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CONFIRMATION DANS LA SAINTE ÉCRITURE


Une s’agit pas cependant d’une distinction hiérarchique. Le don de l’Esprit-Saint est universel. Voir col. 980981. D’ailleurs, les sept ont déjà reçu cette grâce quand les apôtres leur confient un ministère spécial. Act., vi, 3, 5, 6. Paul, Act., ix, 17, et Barnabe, Act., xi, 24, sont remplis de l’Esprit avant que les prophètes d’Antioche ne leur imposent les mains. Act., xiii, 3.

Si le ministère auquel rend apte le don de l’Esprit ne confère pas un grade hiérarchique, il est pourtant une participation à des fondions publiques. Le témoin, comme tel, ne parle-t-il pas en public et pour le public ? Jésus est le type du chrétien. Or, à la descente de l’Esprit, il commence une vie nouvelle, il apparaît comme prédicateur, médecin, libérateur, héraut, il est sacré en qualité de prophète, d’après le troisième Évangile, Luc, iv, 18-20, en qualité de roi, d’après les Actes, iv, 26. Bref, il est homme public. A la Pentecôte, que deviennent les apôtres ? Des témoins officiels qui inaugurent, eux aussi, leur vie publique. Il en est ainsi de tous les fidèles. Car le nouveau peuple de Jahvé est composé de spirituels, de prophètes, et de voyants, c’est-à-dire d’hommes puhlics. Act., Il, 17, 18. Et l’on comprend mieux alors maintenant pourquoi le baptême et l’imposition des mains diffèrent, pourquoi le don de l’Esprit se manifeste souvent, mais pas toujours, par des effets extraordinaires. L’ablution chrétienne, c’est la rémission des péchés, le sacrement qui fait le disciple et sanctifie l’homme privé ; l’imposition des mains, c’est le rite qui sacre prophète des temps nouveaux et fait passer à la vie publique. Le charisme n’est pas donné à tous, parce que tous n’en ont pas besoin pour rendre témoignage ; mais il l’est à beaucoup, parce qu’à l’origine les paroles et les œuvres de l’homme public doivent, plus que jamais, être confirmées par la toute-puissance de Dieu.

Cette influence de l’Esprit a le mérite de s’harmoniser avec le rôle que le livre des Actes lui assigne. La communauté prend naissance le jour où il descend sur elle pour la première fois. Elle grandit, parce qu’il lui donne croissance. Act., ix, 31. C’est lui qui envoie les missionnaires, Act., xiii, 2 ; établit les chefs des églises locales, Act., xx, 28 ; parle et gouverne par Pierre, Act., iv ; porte les décrets avec l’assemblée, Act., xv, 28 ; rend témoignage avec les apôtres. Act., v, 32. C’est donc bien lui qui est dans la communauté principe de vie publique et sociale. Et alors, donner l’Esprit, n’est-ce pas faire passer en quelqu’un la force qui crée l’homme public chargé d’un véritable office, le confesseur de la foi ?

Mais, de quelle nature sont la sagesse et l’énergie qui transforment le disciple en témoin ? Puisque, comme nous le savons, le don vient d’en haut, du Père et de Jésus glorifié, puisqu’il est le principe des prophéties, de la glossolalie, des vision., , puisqu’il est nommé par Dieu son Esprit et assimilé à l’Esprit de Jahvé, il apparaît donc comme une force toute-puissante, capable d’accomplir des œuvres divines. Est-ce une personne ? Il parle, Act., viii, 29, etc. ; il avertit, Act., xx, 23, etc. ; il est témoin, Act., v, 32 ; il décrète, Act., xv, 28 ; il enseigne, Luc, xii, 12 ; il inspire les prophètes, Act., xxviii, 25 ; il s’eNprimepar Pierre, Act., v, 3 sq. ; il choisit, appelle et envoie, Act., xiii, 2-4 ; il conduit, Luc, iv, 1 ; il pousse, Luc, II, 27 ; il empêche d’aller en un endroit, Act., xvi, 6, 7 ; il ravit, Act., viii, 39 ; il fait tressaillir de joie, Luc, X, 21 ; il donne de parler en langues, Act., il, 4 ; il établit des chefs, Act., xx, 28 (peut-être lie-t-il, Act., xx, 22 ; le texte peut signifier lié par l’Esprit ou lié’en esprit) ; on s’oppose à lui, Act., vi, 10 ; on lui résiste, Act., vii, 51 ; on lui ment, Act., v, 3, 4 ; on le tente pour voir s il découvrira la vérité. Act., v, 9. Si on voulait dire que ri’Npritestunepersonne, parlerait-on autrement’.' D’autres verbes : descendre, Act., x, 44, etc. ; venir, Luc, 1, 35, etc. ; faire croître, Act., ix, 31 ; recevoir, Act., viii, 15, etc. ; tomber, Act., viii, 16, etc. ; peuvent avoir pour sujet v. :.

