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CONFIRMATION D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS 1023

(Renan, B. Weiss, Ramsay, Rarnack, etc.) ; en 90, d’après plusieurs, Mangold, Kôstlin ; de 95 à 100, d’après Spitta et Wendt. C’est donc jusqu’à une très haute antiquité qu’il est permis d’aller, puisque, semble-t-il, le rite devrait être en usage quinze ou vingt ans au moins avant l’apparition du livre des Actes. Puis, il faut penser que Luc disposait d’anciens documents ou reproduisait une tradition antérieure. On n’a pas démontré jusqu’ici que le témoignage des Actes sur l’imposition des mains exprime la pensée personnelle du dernier rédacteur et ne dérive pas de sources orales ou écrites, sources anciennes, très anciennes peut-être, que cet écrivain a utilisées. L’épisode de la conversion des Samaritains appartient à la première partie du livre, à cette histoire de l’enfance de l’Église si précise, si circonstanciée, qu’elle semble provenir d’un fidèle témoin du premier éveil de la vie chrétienne. La promesse de l’Esprit à tous les membres du nouveau peuple de Dieu fait partie de ces discours de Pierre, si nourris de l’Ancien Testament, si surchargés d’hébraïsmes, et d’une christologie si ancienne que certains critiques y ont vu les plus vieilles affirmations de la foi apostolique. B. Weiss, Lehrbuch, p. 119 ; Rose, op. cit., p. 327-328.

L’examen des rapports de Luc avec Paul conduit encore à une époque aussi reculée. Assurément l’auteur des Actes a une manière de parler, de sentir, de voir, de juger qui lui est propre, et il est très légitime de chercher en quoi ses dépositions diffèrent de l’enseignement de l’apôtre. Mais il ne faudrait pas négliger les similitudes de vocabulaire et de doctrine. Et les critiques mêmes, qui exagèrent la distance entre Luc et Paul, sont obligés de signaler des points de contact et un accord remarquable entre les Epitres et les Actes. IJoltzmann, Lehrbuch, t. I, p. 454 sq. ; B. Weiss, Lehrbuch, p. 578-582. On a particulièrement observé qu’une des meilleures preuves du paulinisme de Luc, c’est « l’importance accordée par ses écrits à l’activité de l’Esprit » , à son action sur Jésus, à la promesse de sa venue, à son inlluence sur les premiers chrétiens. B. Weiss, loc. cit. Que l’historien et l’apôtre aient insisté, l’un sur les manifestations publiques, l’autre sur les effets intérieurs de ce don, nul ne saurait s’en étonner. Mais peut-on admettre qu’un personnage de second rang, compagnon, disciple, ami de ce Paul si ferme, si ardent, si passionné dans la défense de son propre enseignement, ait imaginé ou même accepté sur le don de l’Esprit, sa nature, son mode de transmission, ses distributeurs, des conceptions inconnues de l’apôtre et inconciliables avec sa doctrine ? Est-il permis de soutenir que, de bonne ou de mauvaise foi, l’auteur des Actes ait osé présenter, comme étant de Paul, ces idées nouvelles ? L’hypothèse n’est guère vraisemblable : c’est donc bien avant la rédaction de ce livre, à l’époque des courses de l’apôtre et de son compagnon, qu’il faut aboutir.

Mais plus on remonte le cours des âges, moins on laisse d’espace pour l’introduction d’une doctrine nouvelle et d’un rite précédemment inconnu. Parvenu au milieu du I er siècle, tout historien est amené à se demander si la première génération fidèle, si les apôtres n’étaient pas trop attachés au maître, trop instruits de sa parole, trop respectueux de ses recommandations, trop soucieux de conserver les formes de la prière antique pour avoir inventé une doctrine que rien n’aurait rattachée à la pensée de Jésus, un rite qui ne serait pas voulu par lui, qui ne serait ni juif ni chrétien. Aussi bien, les quatre Évangiles racontent que le Christ a promis l’Esprit, les Actes le disent, les Épitres l’affirment : s’il est une parole de Jésus qui soit bien garantie, c’est assurément celle-là. Si on n’y voit qu’une affirmation générale, déjà on peut soutenir que Jésus, en renonçant, ratifiait d’avance et présentait comme spécifiquement chrétien le don de l’Esprit sous toutes les

PICT. DE TIIÉOL. CATIIOL.

