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CONFIRMATION DANS LA SAINTE ÉCRITURE


Père donnerait le Saint-Esprit à ceux qui le lui demanderaient. Luc, XI, 13. La prophétie de Joël allait s’accomplir ; or, elle annonçait que Dieu répandrait de son Esprit sur toute chair, sur les fils et les filles, les jeunes gens et les vieillards, sur ses serviteurs et ses servantes. Act., il, 17, 18. Pierre nous le dit et il applique à tous la parole : « Jean a haptisé d’eau, vous serez haptisés du Saint-Esprit. » Act., xi, 16. Il invite les Juifs à se faire haptiser au nom de Jésus-Christ pour la rémission des péchés et à recevoir le don du Saint-Esprit. Act., Il, 38. Et nous constatons que la promesse est tenue : l’Esprit est donné, comme il l’a été aux apôtres et pour le même motif : afin que les fidèles rendent témoignage. Ou bien il est communiqué par une action miraculeuse et extraordinaire de Dieu ; ou bien il l’est par l’imposition des mains.

La communauté prie quand vient d’éclater la première persécution ; le lieu où les disciples sont réunis tremble, ils sont tous remplis du Saint-Esprit et annoncent la parole de Dieu avec assurance. Act., iv, 31. Les sept diacres sont des hommes remplis du Saint-Esprit, Act., x, 3, 5 ; on ne nous dit pas quand ils l’ont reçu, mais on nous signale les effets de cette présence. Etienne, l’un d’eux, fait des prodiges et des miracles, parle par l’Esprit, et ainsi rend témoignage à Jésus, confond triomphalement les Juifs, Act., vi, 8-10, voit dans le ciel la gloire de Dieu. Act., vii, 55.

Le diacre Philippe opère des miracles, prêche le Christ, Act., viii, 5-7, 13, est guidé, enlevé par l’Esprit pour l’œuvre d’évangélisalion. Act., viii, 29, 39, 40. A Samarie, il groupe autour de lui des foules, tout entières attentives à ce qu’il disait après avoir vu ses miracles. Hommes et femmes se font baptiser. Le magicien Simon, lui-même, suit le mouvement. A la nouvelle de ces faits, les apôtres demeurés à Jérusalem envoient Pierre et Jean. Ceux-ci arrivent, prient pour les Samaritains afin qu’ils reçoivent l’Esprit-Saint. Car il n’était encore descendu sur aucun d’eux, ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Pierre et Jean leur imposent les mains et les Samaritains reçoivent l’Esprit-Saint. Simon constate que ce don est accordé par l’imposition des mains ; il offre, mais en vain, de l’argent aux apôtres pour obtenir le pouvoir de communiquer le Saint-Esprit par le même procédé. Act., vin, 4-25.

C’est ensuite le tour de Paul. Mais son cas n’est pas ordinaire. lia été converti et aveuglé miraculeusement : un disciple de Damas, Ananie, lui est député par le Seigneur ; il lui impose les mains, en déclarant qu’il est envoyé pour lui rendre la vue et le remplir du Saint-Esprit. Paul voit, se lève, est baptisé, lavé de ses péchés. Act., ix, 10, 17, 18 ; XXH, 13-16. Aussitôt il prêche Jésus fils de Dieu, Act., ix, 20, et l’action de l’Esprit sera sensible dans toute sa vie ; il reste rempli, il est retenu, guidé, averti par l’Esprit. Act., xiii, 9 ; xvi, 6, 7.

C’est encore un cas extraordinaire que celui de Corneille et de sa maison. Il était pieux et craignait Dieu, lui et les siens, Act., x, 1-48 ; Pierre les entretient de Jésus ; pendant qu’il parle, le Saint-Esprit descend sur eux o comme » , au jour de la Pentecôte, « il était venu » sur les douze et les premiers disciples ; « les païens reçoivent le même don. » Us parlent en langues et glorifient Dieu. Pierre ordonne alors qu’ils soient baptisés au nom du Seigneur. Act., x, 44, 48 ; xi, 15-17. Plus tard, il se plait à rappeler ce fait, peut-être même le généralise-t-il : « Aux païens qui, par ma bouche, ont entendu l’Évangile, Dieu a rendu témoignage en leur donnant l’Esprit-Saint comme à nous, et il n’a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leur cœur par la foi. » Act., xv, 7-9.

