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CONFIRMATION D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS


aux Corinthiens, I Cor., iii, 16, il suppose que les fidèles de Corinthe n’avaient pas encore reçu le Saint-Esprit, l’apôtre ne leur ayant pas imposé les mains, car tous ceux, dit-il, qui ont reçu l’imposition des mains, sont en possession du Saint-Esprit, qui est l’aliment de vie ; il est manifeste, par ce passage, que l’évêque de Lyon attribuait le don du Saint-Esprit, non au baptême, mais à l’imposition des mains.

De même, l’onction chrismale n’est pas complètement inconnue. Dans un extrait du gnostique Théodote, disciple de Valentin, recueilli par Clément d’Alexandrie, il est question d’un double baptême, l’un sensible, donné par l’eau et capable d’éteindre le feu sensible, l’autre spirituel, donné par le Saint-Esprit et capable d’éteindre le feu non sensible. Excerpta, 81, P. G., t. IX, col. 696. Il y est question ensuite du pain et de l’huile qui sont sanctifiés par la même vertu du nom et qui, grâce à cette vertu, sont revêtus d’une 8’jvau ;  ; TcveuaaTcxïi ; il s’agit là du pain eucharistique et de l’huile chrismale, auxquels on compare l’eau du baptême, puisqu’on ajoute : « De même l’eau, qui est exorcisée et qui sert au baptême, reçoit la sanctification. » Ibid., 82, col. 696. Quelle que soit l’interprétation qu’il convient de donner à ces divers textes, les témoignages, à partir de la fin du IIe siècle, abondent et deviennent de plus en plus explicites.

2° Au iiie siècle. — A côté du rite baptismal, voici un autre rite, complètement distinct et spécialement consacré pour communiquer le Saint-Esprit, que l’on signale. Tertullien, témoin des usages romains, rappelle les trois actes de l’initiation chrétienne : baptême, confirmation, eucharistie. De prescript., XL, , P. L., t. il, col. 54-55. Il distingue le rite de la confirmation de celui du baptême, soit dans son mode d’application, soit dans ses effets. Car l’un régénère par l’eau, tandis que l’autre communique le Saint-Esprit. Le baptême, en effet, ne confère pas, selon lui, le Saint-Esprit, il ne fait que préparer le néophyte à sa réception. De bapt., vi, P.L., t. i, col. 1206. Mais à quoi attribue-t-il la collation du Saint-Esprit ? Est-ce à l’onction ou à l’imposition des mains ? L’onction, tout comme l’immersion, est un acte sensible et produit un eiîet spirituel. De bapt., vii, ibid., col. 1207. Il ne spécifie pas quel est cet effet spirituel, mais il note qu’on impose les mains et qu’on appelle le Saint-Esprit sur les nouveaux baptisés : dehinc manus imponitur, per benedictionem advocans et invitans Spiritum Sanction. De bapt., vin, ibid., col. 1207. Unissant ailleurs ces signes sensibles producteurs de la grâce invisible, il caractérise de la manière suivante leur côté sacramentel : Caro ungilw ut anima consecretur ; caro signatur ut anima muniatur ; caro manus impositione adunibratur ut et anima Spiritu illuminetur. De rcs. car., viii, P. L., t. il, col. 806. L’onction, appliquée au corps en forme de croix, consacre et fortifie l’âme, l’imposition des mains l’illumine du Saint-Esprit. Que, d’après Tertullien, cette onction appartienne comme partie intégrante au baptême ou à la confirmation proprement dite, peu importe, il n’en résulte pas moins qu’il existe à ses . un rite distinct de la régénération baptismale, Celui de l’imposition des mains, qui confère le Sainti it. Cf. A. d’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1905, p. 326-327.

Au milieu du m » siècle, le pape Corneille, dans sa lettre à Fabius d’Antioche, se plaint que Novatien, après avoir reçu le baptême des cliniques, n’ait pas observé la le de l’Église en ne se faisant pas marquer du sceau i évêque, et il se demande : Comment aurait-il pu recevoir le Saint-Esprit ? Eusèbe, II. A’., vi, 43, /’. G., t. x., col. 624. Bien que Corneille n’explique pas en quoi consiste ce sceau, il le distingue de celui du baptême, puisque l’évêque seul peut l’imprimer et qu’il j pour effet particulier de communiquer le Saint-Esprit.

