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CLÉMENT V — CLÉMENT VI

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les papes du moyen âge, une partie aussi aux successeurs de Clément V qui n’avaient pas pour s’installer en demeure sur le Rhône les mêmes raisons que lui, ou, si l’on préfère, les mêmes excuses. La même faiblesse lui rendit Clément V trop docile aux desseins de Philippe le Bel le rendit aussi accessible aux tentations du népotisme. Quatre de ses proches entrèrent dans le sacré collège, et deux reçurent l’épiscopat. Clément V eut tour successeur le pape Jean XXII.

La mort consécutive de Clément V (20 avril) et de Philippe le Bel (29 novembre), dans la même année, frappa vivement l’imagination populaire et donna lieu à la légende de Jacques Molay assignant du haut de son bûcher le pape et le roi pour une date prochaine au tribunal de Dieu. La légende est jolie, mais c’est une légende.

Regesta Clementis V, édit. des bénédictins, 9 in-fol. et appendice, 1885-1892 ; Baluze, Vitse paparum avenionensium, Paris, 1693, 1. 1 ; Muratori, Scriptores rerum Italicarurn, t. iii, p. 673 ; . m b, p. 441 ; t. m c, p. 147 (Villani, Histoire florentine, 1. VIII, X, Florence, 1823) ; Raynaldi, Ânnates ecclesiastici, Turin, 1866, . xxiii, p. 364 ; Hefele, Conziliengescliichte, édit. Knopfler, vi, p. 391 ; Ehrle, Archiv fur Litteratur und Kirchengeschichte des Mittelallers, 1886, p. 353 ; 1887, p. 1 ; 1889, p. 1 sq. ; Christophe, Histoire de la papauté pendant le xiv siècle, Paris, 1853, t. i ; Rabanis, Clément V et Philippe le Bel, Paris, 1858 ; Boutaric, La France sous Philippe le Bel, Paris, 1861 ; Souchon, Die Papstwahlen von Bonifaz VIII bis Urban VI, Brunswick, 1888 ; Leclére, L’élection du pape Clément V, dans les Annales de Ut faculté de philosophie et des lettres de Bruxelles, 1890, t. l, fasc. 1 ; Kœnig, Die pæpstliche Kammer unter Clemens V und Johann XXII, 1894 ; Lindner, Deutsche Geschichte unter il >.n Habsburgern, 1890, t. I, p. 167 ; Poehlmann, Der Boemerzug Kaiser Heinrichs VII, 1875 ; Wenck, Clemens V und Heinrich VU, 1882 ; Renan, Études sur la politique de Philippe le Bel, Paris, 1899 ; Lacoste, Nouvelles études sur Clément V, 1896 ! Berchon, Histoire du pape Clément V, Bordeaux, 1898 ; W. Otte, Der historische Wert der alten Biographie des Papstes Clemens V, Brestau, 1902 ; voir les ouvrages généraux mentionnés a l’article Boniface VIII sur le différend du saint-siège et de la France.

Sur la fin des templiers, voir les textes publiés par J. Michelet, Procès des templiers, dans la Collection de documents inédits sur l’histoire de France, 1841-1851, et par K. Schottmùller, Der Untergang des Templerordens, 1887 ; travaux spéciaux : Gmelin, Schuld oder Unschuld des Templer Ordens, 1893 ; H. C. Lea, Histoire de l’inquisition au moyen âge, trad. par Salomon Reinach, Paris, 1902, t. iii, p. 284-404 ; Langlois, Le procès des templiers, dans la Revuedes Deux Mondes, t. cm (1891), p. 382 ; Delaville Le Roulx, La suppressio)i des templiers, dans la Revue <estïv » s historiques, t. xlviii (1890), p. 29 ; Lavocat, Le s des frères de l’ordre du Temple, Paris, 1888 ; Prutz, Krilische Bemerkungen zum Prozess des Templerordens, dans Deutsche Zeitschrift fur Geschiclitswissetischa/t, 1894, p. 242 ; renseignements bibliographiques dans la Revue liistorique, mai 1889, et dans Archivio storico ilaliano, 1895, p. 225.

H. Hemmer.


6. CLÉMENT VI, pape, successeur de Benoit XII, élu le 7 mai 1342, décédé le 6 décembre 1352.

Le cardinal Pierre Roger, que le conclave choisit iours après la morl il.’Benoit, appartenait à l’ordre aédictins. Ancien garde des sceaux du roi de 1 rance, puis archevêque de Rouen, il était tout dévoué à Philippe de Valois dont les intérêts formèrent le pivot i politique. L’année même de son élévation, il prit ronlre les villes de Flandre révoltées contre le roi de France leur suzerain, puis, intervenant non connue pape, pour « donner sentence » , mais, suivant les termes imposés par le roi Edouard d’Angleterre, « comme per-Bonne privée, ; i titre d’ami commun des deux souverains, il lit consentir aux deux rois pour trois ans la’b' Malestroit (19 janvier 1343). Plus tard, il prévenir la rupture de la trêve et au lendemain de la défaite de Crccy (29 août 1346) il B’entremii de ] forces en faveur de la France.