Le récit des Actes signale ensuite deux personnages remplis de l’Esprit, mais sans dire quand ni comment ils l’ont reçu. C’est d’abord Darnabé. Même avant d’être,

par l’imposition des mains, investi de sa charge de missionnaire, Act., xiii, 2, il est déjà présenté comme un homme bon, rempli de l’Esprit-Saint et de foi : aussi se réjouit-il de la conversion des Grecs d’Antioche, les exhorle-t-il à la persévérance et enseigne-til avec succès l’Évangile. Act., xi, 24, 26. Un autre chrétien, le prophète Agabus, annonce par l’Esprit une famine prochaine, Act., xi, 28, et ose dire : « Voici ce que déclare l’Esprit-Saint. » Act., xxi, 11.

Les néophytes convertis par Paul ne sont pas moins bien traités. Quand l’apôtre et Barnabe sortent d’Antioche de Pisidie, ils laissent les disciples de cette ville remplis de joie et de l’Esprit-Saint. Act., xiii, 52. El Paul confère ce don de la même manière que Pierre et Jean, par l’imposition des mains. Arrivé à Éphèse, il y rencontre quelques disciples. Il les interroge : « Avez-vous reçu l’Esprit-Saint, une fois que vous avez cru ? » Ils répondent : « Nous n’avons même pas entendu dire « qu’il y ait un Saint-Esprit. — De quel baptême avez-vous donc été baptisés ? leur demande Paul. — Du « baptême de Jean. » Alors l’apôtre les instruit : « Jean a « baptisé du baptême de pénitence, disant au peuple de « croire en Jésus. » Sur ces paroles ils sont baptisés au nom du Seigneur Jésus. Et quand Paul leur a imposé les mains, l’Esprit-Saint vient sur eux, ils parlent en langues et prophétisent. » Act., xix, 1-6.

De ces textes, il reste à dégager les conclusions. Il faut d’abord se demander si, à Samarie et à Éphèse, les apôtres interviennent pour communiquer le Saint-Esprit ; puis, dans l’affirmative, rechercher quel est ce don : après avoir constaté qu’il ressemble à la grâce du même nom communiquée aux autres chrétiens, aux apôtres, à Jésus et à ses précurseurs, nous déterminerons en quoi elle consiste : est-elle distincte des effets du baptême, et dans ce cas, se confond-elle avec les charismes ? Si elle diffère des dons miraculeux, qu’est-ce qui la caractérise ? Connaissant le fruit spécial de l’Esprit-Saint, nous noterons comment, par qui et à qui il est donné. Cette enquête terminée, il sera facile de comparer confirmation et imposition des mains.

1. Pierre et Jean à Samarie, Paul à Ephèse interviennent pour donner le Saint-Esprit. — Les textes sont formels. Lorsque les Samaritains ont entendu Philippe, vu ses miracles, lorsque les démons ont été chassés et que la ville est en joie, quand hommes et femmes ont accueilli la parole du Seigneur, ont cru, se sont fait baptiser au nom du Christ Jésus, « l’Esprit-Saint n’est encore descendu sur aucun d’eux. » Act., vin, 5, 6, 8, 12, 14, 16. Mais après que Pierre et Jean ont prié pour que les néophytes le reçoivent, après qu’ils ont imposé les mains, l’Esprit-Saint est communiqué. Simon constate que ce don a été fait par l’acte des apôtres. Il demande le pouvoir d’accorder l’Esprit-Saint par l’imposition des mains. Et Pierre ne lui dit pas que cette communication n’a pas eu lieu, il n’affirme pas qu’elle est indépendante de l’acte extérieur, il répond seulement que le pouvoir sollicité ne s’achète pas. Act., vin, 15, 17, 20.

L’histoire des douze Épbésiens n’est pas moins suggestive. Ils ont reçu le baptême de Jean ; bien plus, ils sont « disciples » , « croyants, » membres de la communauté en quelque façon et pourtant, ils n’ont pas obtenu l’Esprit-Saint. Ils reçoivent de Paul un complément d’instruction, ils sont baptisés par son ordre au nom du Seigneur Jésus et l’Esprit-Saint ne descend pasencore. Mais il vient quand l’apôtre leur impose les mains. Act., xix, 2-6.

Donc, à n’en pas douter, d’après l’auteur des Actes, Pierre et Jean, puis Paul ont donné l’Esprit-Saint : chaque phrase des deux récits l’atteste. Il pourtant, des le xvie siècle, beaucoup de luthériens ou de réformés l’onl nié et ont voulu assigner un autre but à la démarche des apôtres. Certains ont dit que Pierre,