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CONFIRMATION DANS LA SAINTE ÉCRITURE


si étroitement reliées l’une à l’autre, que l’auteur n’éprouverait pas le besoin de répéter la préposition Sic devant le second terme. Si l’on accepte, au contraire, l’interprétation plus commune, doit-on conclure que le baptême est ici présenté comme un rite à double effet : régénération et communication de l’Esprit ? D’aucuns l’ont dit et ont opposé cette conception à celle du livre des Actes. Holtzmann, Lehrbuch der neutestamentlichen Théologie, t. ii, p. 268. C’est conclure trop vite. Avant de le faire, il faudrait prouver que deux autres hypothèses sont irrecevables. Ne pourrait-on pas admettre, en eiïet, qu’au baptême et à l’imposition des mains l’Ksprit-Saint vient, mais pour des fins diverses ? C’est à l’effet de l’ablution que ferait allusion l’Épitre, ce sont les suites de l’imposition des mains que décriraient les Actes. Et s’il était démontré que cette hypothèse est inacceptable, un dernier problème se poserait encore. Par le mot bain llanqué d’ailleurs de deux compléments, la lettre à Tite ne désignerait-elle pas l’initiation chrétienne, c’est-à-dire les deux actes, les deux bienfaits qui la composent ; actes et bienfaits distincts, mais si intimement associés que, naturellement et en vertu de l’usage, le nom du premier, du plus important, impliquerait le second ? L’Épitre s’exprimerait comme le font aujourd’hui encore des chrétiens, quand ils appellent baptême l’ensemble des cérémonies de l’initiation chrétienne : ablutions, exorcismes, onctions, etc., parfois même consécration à la Vierge. Déjà le langage de Luc laissait entendre que tel pouvait bien être l’usage reçu à une époque où les deux rites se suivaient et où la théorie des sept sacrements n’étant pas faite, on se préoccupait plus d’unir les grâces que de distinguer les concepts. Une objection se présente : les mots régénération et renouvellement ne sont-ils pas deux synonymes qui désignent un même effet, c’est-à-dire celui de l’ablution et de l’ablution seulement ? Le prétendre serait ne pas observer que chacun de ces deux termes a un sens très précis : la régénération, c’est une renaissance, elle s’accomplit à un instant déterminé et une fois pour toutes ; la rénovation est aussi un acte qui commence à un moment donné, mais pour se prolonger et se poursuivre parfois : ainsi la transformation d’un caractère sera l’œuvre d’une vie. Or, justement les Épîtres pastorales font intervenir l’Esprit-Saint à plusieurs reprises ou d’une manière continue dans l’existence du chrétien. Il Tim., i, 7, 14. On trouve des idées assez semblables sinon identiques dans Rom., vu, 6 ; viii, 2 sq. ; XII, 2 ; II Cor., iv, 16 ; Eph., IV, 2224 ; Col., iii, 10. Cet Esprit qui aide ou qui opère la rénovation est-il donné par un rite ? Le texte ne l’affirme pas. Mais, quoi qu’en aient dit certains protestants (A. Seeberg, op. cit., p. 225), il ne le nie pas non plus : déclarer que « Dieu lui-même verse abondamment par Jésus-Christ son Esprit » , ce n’est pas exclure l’emploi des causes secondes, c’est seulement n « pas les mentionner.

Quelque autre passage des Epitres pastorales fait-il allusion à la communication de l’Esprit par un acte distinct du baptême ? Weinel, op. cit., p. 216, cite la recommandation adressée à Timothée : « N’impose pas trop vite les mains à quelqu’un, » I Tim., v, 22, sous prétexte que ce conseil est suivi des mots : « Ne te rends pas participant des péchés d’aulrui, » et qu’il est isolé par une phrase de l’ensemble des avis donnés au destinataire sur la conduite à tenir vis-à-vis des presbytres. Communément, on pense au contraire que « l’imposition des mains » mentionnée ici est celle dont les pastorales parlent ailleurs, I Tim., iv, 14 ; II Tim., I, 6, et qui confère des pouvoirs hiérarchiques. Les confier au premier venu serait évidemment « participer aux péchés » qu’il commettrait par ignorance ou par indignité. Le conseil d’ailleurs n’est pas ou est à peine séparé des autres recommandations sur les presbytres. De

l’imposition des mains que signalent les lettres à Timothée, une seule chose ici est à retenir : de l’aveu non seulement des catholiques mais des critiques indépendants (par exemple Holtzmann, op. cit., t. il, p. 268), elle agit à la manière d’un sacrement, elle est un procédé efficace de transmission. La pensée des Actes sur le rôle du rite se retrouve ici.