Di - succès plus apparents couronnèrent sa politique en Allemagne oii il poursuivit à outrance la guerre

entreprise par ses prédécesseurs contre Louis de Bavière. Repoussant toutes les ouvertures du prince que l’âge, les déceptions d’une lutte qui durait depuis vingt ans inclinaient à la conciliation, il exigea une soumission sans réserve ; par des négociations habilement menées avec certains électeurs, il lui suscita un rival à l’empire en la personne de Charles de Luxembourg (20 juillet 1346). La mort inopinée de Louis de Bavière, qui arriva le Il octobre 1317, celle de Gunthcr de Schwarzbourg, que les adversaires de Charles avaient porté à l’empire et qui mourut au mois de mai 1319, iiàtèrent le succès de « l’empereur des prêlres » . Mais Charles IV lui-même s’était rendu compte de la nécessité de soustraire l’élection impériale au contrôle et à la ratification du pape, considérés désormais comme une intervention étrangère. Le divorce de l’empire et de la papauté devenait d’autant plus raisonnable, que l’Italie se constituait de plus en plus en un agrégat de républiques et de petites souverainetés où l’empereur n’avait plus d’autorité réelle. Mais la Bulle d’or de Charles IV ne fut publiée qu’en 1356, sous le pontiiicat d’Innocent VI.

Des négociations eurent lieu entre le saint-siège et les Grecs et Arméniens d’Orient (1. Il et 1351) ; l’union avec l’Église romaine servait d’entrée en matière pour obtenir des secours contre les Turcs ; mais rien de définitif ne fut conclu, ni aucune croisade entreprise.

Clément VI ne fit aucune tentative pour reporter le siège pontifical à Rome. Il en avait été pourtant prié au commencement de son règne par une ambassade des Romains où figurait Pétrarque. Tout en protestant de ses bonnes intentions pour l’avenir, le pape s’excusa sur l’inopportunité présente et accorda seulement aux Romains de fixer à l’année 1350 le retour du jubilé qui ne devait primitivement se célébrer que tous les siècles. L’Italie abandonnée par le saint-siège voyait se lever des podestats, tyrans au petit pied, qui sur le terrain mouvant des cités populaires essayaient de fonder leur pouvoir. Milan avait ses Visconti, Rome n’aurait-elle pas les siens ? On put le croire en voyant l’obscur Nicolas Rienzi accomplir l’œuvre de restauration qu’il avait vainement prié Clément VI de venir entreprendre. Devenu maître du gouvernement de Rome sous le titre de tribun en 1317, il réorganisa l’administration et la police de la ville, leva une milice, lit régner le bon ordre et la justice au point de mériter de Clément VI un bref d’encouragement. Il conçut l’idée d’un congrès des villes italiennes où seraient jetées les bases d’une confédération. Malheureusement une si haute fortune tourna la tête à l’aventurier qui se mit à trancher du maitre, du « tribun auguste » , de « l’ami de l’univers » , s’attaquant au pouvoir temporel du pape, citant les empereurs rivaux à son tribunal, battant monnaie à son efligie, rêvant de devenir le chef d’un véritable empire italien. Clément VI mit fin à ces folies en le frappant des censures et en poussant les nobles à se révolter. Bienzi dut s’enfuir après huit mois de pouvoir, abandonné" par le peuple (lin de l’année 1357).

L’aventure si tut dénouée était un indice du péril que l’absence des papes faisait courir à la souveraineté temporelle du saint-siège. De fait, après 1350, Clément fut impuissant à relever le parti guelfe en Italie et a récupérer la ville de Bologne qu’il dut céder pour douze ans à l’archevêque de Milan qui la lui disputait (1352). C’est pourtant après la chute de Bienzi que le pape Clément VI sembla consolider son siège à Avignon en acquérant la seigneurie de la ville. La reine Jeanne de Naples, qui était aussi souveraine de la Provence et à ce titre d’Avignon, était accusée par la rumeur publique d’avoir trempé’dans l’assassinai de son mari André de Hongrie, Mise en fuite par son beau-frère Louis, roi de Hongrie, elle comparut devant le pape qui l’entendit en consistoire et la déclara innocente. La