Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.djvu/502

Cette page n’a pas encore été corrigée
981
982
CONFIRMATION DANS LA SAINTE ÉCRITURE


cordée ici et là à de nouveaux baplis.'s, et décrite en termes équivalents ou identiques. C’est le don, Act., viii, 18 ; la venue, xix, 6 ; la descente, viii, 16 ; la réception de l’Esprit-Saint, viii, 15, 17, 19 ; xix, 2. Tous les interprètes s’accordent à rapprocher les deux faits. Il faut aussi identifier la grâce accordée aux Samaritains et aux Éphésiens avec celle que reçut Corneille, car lui aussi il obtint le don, Act., x, 45 ; xi, 17 ; xv, 8, l’effusion, Act., x, 45, la réception, Act., x, 47, la descente de l’EspritSaint. Act., xi, 15. Et les récits concordent littéralement : « L’Esprit-Saint vint sur les Éphésiens et ils parlaient en langues. » Act., xix, 6. « Il était répandu sur les païens et on les entendait parler en langues. » Act., x, 45. Or, le don accordé à Corneille, Pierre prend plaisir à le répéter, c’est celui-là même qui a été fait aux douze le jour de la Pentecôte. s Le don de l’EspritSaint était aussi répandu sur les païens, » Act., x, 45 ; « ils ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous, » Act., x, 47 ; « le Saint-Esprit descendit sur eux comme sur nous au commencement. » Act., xi, 15. « Dieu leur a donné l’Esprit-Saint comme à nous et il n’a fait aucune différence entre nous et eux. » Act., xv, 8, 9.

Si les Samaritains sont traités comme les Éphésiens, les Éphésiens comme Corneille et Corneille comme Pierre, c’est qu’une promesse universelle a été faite. Le Père donnera l’Esprit à ceux qui le lui demandent, Luc, xi, 13, donc à tous, si tous demandent. Jésus promet l’assistance de cet Esprit devant les synagogues, magistrats, autorités, aux « disciples » qui l'écoutent, Luc, xii, 12, c’est-à-dire à tous ceux d’entre eux qui seront traduits en justice. C’est aux douze seuls, il est vrai, qu’il dit : « Vous serez mes témoins en Judée, Samarie et sur toute la terre, aussi recevrez-vous la puissance de l’Esprit, » Luc, xxiv, 48, 49 ; Act., i, 2, 5, 8 ; mais en fait, ce ne sont pas les apôtres seuls que les Actes nous montrent à Samarie, dans le monde grec et à Rome ; ce sont donc, il est permis de le penser, dans la personne des douze, tous les futurs témoins de Jésus qui sont désignés, Etienne et Philippe, Paul et Barnabe, aussi bien que Pierre et Jacques. D’ailleurs, les douze ont compris ; la promesse qui leur a été faite par le Seigneur, ils l’adressent à d’autres. « Les derniers jours, » les temps messianiques sont arrivés, dit Pierre, et ce qui les caractérise, c’est l’accomplissement de l’oracle de Joél, Act., il, 28-32, l’Esprit de Jahvé ne fait plus défaut, il n’est plus réservé à des privilégiés, mais répandu sur tous les membres du nouveau peuple de Dieu, hommes et femmes, jeunes et vieux, tous sont prophètes et voyants, Act., il, 17, 18 ; aussi est-ce dans le sens le plus large que cet apôtre interprète la parole de Jean et de Jésus, Luc, iii, 16 ; Act., i, 5 ; c’est à tous, selon lui, qu’il a été dit : « Vous serez baptisés dans le Saint-Esprit. » Act., xi, 16.

On sait que la promesse est tenue. Exégètes catholiques, protestants et indépendants le reconnaissent : la communauté primitive est composée de « spirituels » , d’hommes inspirés. La première chrétienté tout entière, les cent-vingt vraisemblablement, Act., I, 13-15 ; ii, 1-4 ; les fidèles venus du judaïsme, Act., il, 38, ou de Samarie, Act., viii, 17, ou de la gentilité, Act., x, ii ; xv, 8 ; les convertis de Paul, Act., xiii, 52 ; xix, 6 ; xxi, 4, aussi bien que ceux de Pierre ou de Philippe ; tous ceux qui obéissent, Act., v, 32, nous apparaissent dotés du Saint-Esprit. Ce don ne produit pas chez tous et toujours les mêmes effets, mais partout il est désigné, décrit en termes semblables et identiques.