DICT. Ut THLOL. CATHOL.

force impersonnelle. Cependant ces actions sont d’abord, surtout et la plupart du temps, le fait d’une personne. Pestent quelques locutions : être donné, Act., v, 32, etc. ; être rempli de l’Esprit, Act., VI, 5, etc. ; en être oint, Act., x, 38 ; revêtu. Act., xxviii, 49. Évidemment, elles s’appliquent de préférence à une chose. Mais il faut noter que ce sont des métaphores ; l’auteur en les employant se rappelle sans doute que l’Esprit-Saint est un principe de sagesse et de force : c’est de cette sagesse et de cette force qu’il montre l’homme rempli, oint, revêtu. Et comme pour empêcher toute équivoque, Luc accole parfois l’un ou l’autre de ces deux mots au nom de l’Esprit, si même il ne remplace pas ce dernier par l’un d’eux : « revêtu de la puissance d’en haut, » « rempli du Saint-Esprit et de sagesse, » « oint du Saint-Esprit et de force. »

Nous avons donc le droit de conclure que l’Esprit est représenté comme une personne toute-puissante. Mais, d’autre part, Luc nous dit que le Père le donne par Jésus glorifié. Il semble donc bien que l’Esprit est, d’une certaine manière sur laquelle l’auteur ne s’explique pas, distinct de celui qui le promet et de celui qui le communique. Voir Trinité d’après l’Écriture.

6. Pour donner l’Esprit-Saint, ou Dieu intervient directement, c’est, semble-t-il, dans des cas plus solennels et extraordinaires ; ou il le communique par des intermédiaires : nous ne connaissons comme tels arec certitude que des apôtres : Pierre, Jean, Paul. — Déjà nous avons constaté que l’Esprit est un don du Père par Jésus. Mais la transmission ne s’opère-t-elle pas par l’intermédiaire d’hommes ? Dieu n’a besoin de personne. Parfois il agit seul et immédiatement : ainsi opère-t-il en faveur de Jean, d’Elisabeth, de Zacharie, de Siméon, de Marie, de Jésus, des apôtres, des premiers disciples et de Corneille. Le fait s’explique aisément. Les précurseurs sont en réalité les derniers prophètes : sur eux l’Esprit descend comme il venait sur les hommes inspirés de l’Ancien Testament. Les cas du Christ et de sa mère sont évidemment hors de pair. A la Pentecôte, puisque l’Esprit se communique pour la première fois, on comprend qu’il veuille se présenter lui-même et d’une façon saisissante. Enfin, le don accordé à Corneille est plusieurs fois signalé comme un miracle destiné tout exprès à forcer l’attention et à peser sur la volonté de Pierre. Dans tous les épisodes mentionnés, d’ailleurs, un prodige s’accomplit : prophétie, conception miraculeuse, apparition d’une colombe et audition d’une voix céleste, glossolalie, bruit ou tremblement soudain. Le don de l’Esprit par Dieu seul apparaît donc bien comme une collation plus solennelle, et en quelque sorte extraordinaire.

A Samarie et à Éphèse, il n’en est pas de même. Les fidèles qui reçoivent l’Esprit sont une « foule » anonyme ou douze inconnus : nul, parmi ces hommes inspirés, n’est appelé à jouer un rôle d’une importance exceptionnelle. Nous ne savons d’eux qu’une seule chose, c’est qu’ils sont chrétiens. Or, les deux fois, Dieu n’agit pas seul : ce sont des hommes qui transmettent le don messianique. Seulement, ces dispensateurs ne sont pas les premiers venus, mais de grands personnages, les apôtres. A Samarie, c’est Pierre et Jean qui imposent les mains. Pourtant Philippe est là, et il a été solennellement investi d’une charge publique, Act., VI, 3, 5, 6 ; il est depuis longtemps rempli du Saint-Esprit, Act., VI, 3 ; il a pu prêcher, exorciser, faire des miracles, il est donc bien l’envoyé de Dieu. Act., VIII, 5-13. Mais il n’a pas donné l’Esprit et ne le confère même pas, en collaboration avec Pierre et Jean. Rien ne permet de supposer qu’il a <té’négligent ou ignorant : le récit laisse l’impression contraire et semble être tout à la louange du missionnaire de Samarie. Il faut donc conclure que si Philippe n’a pas imposé les mains, c’est qu’il ne l’a pas pu. Cf. J. Weiss, Ueber die AbsiclU und den lite III. - 32