Ce rite spécial, collateurdu Saint-Esprit, saint Cyprien le compare au rite sacré du baptême et l’en distingue ; il les appelle l’un et l’autre un sacrement. « Deux sacrements, dit-il, président à la parfaite naissance chrétienne, l’un en régénérant l’homme, et c’est le baptême, l’autre en lui communiquant le Saint-Esprit. » Epist., lxxii, 1 ; lxxiii, 21, P. L., t. iii, col. 1046, 1124. Même pensée et expression identique dans Nemesius, évêque de Thubunis, au VIIe concile de Carthage. Conc. Carth. de bapt. III, ibid., col. 1057. L’expression nascantur pourrait laisser croire que saint Cyprien place la régénération chrétienne dans la réception du Saint-Esprit ; ce serait une erreur, car il dit expressément : Non per manus impositionem quis nascitur, quando accipit Spiritum Sanctum, sed in baptismo, ut Spiritum jam nalus accipiat. Epist., lxxiv, 7, ibid., col. 1132. La communication du Saint-Esprit ne fait donc que compléter la régénération baptismale ; et cette communication, d’après l’évêque de Carthage, se fait au moyen de l’imposition des mains par les évêques. Du temps des apôtres, en effet, Pierre et Jean accoururent en Samarie pour imposer les mains et par là donner le Saint-Esprit aux néophytes : Quod nunc quoque apud nos geritur ut, qui in ecclesia baptizantur, prsepositis ecclesix offerantur, ut per nostram oralionem et matins impositionem Spiritum Sanctum consequantur et signaculo dominico consummentur. Epist., lxxiii, 9, ibid., col. 1115. Ainsi cette impositio manus, ce signaculum dominicum, qui consomme l’œuvre baptismale, est un sacrement qui s’ajoute à un autre sacrement et concourt à rendre le chrétien parfait.

En Cappadoce, c’est la même doctrine. L’évêque de Césarée, saint Firmilien, tout comme l’évêque de Carthage, sait que dans l’Église on donne le Saint-Esprit, que ce privilège, comme celui de baptiser et d’ordonner, appartient aux présidents, c’est-à-dire aux évêques, Epist., lxxv, 7, ibid., col. 1161, et que ce don du Saint-Esprit se fait par l’imposition des mains, à l’exemple de saint Paul vis-à-vis de ceux qui n’avaient reçu que le baptême de Jean : il les fit d’abord baptiser, puis, pour leur communiquer le Saint-Esprit, il leur imposa les mains. Ibid., 8, col. 1162.

L’existence du rite sacramentel de la confirmation ressort également de la controverse relative au baptême des hérétiques. Saint Cyprien avait tort de croire à la nullité du baptême conféré par les hérétiques. Les partisans de la validité de ce baptême disaient : pas de baptême nouveau ; l’imposition des mains ad Spiritum Sanctum suffit. C’est là une inconséquence, répliquait saint Cyprien ; car si, en dehors de l’Église, quelqu’un peut recevoir le baptême : par là même il peut recevoir le Saint-Esprit ; donc inutile, quand il revient à l’unité, de lui imposer les mains et de le marquer du signe sacré. Epist., lxxiii, 6, ibid., col. 1114. Si les hérétiques ont le Saint-Esprit, inutile d’agir comme nous agissons ; s’ils ne l’ont pas, et ideo apud nos manus imponitur ut hic accipiatur quod illic nec est nec dari potest. Epist., lxxvi, 11, ibid., col. 1147. Quelles que soient les questions délicates que soulève cette controverse sur la nature exacte de cette imposition des mains, ce qu’il convient de retenir ici, c’est qu’en dehors du baptême on pratiquait un rite spécial et sacramentel pour conférer le Saint-Esprit.

Un contemporain de Corneille et de Cyprien, l’auteur anonyme du De rebaptismate, 3, ibid., col. 1187, affirme, lui aussi, que c’est par l’imposition des mains que l’évêque donne le Saint-Esprit de la même manière qu’il fut donné par les apôtres aux Samaritains baptisés. Il affirme encore que le sacrement de baptême et celui qu’il appelle le baptême de l’Esprit ne sont pas tellement unis qu’on ne puisse les disjoindre ; mais séparés, non sunt mutila sed intégra atque perfei ta. Ibid. Mais, ajoute-t-il, pour admettre dans l’Eglise les