège qui leur a été octroyé, et, pour cela, ils imposent les mains aux nouveaux baptisés. Un tel rite, pratiqué dès le premier jour, ne peut guère passer pour une improvisation. Et s’il est aussi résolument employé, sans la moindre hésitation, et toujours d’une manière uniforme, par les apôtres, c’est apparemment que les apôtres, sachant de qui le tenir, accomplissaient un ordre. La même évidence, il est vrai, n’existe pas pour la pratique de l’onction. Mais quand on se rappelle l’horreur de la primitive Église pour tout ce qui ressemblait à une nouveauté et sa fidélité scrupuleuse à s’en tenir toujours à la tradition, il semble bien difficile de ne pas voir dans l’onction, dont parlent fis Pères, une pratique également apostolique. Qu’on se rappelle l’appel de Tertullien à la tradition des Eglises apostoliques, et la manière dont il la rattache aux apôtres eux-mêmes, et par les apôtres à Dieu. Qu’on se rappelle que le pape Corneille, postérieur à Tertullien, qui déjà avait signalé l’onction, voit dans l’absence de la v^payi ;, chez Novatien, une violation de la loi ecclésiastique ; car, dit-il, ce sceau doit être reçu y.axa tôv ttj ; ’ExxXqafac xotvôva. Eusèbe, II. E., VI, xi.Hi. P. G., t. xx.col. 021. Qu’après cela tous les détails relatifs soit à l’imposition des