formes, partant la confirmation. Il n’est pas nécessaire qu’il ait parlé avant sa mort de l’imposition des mains, ni qu’il y eût fait allusion. Il suffit qu’après sa disparition, les apôtres, les chrétiens aient appris par les charismes ou par leur expérience intime qu’au moment où s’accomplissait ce geste la promesse de Jésus s’exécutait. Le Christ glorifié aurait complété l’œuvre du Christ historique ; il y aurait eu une institution en deux actes : promesse du don et approbation du rite. Cf. P. Pourrat, La théologie sacrantentaire, p. 278-279. Il convient peut-être d’ajouter que la parole de Jésus n’est pas seulement une affirmation générale et qu’elle distingue l’effet de l’imposition des mains de celui du baptême. Car d’après les trois Synoptiques, un jour du moins, ce que Jésus promettait ce n’était pas l’Esprit qui devait créer le disciple, infuser la vie nouvelle, assurer le pardon des péchés, c’était l’inspirateur qui donnerait sagesse et courage aux confesseurs de la foi ; et pour Luc, le fait paraît bien établi, le don annoncé c’était la grâce destinée à sacrer le témoin messianique. Voir col. 981. Enfin, l’Évangile semble même insinuer une distinction de deux instants, de deux actes de l’initiation, annoncer une effusion de l’Esprit qui n’accompagnerait pas, mais qui suivrait le baptême. L’épisode de la descente de Jésus dans les eaux du Jourdain a, de tout temps et dans toutes les écoles, été considéré comme une des scènes les plus importantes de la vie du Christ. Plusieurs Pères ont placé à cet instant l’institution du baptême ; et il se trouve que cette opinion est aujourd’hui adoptée par des exégètes non catholiques. Or, si on observe de près cet acte attesté par la catéchèse la plus ancienne, raconté par les trois premiers Evangiles, cette inauguration de la vie messianique de Jésus, qui devait être le type de l’initiation chrétienne, on y découvre intimement soudées, mais séparées chronologiquement deux opérations : l’ablution qui crée l’homme nouveau, l’onction de l’Esprit qui le sacre roi et prophète des derniers jours. N’est-ce pas précisément une vue anticipée et comme la première ébauche de cet acte qui ouvre la vie chrétienne et qui est fait de deux scènes toujours séparables et jamais séparées, l’ablution et l’imposition des mains ? Le Christ n’aurait-il pas alors institué, c’est-à-dire voulu et laissé entrevoir le baptême et la confirmation ?

I. Sources : les textes du Nouveau Testament expliqués dans l’article.

II. Travaux catholiques : les commentaires"de ces passages ; les traités de la confirmation (ont étudié de plus près et plus longuement les témoignages scripturaires, parmi les anciens, Maldonat, Bellarmin, Vuitasse ; parmi les modernes, Schanz, Schell, de Augustinis, Sasse) ; les monographies consacrées à la confirmation (particulièrement les études déjà citées de Vacant, Janssens, Dolger et Stærk) ; les affirmations des Pères, voir Turmel, Histoire de la théologie positive, Paris, 1904, p. 130-131, le traité de Vuitasse et, pour les docteurs latins, les tables de la patrologie de Migne.

III. Travaux non catholiques : les commentaires, surtout ceux du livre des Actes ; les manuels de théologie du Nouveau Testament (Holtzmann, B. Weiss, Stevens) ; certaines monographies déjà citées sur la confirmation (Mason), sur l’Esprit et ses opérations (Gunkel, Weinel), sur l’initiation chrétienne (A. Seeberg, etc.).

C. Ruch.

II. CONFIRMATION D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS.


I. Noms.
IL Existence du sacrement.
III. Matière.
IV. Forme.
V. Auteur.
VI. Ministre.
VII. Sujet.
VIII. Nécessité.
IX. Effets.
X. Cérémonies.

I. Noms.

Le mot de confirmation, qui sert actuellement à désigner le second des sacrements chrétiens, est étrangère la langue théologique des quatre premiers siècles. En revanche, on trouve un grand nombre d’autres expressions équivalentes, qui s’appliquent tantôt à l’imposition des mains, tantôt à l’onction, tantôt à l’une et à l’autre, ou qui caractérisent l’effet de ce sacrement. Signalons-les rapidement. C’est la manus

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