Ce sont encore les mêmes mots qui servent à nommer la force qui éclaire et meut le Messie. Elle est « l’Esprit-Saint » , et il agit dans le Christ comme il agit dans les disciples. Il « descend sur lui » , Luc, iii, 21 ; il le « remplit et le conduit » , Luc, iv, 1 ; il assure son renom, Luc, iv, 14, il fait de lui un prophète, Luc, iv, 16-18 ; il l’envoie accomplir des miracles, ibid.,

glorifier le Père. Luc, x, 21. Autant de mots qu’emploie l’auteur des Actes pour caractériser l'œuvre de l’Esprit dans les disciples. Une affirmation de Pierre complète cette démonstration, c Élevé par la droite de Dieu, ayant reçu du Père le Saint-Esprit, Jésus l’a répandu comme vous le voyez et l’entendez. » Act., Il, 33. Un seul et même don est accordé au Christ, transmis par lui. Cette identité est encore postulée par la position que prend le Seigneur vis-à-vis des disciples. Qu’il ait voulu donner l’exemple et qu’il ait invité ses auditeurs à marcher derrière lui, à imiter ses vertus, à reproduire ses actes ; que les premiers fidèles aient eu l’intention de mener en lui une vie nouvelle, de modeler leur existence sur la sienne, c’est un fait qui se dégage de tout le Nouveau Testament et qu’admettent catholiques, protestants croyants, et la plupart des exégètes indépendants. Si donc, c’est à l’exemple de Jésus que le chrétien renaît, est baptisé, déclaré fils de Dieu, qu’il croit, obéit et adresse sa prière au Père, qu’il observe la loi, vit, meurt, est enseveli, ressuscite, entre dans la gloire, il est naturel qu’il reçoive aussi l’Esprit du Seigneur.

Et il semble que ce don est contagieux, qu’on ne peut approcher de la zene messianique, l’entrevoir, sans être envahi par l’Esprit-Saint. Les « derniers jours » commencent à la Pentecôte, le royaume est inauguré par Jésus. Mais auparavant, Marie, Zacharie, Elisabeth, Jean, Siméon reçoivent le même don. Chacun d’eux a un rôle distinct, mais parce que les fonctions diverses de l’un et de l’autre sont des variantes d’une seule et même lâche, celle de témoin du Messie, de chacun d’eux il est dit comme il le sera de Jésus, des douze, de Paul, des Samaritains et des Éphésiens : l’Esprit-Saint fut en eux, les remplit, ils le reçurent. Luc, i, 15, 35, 41, 67 ; II, 25-27.

Et il fit de ceux qui le reçurent des prophètes. Ibid., et iii, 3 sq. ; vii, 26-28 ; Act., ii, 17 ; xix, 6. Ainsi les témoins des temps nouveaux sont reliés aux hommes inspirés de l’Ancien Testament. Jean marchera dans la puissance et l’esprit d'Élie, Luc, i, 17 ; il est le plus grand des prophètes, vii, 26-28. L’Esprit de Jahvé et l’Esprit-Saint sont assimilés : c’est un seul et même principe de prophétie et de vision. Act., il, 17, 18. Jadis il parlait par Isaïe, Act., xxviii, 25 ; maintenant encore il annonce l’avenir par Agabus. Act., xi, 28. Nous sommes donc en droit d’expliquer le don fait aux Samaritains et aux Éphésiens par celui qui est accordé aux premiers chrétiens, aux apôtres, à Jésus, à ses précurseurs et aux prophètes.

3. Le don de l’Esprit-Saint est une grâce distincte de celle qu’accorde l’ablution baptismale. Toutefois les deux faveurs s’appellent logiquement et d’ordinaire elles se suivent chronologiquement. L’initiation n’est complète, on n’est parfait chrétien, qu’après avoir reçu le don de l’Esprit par l’imposition des mains ou par une interventiondireelede Dieu. — Puisque ces propositions sont contestées, il faut les démontrer. Expriment-elles bien la pensée du troisième Évangile et des Actes ? Est-ce que, dans ces deux livres, le baptême de Jésus n’apparaît pas, par opposition à celui de Jean, simple exercice pénitentiel, comme une ablution à double effet : rémission des péchés et communication de l’Esprit ? Est-ce que ce dernier don n’est même pas celui qui caractérise le rite chrétien, puisque déjà Jean confère un baptême de repentance ? Et si cette hypothèse est admise, ne comprend-on pas mieux pourquoi Pierre, Jean et Paul imposent les mains ? C’est que l’ablation antérieure n’a pas eu pleine efficacité. Elle n’a été qu’une première partie. Les apôtres essaient, avec succès d’ailleurs, de remédier à son insuffisance. Des deux hypothèses que nous venons de mettre en présence, laquelle est la vraie ? Pour le savoir, consultons les textes où baptême et don du Saint-Esprit sont rapprochés.