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CONFIRMATION DANS LA SAINTE ÉCRITURE


et oublier que le Saint-Esprit ne demande pas à Pierre la permission de descendre sur Corneille. La seule explication possible c’est que le baptême administré par Philippe, pour complet qu’il fût, était resté un baptême et que si les apôtres l’achevèrent, ce fut en opérant, au cours d’un autre rite, un autre effet spirituel.

Et voilà pourquoi l’eunuque éthiopien est baptisé, dûment baptisé par Philippe, mais ne reçoit pas l’EspritSaint. On a dit qu’il l’avait obtenu par l’intervention directe de Dieu. « Quand le catéchumène et l'évangéliste furent sortis de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, » Act., viii, 39, mais tel ne paraît pas être le sens de cette phrase. La translation a lieu pour que le missionnaire aille prêcher à Azot. Certains manuscrits (A lexandrinus, version syriaque héracléenne et l’ancienne version latine) la complètent et écrivent : « L’Esprit[-Saint tomba sur l’eunuque et un ange] du Seigneur emporta Philippe. » Qu’on adopte n’importe quel texte, un fait demeure : le don de l’Esprit n’est pas rattaché à l’acte du baptême. Cf. J. Belser, Beitrâge zur Erklàrvmg der Apostelgeschichte, Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 51 ; Id., Die Apostelgeschichte, Yienne, 1903, p. 114.

Il ne l’est pas davantage dans l’histoire de la conversion de Saul. Les récits distinguent très nettement l’instant où il recouvre miraculeusement la vue et celui où par le baptême il est « lavé de ses péchés » . Act., ix, 17-18 ; xxii, 12-46. Quant au don de l’Esprit-Saint, il est mentionné, mais on ne peut savoir avec certitude s’il a été accordé par l’imposition des mains d’Ananie ou par l’action directe de Dieu. Les avis sont partagés. Quoi qu’il en soit, cette communication n’est pas mise en rapport avec le baptême. Et, au contraire, elle est rapprochée de l’imposition des mains qui rend la vue à l’apôtre. Act., ix, 17.

Le récit de l’initiation de Corneille ne permet aucune hésitation. L’Esprit-Saint est descendu sur lui et cependant l’ablution n’a pas encore eu lieu. Bien plus, même après cette venue miraculeuse, le baptême a un sens, un but, une raison d'être, et Pierre le fait donner au centurion. Act., x, 41-48 ; xi, 15-17. Si on réunit les données des trois récits de cette conversion, ibid., et xv, 8-9, on peut en dégager le schéma suivant : Corneille est pieux, il reçoit l’appel divin, la prédication apostolique, il croit. Son cœur est « purifié par la foi » , l’Esprit descend, le baptême suit : c’est la ratification de la communauté, l’initiation officielle, l’agrégation à la société chrétienne. Et celui qui a l’Esprit-Saint, la mérite, il est normal qu’il soit baptisé. Il devrait déjà l'être. Les deux dons s’appellent.

Une dernière fois, ils sont réunis : c’est dans l’histoire des douze disciples d’Ephèse. Act., xix, 1-7. Paul les rencontre et leur demande à brûle-pourpoint : « Avezvous reçu l’Esprit-Saint, quand vous avez cru ? » Donc, a-t-on conclu, l’apôtre a observé dans ces fidèles quelque chose d'étrange et il soupçonne qu’ils n’ont pas reçu le don messianique. Ainsi, la communication de l’Esprit est présentée comme une grâce accordée à tout croyant. — Admettons-le, mais n’allons pas plus loin : le texte ne permet pas de savoir si ce don est conféré dans le baptême ou au cours d’une cérémonie qui accompagne ce rite et qui doit faire partie de toute initiation complète. D’ailleurs, on peut expliquer autrement la question de l’apôtre. L’imposition des mains ne pouvant être faite par tous, Paul à son arrivée recherche qui, parmi les Ephésiens, a besoin de la recevoir. Et après une première réponse : « Nous n’avons pas même entendu dire qu’il y ait un Esprit-Saint, » il poursuit son enquête : « De quel baptême avez-vous donc été baptisés ?.> — Cette fois encore, l’apôtre ne donne-t-il pas à entendre que toute ablution chrétienne accorde l’Esprit-Saint ? Les Ephésiens connaîtraient ce don, l’auraient reçu s’ils avaient été bien baptisés. — Mais ici, de nouveau, la même remarque s’impose. Si