4. L’Épitre aux Hébreux.

C’est avec les Actes, le principal témoin. L’auteur se plaint de ce que les destinataires de sa lettre, chrétiens depuis longtemps et qui devraient être des « hommes faits » , des « maîtres » , capables de comprendre la doctrine de justice, sont redevenus des « petits enfants » et ont besoin qu’on leur apprenne « les premiers rudiments des oracles de Dieu » , « l’enseignement élémentaire sur le Christ. » Il s’agit, sans doute, des vérités dont la connaissance était donnée aux catéchumènes ou aux néophytes, lors de leur entrée dans la carrière chrétienne, v, 11-vi, 1. Ces notions » fondamentales » l’auteur ne croit pas devoir les exposer longuement : peut-être parce que tout chrétien est capable de les rappeler, ou parce que les destinataires de l’Épitre ayant été instruits jadis, n’ont qu’à se souvenir, ou enfin parce que la meilleure manière de répéter cet enseignement catéchétique, de le faire comprendre et aimer, c’est de présenter les vérités premières dans des mystères plus profonds et plus sublimes. La lettre énumère donc seulement, et sans doute à titre d’exemples, quelques-unes de ces doctrines fondamentales. Six choses sont mentionnées ou plutôt trois paires : « l’abandon des œuvres mortes et la foi en Dieu ; la doctrine des baptêmes et de l’imposition des mains ; de la résurrection des morts et du jugement, » vi, 1, 2.

Quelle est cette imposition des mains ? Un rite connu de tous les chrétiens, rite dont on indique l’existence et la signification aux aspirants, rite lié au baptême très intimement sans toutefois se confondre avec lui. Il n’y a pas à s’y tromper : c’est bien une imposition des mains identique à celle que décrivent les Actes. Le nom est le même, la suite des opérations est la même, pénitence, foi, baptême, imposition des mains. Act., il, 38. Voir col. 999-1000. Aussi, beaucoup d’anciens écrivains ecclésiastiques, les exégèteset théologiens catholiques, la plupart des critiques protestants et indépendants voient dans la cérémonie mentionnée par l’Epitre aux Hébreux celle qui s’accomplit à Éphèse et à Samarie. Une objection a été faite : le mot baptême est au pluriel ; d’autre part, la lettre parle ailleurs, ix, 10, « des ablutions de tout genre » en usage chez les Juifs. Ici encore ne signalerait-elle pas ces rites, par exemple la lustration des prosélytes ? C’est l’opinion de Weizsàcker, Das apostolisc/ie Zeitalter der christlichen Kirclie, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1893, p. 475. Il ne serait donc pas question de l’imposition des mains signalée par le livre des Actes. Cette hypothèse ne saurait être admise : tout le contexte l’exclut. Le « fondement » du christianisme n’est pas le judaïsme, les « rudiments pléniers des oracles de Dieu » et « la doctrine élémentaire sur le Christ » ne sont évidemment pas l’enseignement des ablutions juives aux prosélytes. Les doctrines qui s’opposent à cet abécédaire, comme le « parfait » à l’imparfait, ce ne sont pas des thèses juives, mais des conceptions spécifiquement chrétiennes : par exemple la théorie du sacerdoce du Christ. Sans doute, il n’y a qu’un baptême nouveau, et l’Epitre aux Hébreux parle, ici comme au c. ix, de plusieurs ablutions. Mais ce pluriel peut s’expliquer. Un grand nombre d’hypothèses ont été lancées : l’Épitre rappellerait la doctrine sur les baptêmes d’eau et d’esprit, d’enfants ou d’adultes ; sur l’ablution trois fois répétée ; sur la différence entre les lustrations des juifs, des païens, de.lean et la cérémonie chrétienne. Ou bien encore le pluriel serait justifié par le fait de la collation fréquente du baptême à cette époque. L’interprétation la plus plausible est celle que suggère le texte