ceux qui sont « baptisés au nom du Seigneur Jésus » connaissent l’Esprit par expérience sans doute, c’està-dire le reçoivent, est-ce en vertu de l’ablution, ou au cours d’un second acte qui d’ordinaire fait corps avec elle ? La pensée de Paul ne se ramènerait-elle pas à celle-ci : le disciple de Jean n’a pas obtenu l’EspritSaint, le baptisé chrétien l’a reçu, parce qu’après son baptême, ce don lui est conféré? Certains exégètes préfèrent expliquer autrement la question de saint Paul : les Éphésiens, s’ils avaient reçu le baptême chrétien, connaîtraient la Trinité au nom de laquelle il leur aurait été conféré. Toute difficulté disparait, mais cette interprétation ne semble pas la meilleure et il n’est pas nécessaire d’y recourir. Le contexte offre des arguments plus solides en faveur de la distinction des deux dons et des deux rites de l’initiation. Après avoir été instruits par Paul, les Éphésiens « furent baptisés » . C’est chose faite, complètement et bien faite : car l’ablution a eu lieu par ordre et peut-être sous les yeux de Paul. Le premier acte est terminé et, comme tel, il se suffit, il est un baptême et, sans doute, il a produit les effets attribués à tout baptême. « Mais quand Paul eut imposé les mains, l’Esprit-Saint vint sur eux. » La distinction est nettement marquée.

Un juge qui n’est pas suspect n’hésite pas à le dire. II. J. Hollzmann écrit : Dans les trois passages, Act., viii, 16 ; x, 44-48 ; xix, 6, une idée commune est exprimée : le baptême n’est pas la date initiale à laquelle tout croyant reçoit l’Esprit. Hand-Commentar zum Neuen Testament, die Apostelgesciiicltle, Tubingue et Leipzig, 1901, p. 64. « A l'époque où l’auteur des Actes écrit, on considère comme un privilège réservé à certaines personnes le pouvoir de communiquer l’Esprit par l’imposition des mains… Et ce don de l’Esprit étant tenu pour un complément du baptême, nous possédons là les points de départ pour le futur sacramentum con/irmatio)tis. » Lehrbuch der neulestamenllichen Théologie, Fribourg et Leipzig, 1897, t. i, p. 382.

4. La communication de V Esprit-Saint est souvent accompagnée de phénomènes merveilleux ; mais elle ne consiste ni toujours, ni nécessairement, ni exclusivement dans ces prodiges ou da>is le pouvoir de les accomplir. — - En recevant le Saint-Esprit, Act., viii, 15-18 ; xix, 2-6, qu’avaient obtenu les Samaritains et les Ephésiens ? Ces derniers avaient été favorisés des dons de glossolalie et de prophétie. Act., xix, 6. Les néophytes de Samarie avaient-ils été gratifiés de faveurs semblables ? Le texte ne le dit pas en termes exprès. Toutefois, il est permis de supposer que si le magicien Simon vit, c’est-à-dire sans doute constata par des signes extérieurs l’action de l’Esprit-Saint sur ses compatriotes, s’il voulut acheter le pouvoir d’imposer efficacement les mains, c’est que des phénomènes étranges, merveilleux, avaient suivi l’acte de Pierre et de Jean. Act., viii, 18, 19.

Ces renseignements sont un peu maigres : pour les compléter on a interrogé les autres textes qui décrivent les effets nombreux et divers du don messianique. Sous les formes multiples et variables que revêt l’action de l’Esprit, on a cru pouvoir saisir un clément essentiel : le don messianique se trahirait toujours, partout, nécessairement, par des phénomènes miraculeux ou par le pouvoir de les accomplir.

Incontestablement, à l'époque et dans les épisodes que nous font connaître h' troisième Évangile et les Actes, la venue de l’Esprit est d’ordinaire accompagnée de prodiges. Souvent, l’homme inspiré est averti ou instruit intérieurement, poussé par un instinct impérieux et sûr, dote d’une science extranaturelle, il annonce l’avenir, il est prophète, il peut même l'être avant de voir le jour. Lue., i, 16, 17, 11-44, 67 ; ii, 27 sq. ; vu, 26-28 ; Act., Il, 17, 18 ; viii, 29 ; x, 19 ; xi, 28, etc. Ou bien il est entendu en plusieurs idiomes à la fois, Act.,